Sur le papier, les contrats des top-pilotes s’étendent du 1er janvier au 31 décembre. Nous sommes le premier de l’an, les premières infos mercato ne tardent donc pas à tomber. Et quelle info pour commencer !
Yoann Barelli. L’homme vêtu de bleu depuis ses débuts en Enduro et l’avènement des EWS. Désormais sous couleurs andorranes pour les deux saisons à venir. Propulsé pilote phare du Commençal Vallnord Enduro Team.
Effet de surprise pour certains. Secret bien gardé pour d’autres. Voilà une annonce qui ne laisse en tout cas pas de marbre. L’occasion pour Endurotribe de se pencher sur ce qui motive et séduit un pilote au moment d’effectuer un choix de carrière important.
Propos et informations exclusives recueillis auprès du désormais tandem Barelli x Commençal…
Temps de lecture estimé : 8 minutes / Photos : Commençal
Un secret bien gardé
On ne va pas se mentir. L’idée de voir Yoann Barelli entreprendre de nouveaux projets ne date pas d’hier… Elle germait déjà l’an dernier à la même époque.
À l’occasion de l’enregistrement de son excellent Instantané Endurotribe, Yoann nous confiait avoir « des projets que je suis en train de mettre en place » et nous donnait rendez-vous dans moins d’un an, pour en reparler. Promesse tenue !
En même temps, un post Instagram d’un autre monsieur du milieu pouvait donner des idées. D’autant plus lorsqu’il déclarait par ailleurs apprécier Squamish et la Sea To Sky Valley – camps de base de Yoann – y implantait les bureaux de Commençal Canada et entamait une collaboration avec Katrina Strand, – future madame Barelli…
Des signes évidents de rapprochement, autour d’idées et d’intérêts communs. Encore fallait-il que les choses se précisent. C’est désormais chose faite. Alors, on saute sur l’occasion d’en savoir plus 😉
Un sacré numéro
À commencer par saisir le sentiment de celui que l’on a presque toujours vu sur un Giant. En 2004, Yoann Barelli était titré Champion de France de Descente sur un Glory. Depuis, ses plus gros faits d’armes EWS sont à mettre sur le compte du tandem qu’il formait avec son Reign.
À n’en pas douter, une page qui se tourne. Comme le dit Yoann « c’est avec le Giant Off Road Factory Team que j’ai signé mon premier contrat pro. Un événement marquant, tout autant que la manière avec laquelle ils m’ont toujours traité : gentils, jamais manqué de rien, comme dans un cocon.«
« Voir si finalement, il n’y avait pas meilleure situation ailleurs… »
Une situation confortable, mais à double tranchant : idéale pour performer comme pour se contenter d’une certaine routine. Être « bien chez une marque, mais un numéro parmi d’autres pilotes. À graviter autour du rôle de leader sans en avoir le statut » observe-t-il.
À hésiter et se désorienter de la tâche principale : celle de piloter. « Une situation qui m’a poussé à me mettre en retrait et voir si finalement, il n’y avait pas meilleure situation à trouver ailleurs. » Une attitude qu’il définit lui-même comme « une histoire d’ego, un peu c** » mais qui prend son sens lorsque l’on sait comment Yoann fonctionne…
Une histoire d’hommes…
Ceux qui ont dévoré son Instantané le savent : Yoann marche à l’affect. Il fait partie de ces tempéraments qui ont besoin de confiance pour performer.
Comme beaucoup d’autres, Yoann a commencé sur des vélos produits par Max Commençal. Et depuis près de vingt ans, l’homme fait partie des personnages phares que Yoann observe avec une certaine admiration.
« Ça faisait un moment que l’on se chauffait… »
Au point que cette dernière année, Yoann se dise que « ce serait beau de travailler ensemble. » Et entreprenne de suivre attentivement les faits et gestes de la marque, au point d’en apprécier « les prises de risques et de positions à propos des produits. L’image d’une marque dynamique et populaire. »
Alors forcément, lorsqu’en même temps, Max Commençal porte une attention particulière à Yoann au point que ça fasse « un moment que l’on se chauffe, et que l’on tente de trouver des accords, » la confiance et l’envie s’installent dans les esprits.
L’homme fort de la marque andorrane a traité avec de nombreux champions et sait quelles valeurs, quelles attentions et quelles dispositions prendre avec chacun.
« je regarde la discipline évoluer. J’alterne le chaud et le froid, mais je dois avouer que les cotés positifs l’emportent ! […]Même s’il faut avoir une condition physique de crosseur, c’est tout de même le talent de descendeur qui fait la différence. […] Yoann, c’est la joie de vivre, le bonheur à l’état pur, sur un vélo comme en dehors, c’est le monde à lui tout seul, c’est toutes les disciplines à la fois, et c’est en plus un personnage unique, apprécié, adoré […] Il véhicule ce mix de sérieux et de dérision qui nous caractérise […] Nous nous connaissons depuis longtemps, et pour être honnête, je n’aurais jamais cru avoir un jour l’opportunité de le compter parmi nous. Alors vous imaginez quand cette occasion s’est présentée..!«
Max Commençal
D’équipe…
Avec l’assurance que Max Commençal le soutienne dans ses projets, Yoann Barelli ne peut qu’avancer confiant. Notamment parce qu’autour de lui, certaines pièces du puzzle s’imbriquent particulièrement bien.
Au départ, il envisageait de monter sa propre structure… Jusqu’à ce qu’il réalise que « tout seul, c’est un boulot énorme qui peut m’occuper plus que mon rôle premier : m’entraîner, courir et faire des résultats ! »
Un constat auquel Cédric Ravanel, « qui fait un boulot monstrueux » dixit Yoann, répond favorablement : « on osait pas t’en parler parce que notre structure est plus petite que celle que tu quittes, mais nous, on est à fond ! » Lui confiait le manager du Commençal Vallnord Enduro Team lors de leurs premiers échanges.
« Yoyo, il a toujours eu cette énergie et cette joie de vivre. Je pense qu’on ne va pas s’ennuyer cette année. «
Cécile Ravanel
« Il a toujours véhiculé sa bonne humeur et son enthousiasme de la discipline au fil de sa progression ! [Quelque chose] qui pour moi est indispensable pour faire du haut niveau : rester soi même, être humble et travailler dur sont les éléments qui font que ce bougre peut venir perturber le top 3 EWS cette saison 2017. »
Cédric Ravanel
Voilà donc Yoann Barelli propulsé pilote phare de la marque, aux côté de Kevin Miguel et des Ravanel. L’occasion pour lui de préciser « qu’ils partagent une structure plus légère à vivre, permettant toujours de me consacrer principalement aux Enduro World Series. » Lui qui sait « que je peux être devant et b***** de m*****, j’ai envie d’être sur le podium. » Ne pas finir une carrière avec des regrets, en se disant « P***** Yoann, t’aurais dû tout donner ! »
… Et d’entourage !
Un changement de situation que Yoann Barelli saisit donc comme une opportunité. Non pas de sauter dans l’inconnu, mais d’apporter des évolutions à sa propre préparation. Nicolas Filippi, son frère, est « toujours là, me suit, me conseille » mais le besoin de quelqu’un au quotidien, pour pousser et motiver, se fait sentir.
« Katrina (sa fiancée, ndlr), qui me faisait déjà mon programme de musculation, est là, a fait des études pour ça, est qualifiée. Elle entraine Finn Iles et plein de jeunes prometteurs. Donc elle me pousse et ça me fait du bien.«
« Pour moi, qui suis dans l’affect, l’environnement joue un rôle […] Ça va me faire un bien fou »
Un suivi constant qui se traduit aussi par la collaboration avec un préparateur mental. Quand le haut niveau fait sa loi, « on a besoin de soutien et de travailler pour faire la différence sur des détails. Physiquement et techniquement, on est tous proches, c’est dans la tête qu’elle peut se faire !«
L’an passé dans l’Instantané, Yoann parlait de cette fameuse zone dans laquelle se situer pour se focaliser sur sa tâche, plus que sur ses objectifs ou résultats. « Pour moi, qui suis dans l’affect, l’environnement joue un rôle. Et si ça ne va pas, je sors de cette zone, la pression et les résultats me rattrapent et prennent le dessus. »
Une nouvelle situation conçue pour pallier à ça, et un préparateur mental « avec qui bosser toute l’année, ça va me faire un bien fou. » Une manière de faire le lien entre « la préparation hivernale où tu as le temps de t’appliquer, et les courses qui s’enchaînent, parfois au point d’en oublier l’essentiel. Ça fait deux ans que ma saison n’est pas complète. Il doit y avoir moyen de faire une saison pleine ! ».
Souhaitons lui !
Voilà donc Yoann Barelli lancé sur, souhaitons lui, de bons rails. Du moins, des rails qui doivent lui permettre de s’exprimer et partager toujours plus de ses projets à travers un calendrier et une communication biens huilés.
Ce devrait être le cas puisqu’en plus de Commençal, Yoann Barelli s’associe à Dakine. La marque « des freerider, pour qui je suis le racer en Enduro, mais pas n’importe lequel. » Celui que l’on verra aussi, en plus des Enduro World Series, dans les rues de Taxco ou de Valparaiso, sur certaines aventures itinérantes comme l’Andes Pacifico, sur la Redbull Hardline…
Ou encore « sur la rampage, si les qualifications reviennent. Je l’ai vu de mes propres yeux. C’est dingo ! J’aurais d’abord ma place à ce stade avant d’imaginer prendre part aux finales : descendre à cet endroit là, c’est une chose. Je dois en être capable. Faire ce qu’il font dessus, 360 et backflips… C’est un autre monde. Vraiment ! »
En attendant…
D’ici là, Yoann Barelli prend ses marques sur une monture qu’il découvre. « Je m’attendais à un vélo facile à piloter. Je ne suis pas déçu. » Lui qui a les géométries sous les yeux depuis un moment, « au point de tout mesurer et comparer, même des trucs qui n’existent pas (rires) » s’attelle à le prendre en main.
Sans tomber dans un discours commercial, une remarque dans ses propos nous saute aux yeux tant elle s’accorde avec nos propres ressentis : « Un vélo avec lequel tu ne mets pas longtemps à être confiant et rouler vite. » Au point qu’il ait mis de coté l’idée « de faire des essais et des comparatifs » avec son ancienne monture pour se consacrer directement à l’essentiel « rouler avec le Meta et pousser autant qu’il s’y prête » tout simplement.
À voir les images de ses premiers roulages, c’est en tout cas bien parti..! Laissons à Yoann le temps de prendre ses marques, et gageons que son enthousiasme participe à la vision déjà bien fournie des andorrans en matière de fun et de style…