EWS de Valloire 2014 – Le compte-rendu de Théo Galy

Week-end mitigé

Texte : Théo Galy # Photos : Quentin Chevat

Ce week-end se déroulait la troisième manche de la coupe du monde d’enduro dans les Alpes Françaises à Valloire. Étape déjà mythique du circuit Français, Valloire accueillait pour la première fois une Enduro World Series.

Avec souvent de bons résultats sur les pentes de cette station j’arrive à Valloire le jeudi soir plein d’ambition. Tout juste le temps d’installer le stand dans le paddock, la nuit tombe. Le lendemain les recos à pied sont ouvertes, les spéciales étant très longues et aucune remontée mécanique autorisée je décide de faire soft. Seulement deux petites heures de rando pour aller voir le profil des runs et tâter le terrain. Une fois le vélo marqué je suis fin prêt pour attaquer ce week-end qui s’annonce dur. Au programme de ces deux jours de course: 4 spéciales différentes (2 le samedi, 2 le dimanche). A la sauce française le format est un peu particulier. Spéciale 1 à faire deux fois (1 run reco puis un run chrono), spéciale 2 à faire trois fois (1 run reco puis 2 run chrono). Même déroulement le dimanche sur les spéciales 3 et 4. En résumé ça nous fait donc au total 10 descentes dont 6 chronométrées.

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Samedi matin début des hostilités, le premier run de reco est le bien venu. Durant cette descente il faut ouvrir grand les yeux et enregistrer un maximum d’informations sur le tracé, j’en profite aussi pour faire monter les tours et chauffer la machine. Cette première spéciale est technique sur la partie haute puis le rythme s’accélère sur une magnifique trace en crête. Quelques virolos bien sympa entre les sapins avant d’emprunter une longue piste à 4×4 plate, bien trop longue à mon goût. Les derniers pifs pafs dans l’herbe fraîchement coupée sont difficiles à négocier, s’en suit une dernière portion sur piste avant la ligne d’arrivée. 10h, c’est le run de chrono, finie la détente. Je pars vite, mes réflexes sont encore engourdis et je me fais quelques frayeurs. En bas de la partie rapide je rattrape le concurrent de devant Greg (Callaghan), durant la longue portion sur piste je suis à la lutte pour tenir sa roue. Nous ferons toute la fin du run ensemble, je finirais par le doubler seulement dans les derniers virages. En bas je décroche le 16ème temps ! Les sensations ne sont pas aux tops pour ce premier chrono du week-end mais je ne suis pas à la ramasse. Puis les trois runs de l’après midi s’enchaînent rapidement.

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Après la descente de reco je suis sur le start du deuxième chrono du jour, dès le départ la pression est grande. Quelques mètres après le départ un gros névé barre la piste et sous les regards moqueurs des participants il n’est pas question de s’en coller une bonne. Je m’élance sur la retenue, j’assure le passage dans la neige puis je mets les watts. Ce run très piégeux est éprouvant autant pour le vélo que pour le pilote, la concentration est mise à rude épreuve mais je me régale. Je rattrape à nouveau Greg. Très fair-play, il me laisse passer sans encombre. Le sentier est défoncé, ça frappe fort dans les bras et ça devient compliqué de tenir le guidon mais qu’importe, il faut lâcher les freins ! Jute avant de franchir la ligne d’arrivée il y a une grosse portion physique sur laquelle je donne tout pour arracher un superbe chrono. Je sors le 4ème meilleur temps, premier top 5 sur une spéciale pour moi. Je suis ravi ! Mais pas le temps de savourer, il faut faire le même run en mieux.

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Lors du deuxième je sens que la vitesse est de-nouveau là, le plaisir aussi. Malgré la difficulté de la spéciale j’arrive à m’amuser et j’ai l’impression de sur-voler la piste. Mais je joue de malchance sur la fin du run, une pierre vient taper mon plateau et arrache 4 dents. La chaîne ne tient en place et je ne peux plus relancer. J’essaye de conserver un maximum de vitesse mais je suis obligé de courir comme un dératé sur la longue portion physique. Et croyez moi un sprint après 16 minutes de chrono c’est pas facile : le vélo me servait quasi de déambulateur. Je fais le 27ème temps scratch, déçu forcément.

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Dur de finir la journée sur cette mauvaise note mais satisfait d’avoir prouvé que je pouvais avoir la vitesse des meilleurs. Je pointe à la 11ème place scratch au total des 3 chronos du jour, super content au vu des circonstances. Place maintenant à la récupération pour être en forme le lendemain.

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Dimanche matin embarquement à 7h45 pour le premier run de reconnaissance. Cette spéciale tracée sur la partie haute dans les alpages puis en forêt sur la partie basse n’a jamais été roulée. Sans véritable trace ni appui ce run très descendant est technique avec de la pente par endroit. Bien évidement avec peu de physique j’affectionne cette spéciale 3 et je suis motivé. Lors du chrono j’attaque dès les premiers mètres, je suis posé sur le vélo et je me sens bien. La vitesse est là, j’ai la banane. Mais une chute bête et méchante viens me rappeler à l’ordre : j’accroche ma pédale dans un arbre et je passe par l’avant. Et un soleil ! Je repars sans m’affoler et je reprends confiance mais je me fais une belle frayeur puis je pars de nouveau à la faute de la même manière. Parce qu’un soleil c’est pas assez, deux c’est mieux ! Je grogne dans mon casque seul dans la forêt. Après deux chutes je suis un peu perdu, je termine la spéciale tranquillement. A l’arrivée le chrono parle je suis 24ème. Dommage, sans les deux chutes un beau chrono était à ma portée. Tant pis il reste encore deux runs chrono à disputer.

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Des 4 spéciales prévues au programme, la dernière du week-end comporte le plus de dénivelé positif. Cet ultime et dernier tracé sera donc très physique. Début d’après midi, les reconnaissances de la SP4 commencent. Une grande partie du run se fait dans les alpages. Savant mélange entre grandes courbes rapides, passages lents et techniques mais aussi de belles relances. En revanche la dernière portion de la spéciale promet de nous en faire baver : de grosses relances à plat entrecoupées de pétards bien raides, ça s’annonce costaud !! Sur la manche chrono je pars à bas régime, je roule propre et j’assure mes passages. Je ne veux pas trop m’entamer physiquement pour être sur d’avoir les watts sur la parties basses. Mauvais calcul, je me fais rattraper et même doubler par Joe (Barnes) qui partait 20s derrière moi. Résultat des courses le chrono est catastrophique je me classe 31ème. A trop vouloir gérer, je me suis traîné.

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Je remonte au départ du dernier chrono, avec l’envie de faire bien mieux, cette fois je lâche tout. Je pars à fond, je mets des coups de pédales partout où j’en ai l’occasion, et j’attaque dans les passages descendants. Sur le physique je me fais violence et j’appuie sur les pédales tant que je peux, les derniers virages sont chauds à passer vu mon état. Mais ça valait le coup de se battre puisque j’obtiens le 13ème temps scratch. Même si j’espérais mieux c’est déjà bien meilleur que sur le premier run.

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Au final de ce week-end mitigé, je suis partagé : satisfait sur quelques runs mais déçu d’avoir été aussi irrégulier tout au long des deux jours. Ce top 10 qui m’échappe une nouvelle fois à cause d’un problème mécanique et d’une mauvaise gestion de course, à croire que je suis maudit. Je me suis tout de même régalé à Valloire ; la station n’a pas dérogé à sa réputation et nous a enfin proposé un véritable tracé de coupe du monde enduro. Prochaine étape des EWS en Italie à la Thuile dans trois semaines.

Théo