Après la manche d’ouverture chilienne, la tournée sud américaine des Enduro World Series 2018 touche à sa fin… Avec une issue familière : une fois de plus, Sam Hill et Cécile Ravanel l’emportent devant la meute !
Il n’y aurait donc rien de plus à en tirer ?! Détrompons-nous ! Lire Entre les chiffres permet d’y voir plus clair dans le jeu de chacun. Cette fois-ci : LA stratégie qui s’avérait gagnante, les spécificités de la course dans chaque catégorie, un talent qui émerge et où l’on en est au général…
Temps de lecture estimé : 7 minutes – Photos : Enduro World Series
Au sommaire de cet article :
- Format de poche
- Comment Hill s’installe en tête…
- Chez les filles
- Espoirs, pleins d’espoir…
- L’oeil des champions ?!
- Youn Deniaud, la cours des grands
- La bonne opération
Format de poche
Une fois n’est pas coutume, les informations transmises par l’organisation restent très évasives. Distances et dénivelés approximatifs, il ne s’agit pas de prêter une attention détaillée sur les chiffres obtenus pour dresser le format de la course…
Pour autant, une vision d’ensemble se dégage et permet surtout de rappeler un point fondamental pour saisir cette Enduro World Series 2018 à Manizales : spéciales courtes et rythmées, format de poche ! 18min de chrono au cumul pour Sam Hill à Manizales…
Soit à peine son meilleur chrono dans la seule spéciale n°2 au Chili ! Dans ces conditions, deux phénomènes s’entremêlent : l’erreur se paie cash, course à élimination directe… Et occasions de faire la différence peu nombreuses, il faut savoir les saisir !
Comment Hill s’installe en tête…
C’est bien ce que Sam Hill est capable de faire. On l’a vu contrôler, puis assommer la course au Chili la semaine précédente. Il n’a pas attendu cette fois-ci. L’évolution des places au classement l’indique déjà : il s’installe en tête dès la spéciale 2, et ne la quitte plus…
Derrière, seul le héros local, Marcello Gutierrez, rivalise de constance : second de bout en bout (et non vainqueur de la SP1, puisque sans sa pénalité, José Borgues signe le scratch absolu). Mais la domination de Sam Hill est totale et directe lorsque l’on se penche sur l’évolution des écarts au cumul…
Sam Hill creuse près de la moitié de l’écart final sur la seule spéciale 2. Le reste sur les spéciales 3, 4 et 5. L’addition aurait même pu être plus salée sans une chute de sa part dans la spéciale 3… On en reste donc à une spéciale 2 qui lui va à ravir. Imaginons la plus défoncée et glissante encore que lors de ces reconnaissances, embarquées sur le casque de Sam lui-même…
Le jour J, Chris Ball – manager des EWS – disait lui-même qu’il aurait décrit le haut de la spéciale 2 comme quelque chose d’inroulable s’il n’avait pas vu passer Oton, Cunningham, Tordo… et Hill, comme si de rien n’était.
Après le Chili tout en dérive sur la spéciale la plus typée DH, remake de Val di Sol 2008, Sam Hill gagne donc une fois de plus sur les qualités qu’on lui connait. Il y aurait un après Champéry 2007, Manizales 2018…
(Au passage, l’interlude de Steve Peat sur son switch pédales auto > pédales plates vaut le détour, une fois de plus 😉 )
Chez les filles
Sam Hill est le leader masculin du moment, c’est indéniable. Cécile Ravanel l’est tout autant chez les dames. Il suffit d’un oeil sur l’évolution des écarts dans la compétition féminine pour s’en convaincre…
Les courbes sont en tout point identiques à celles des hommes : spéciale 2 à 4 pour faire la différence. Derrière, Isabeau Courdurier a un poil de mal en début de journée, mais fait la différence en championne aussi : dans les spéciales 4 et 5, celles cochées par les patrons du moment !
Au pourcentage d’écart en spéciale, on voit d’ailleurs qu’elle est la seule à suivre le rythme, voir à l’imposer par moment. Au coeur de la bataille, sa course n’a pas le profil de toutes les autres, imposé par Cecile Ravanel en personne. Isabeau Courdurier, la relève, sans aucun doute !
Espoirs, pleins d’espoir…
En parlant d’avenir, d’espoir… Coup d’oeil à la course des moins de 21 ans. Chez les garçons, comme on pouvait s’en douter, l’Anglais Eliott Heap n’a laissé à personne le soin de l’emporter dans ces conditions. C’est une nouvelle fois limpide à la lecture des écarts au cumul…
Sauf que cette fois-ci, la concurrence est plus rude. Nathan Secondi signe peut-être là l’une de ses plus belles courses en Enduro World Series. Mis à part la dernière spéciale, il est bien le seul à reprendre du temps au leader au coeur de la course, et à imposer le rythme par endroit…
Toujours est-il qu’une nouvelle fois, les courbes sont claires et limpides : il y avait bien une stratégie à suivre pour l’emporter, et trois des vainqueurs du week-end l’ont suivi à la lettre…
L’oeil des champions ?!
Après course, Sam Hill a déclaré qu’il savait pertinemment ne pas pouvoir faire la différence sur les dernières spéciales du week-end, mais devoir saisir sa chance sur les premières spéciales du dimanche. Stratégie gagnante et menée avec brio.
Elliott Heap fait partie de son team, et a visiblement remporté sa propre course de la même manière. On peut imaginer que l’info ait circulé au sein de l’équipe. C’est moins évident pour Cécile Ravanel. L’oeil des champions ?!
Préméditation ou non, souvenons-nous que c’est au petit matin, dimanche, que les conditions diluviennes de la nuit précédente étaient les plus influentes : eau, boue, racines, terrain creusé… C’est là que les patrons creusé des écarts à la hauteur de leurs talents, et marqué les esprits.
Youn Deniaud, la cour des grands
Les boss ont beau avoir imposé leur rythme, la course n’en est pas moins intéressante juste derrière. Il suffit pour ça de lire une fois de plus entre les chiffres… Et y déceler la performance du privateer du week-end : Youn Deniaud !
4eme de la course, le jeune Français signe sa seconde performance de rang d’affilée – troisième même, si l’on inclus son top 15 à Finale l’an passé. Dans ces conditions, il se destine à passer du statut de privateer à celui d’outsider. Le rythme qu’il tient en atteste…
Comme celles de Damien Oton, Robin Wallner et Greg Callaghan, sa courbe subit l’allure imposée par Sam Hill lui-même. Pour autant, la comparaison avec ses concurrents directs vaut de l’or. Elle permet de consolider une qualité mise en évidence la semaine passée : sa régularité/polyvalence ces temps-ci.
Il n’y a qu’a voir : des 4 poursuivants, c’est sa courbe qui est la moins tortueuse. C’est lui qui suit le mieux le rythme du patron. Qu’espérer de plus pour lui maintenant ? La bonne carburation entre hausser l’ensemble de sa courbe de quelques points pour se détacher du lot, et/ou savoir faire preuve de réactions d’orgueil aussi marquées que celle de ses concurrents sans rien casser ou tomber…
La bonne opération
Toujours est-il qu’avec cette belle performance, Youn Deniaud fait une belle opération au général des Enduro World Series 2018 : il en occupe la cinquième place. Quatorzième au Chili, quatrième en Colombie : son cas est à l’image du phénomène qui s’est créé derrière Sam Hill. Voyons plutôt les places de chacun lors de ces deux premières courses de la saison…
C’est bien simple : seul Sam Hill y a été constant ! Les autres – tous les autres – se sont prêté au chassé croisé. Les bons du Chili ont fait moins bien, les autres se sont rattrapés. Un partage des points qui profite au leader : en tête de 200 points déjà ! L’écart entre la tête et la 14eme place sur une étape…
Avec encore six manches à disputer, rien n’est fait… Mais une chose est sûre, Sam Hill a moins de soucis à se faire que ses 15 poursuivants, qui se tiennent à 50 points d’écart de l’un à l’autre. Une saison qui part sur de bonnes bases. Vivement la suite !