Après cette huitième et ultime manche des Enduro World Series 2018 et une soirée de clôture endiablée, Finale Ligure retrouve enfin le calme et la quiétude d’un bord de mer.
L’heure est au bilan. Martin Maes blessé, Isabeau Courdurier plus combative que jamais, Sam Hill et Cécile Ravanel victorieux… Comment s’est déroulée cette finale ? Que s’est-il passé d’important ? Pour le savoir, place au dernier Entre les chiffres 2018.
Temps de lecture estimé : 10 minutes – Photos : Enduro World Series & Hugo Domenech
Au sommaire de cet article :
Format de course
Premièrement, le parcours ! Comme nous l’avons vu, les Italiens nous réservaient une course quelque peu particulière. Comme toujours, beaucoup de temps sur le vélo, à la pédale, au départ du bord de mer…
Seulement 4 spéciales pour 52km et 1780D+. À 6 voir 7h sur le vélo, ça fait cher payé le temps de chrono. Heureusement, le coin est aussi admirable que plaisant à rouler, surtout en fin d’été !
Les spéciales, elles, sont plates : pas une ne dépassent les 140m/km, toutes plus horizontales que la plus plate de La Thuile ! Cette finale détrône Ainsa au jeu de la manche la plus plate de l’année 2018 !
Avec une vitesse moyenne plus basse – 22km/h – les deux premières spéciales sont nettement plus lentes que les deux dernières – 29km/h. Dans les plus lentes de l’année d’ailleurs ! Un format de poche, des spéciales finalement plates et deux rythmes distincts… Quelle incidence notable sur la course ?
Duel chez les filles !
Honneur aux dames, avec le rythme de course des filles. Chez elles, la course a bien eu lieu en deux temps !
Cécile Ravanel nous avait habitués à dominer la course. Cette fois-ci, la reine a bien failli tomber provisoirement du trône. Isabeau Courdurier remporte les deux premières spéciales… Les deux plus lentes ! Peut-être profite-t-elle de sa petite taille pour se faufiler !? Mais c’est bien dans le lent et le technique qu’elle est redoutable.
Elle s’adjuge haut la main la SP1, 2,6% d’avance sur Cécile et plus du double sur la 4ème, 5ème et 6ème. Puis Cécile sort de la piste dans la SP2 et Isabeau l’emporte à nouveau avec les mêmes écarts… À cet instant, on aurait pu croire à une issue différente de d’habitude ! Mais quand la pente et la vitesse finissent par augmenter, Cécile réagit et reprend l’avantage. Coïncidences ?!
En dessous, la courbe d’ALN est une nouvelle fois isolée tout du long. Elle fait la course pour la 3ème place toute seule et concrétise un belle progression cette année : absente du début de saison, elle n’a fait que progresser ensuite : 9ème, 6ème, 4ème, 3ème et 3ème !
Survol chez les hommes…
Après Olargues, Ainsa et maintenant Finale Ligure, Richie Rude renaîtrait-il de ses cendres ? Serait-il invincible lorsque le terrain est sec, rocailleux, compact et les spéciales plates !? Ses dernières prestations nous y amènent en tout cas…
L’évolution au classement le démontre : la courbe de Richie Rude reste la référence tout au long du week-end. Il semble avoir dominé de bout en bout. Assez rapidement la courbe de Damien Oton s’isole. Il occupe la seconde place après la SP2 jusqu’à l’arrivée. Comptons Martin Maes et Sam Hill qui, sans déboire ou une certaine assurance, auraient certainement été dans les parages.
L’occasion de mettre en évidence qu’il existe chez les hommes un carré d’as, ceux qui savent jouer la gagne et se détacher du lot : Richie Rude, Sam Hill, Martin Maes et Damien Oton cette année. Leurs courbes le prouvent. Ils savent prendre les devants au bon moment, et ne plus lâcher. Derrière, il y a souvent plus de mouvement, les courbes s’entremêlent fortement. Rien n’est joué, tout se fait sur un coup d’éclat.
Martin out !
L’évolution des écarts au fur et à mesure de la course confirme nos précédents propos… La courbe de Richie Rude est au sommet et plate. Il a donc bel et bien dominé du début à la fin. Pour en revenir au format de la course, Richie Rude fait plus d’un tiers de son avance finale sur la SP3.
Seule courbe à proximité de la sienne : celle de Martin Maes. A 1 seule seconde sur la SP1, alors que Greg Callaghan est déjà relégué à 6 secondes derrière. Mais Martin heurte un arbre de la main dans cette spéciale. Sa courbe plonge soudainement… Trop douloureux, Martin serre tout de même les dents, mais ne peut pas rouler à son niveau habituel.
Instant charnière !?
Cette fois, un oeil sur le rythme en spéciale chez les hommes, pour saisir l’instant charnière de cette journée de course…
Avant la mi-course, les courbes ont tendance à s’éparpiller, notamment sur la SP2 et son début très exposé… Alors qu’ensuite, tout se resserre. Un peu comme si, dans l’inconscient collectif, certains schémas communs s’étaient mis en place. L’appréhension des deux premières spéciales ?! L’excitation, les enjeux et l’exposition médiatique des deux derniers runs du jour, et de la saison ?!
Dans tous les cas, quelle que soit les deux catégories reines, force est de constater qu’un basculement s’effectue encore une fois à la mi-course à l’occasion de ce Finish au sprint de cette manche des Enduro World Series 2018, à Finale.
Régularité = réussite ?
Un coup d’oeil au tableau des places en spéciale permet quelques bonnes observations en matière de régularité… Et de réussite, surtout sur un format aussi compact que celui là.
Plus que jamais, ceux qui sont devant sont réguliers. Aucune case claire à déplorer. C’est là, aussi, que l’on peut voir les lignes de ceux qui ont laissé passer leur chance et n’ont pas l’occasion d’être aux avant-postes.
Un seul pour lequel on peut avoir la quasi-certitude que la case claire n’est pas une erreur : Sam Hill, dans la dernière spéciale. Plutôt un signe de domination sur le long terme, tout au long de la saison. Sam n’avait qu’à assurer pour remporter le plus important : le titre… C’est ce qu’il a fait. En patron !
U21, ordre rétabli, ou pas…
Finalement, c’est la course Junior qui était la plus serrée, aussi bien le Jour J, qu’en vue du classement général final. Une aubaine pour le spectacle. Et le rythme en spéciale s’en ressent.
Trois vainqueurs différents sur quatre spéciales et des courbes qui se croisent sans cesse. Ça transpire la fougue de la jeunesse, ça se rend coup pour coup… Mais au final, les courbes les plus lisses, les plus régulières, celles d’Elliott Heap et d’Eliott Baud – qui retrouve son rythme habituel – l’emportent. On parlait de régularité…
On peut aussi parler de polyvalence, si l’on se rapporte au format de course. Régulier ici, c’est être à l’aise sur le plat et dans pente, quand c’est lent et quand c’est rapide… Mais au fait, qu’en est-il au général ? La marmaille est-elle prête à faire le grand saut chez les Pro ?
Par comparaison avec les Pros – la courbe orange de Nicola Casadei représente la 30ème place scratch – les meilleurs U21 frôlent le top 30. Comme souvent cette année : certains l’intègrent, d’autres s’en approchent. Mais pourquoi donc les comparer aux Pro à ce moment de l’année ?
Né en 1998, ils basculent pour la plupart en Pro dès l’année prochaine. C’est donc de bon augure pour eux. Ils sont déjà dans le bain et au niveau. Leur formation de base est terminée… 2019 annonce donc beaucoup de nouvelles têtes chez les Pro. Rafraichissant et réjouissant !
Reste qu’une chose me saute aux yeux en consultant le général de la catégorie ! Les 3 premiers sont tous dans des teams mais n’ont pas toujours été devant. Quand les 3 suivants, 3 Français, sont tous des privés.
Quand on sait que le support d’un team facilite grandement la tâche logistique et aide à se focaliser sur la course surtout chez les jeunes… Messieurs les managers : misons sur l’avenir ! 3 jeunes attendent leur tour : Nathan Secondi, Elliot Baud et Louis Jeandel 😉
Au final…
La saison touche à sa fin, la partie est finie. Il est temps de compter les points. Même s’il était quasi improbable que les leaders changent, il y a du mouvement derrière.
Chez les hommes, Sam Hill assure. Il s’impose logiquement avec 4 manches gagnées. Dès le début de saison, Sam a prouvé qu’il pouvait s’imposer. Il était fort, il est fort, le sera-t-il toujours l’année prochaine ? Pour l’heure, le boss reste le boss !
Derrière, Martin Maes perd du terrain et glisse à la 4ème position. Un résultat pas à l’image du talent une nouvelle fois démontré cette saison. C’est Damien Oton, plus régulier – on en parlait – qui prend une nouvelle fois la seconde place… Lui-même l’admet, il butte à nouveau sur plus fort, pour la troisième fois… Après Jared Graves et Richie Rude, Sam Hill.
Derrière, après un début de saison mitigé, Florian Nicolaï n’a fait que progresser, pour enfin accrocher le podium du général ! Dimitri Tordo, longtemps meilleur Français cette saison, prend la 5ème place. Pas mal pour un amateur…
> Classements généraux EWS 2018
Que retenir !?
Richie Rude a eu un début de saison difficile mais reste très fort. Il le prouve ce week-end et il remporte, malgré tout, trois manches cette année. En forme en cette fin de saison, le sera-t-il dès le début de saison 2019 ? Pourrait-il ébranler la suprématie Sam Hill ? Avec un Martin Maes qui canalise sa fougue et un Damien Oton qui hausserait encore le rythme, 2019 pourrait nous réserver un choc des titans !
Pour l’instant, une chose est sûre et se vérifie une année de plus. Avec près de la moitié du Top 10, les français dominent l’Enduro. Cécile et Isabeau tyrannisent le reste des filles quand 3 jeunes Français intègrent le Top 5 U21. Pas besoin d’aller chercher plus loin, le vivier est ici ! Et le Trophée des Nations se profile à l’horizon…
Reste tout un tas d’autres observations savoureuses que l’on garde sous le coude. Quid des 29 pouces, en surnombre cette année, mais pas tous aux avant-postes ?! Des VTTAE qui courent après leur première série internationale !? Des tailles de roues différenciées que le nouveau règlement UCI s’apprête à autoriser !? Et puis quoi ?! Des pédales plates pour tous ? Le retour aux chambres à air ?! Bref, des dimensions, des chiffres et des analyses qui n’ont pas fini de nous animer cet hiver… On y reviendra, en totale dérision… Ou pas 😉