La manche Enduro World Series 2017 d’Aspen – Colorado (USA) – vient de livrer son verdict : en remportant la course, Sam Hill prend la tête du général au jeune Adrien Dailly, encore solide deuxième. Pourtant, il reste des enseignements à tirer de cette compétition particulière.
Lire Entre les chiffres permet en effet de mieux saisir où se sont fait les différences, sur quelles qualités, et selon quelles stratégies. Des observations qui en disent long sur l’état d’esprit et de forme de chacun au moment d’aborder les deux dernières manches de la saison Enduro World Series 2017…
Temps de lecture estimé : 7 minutes – Photos : Enduro World Series
Format de la course
L’analyse débute une fois de plus par un coup d’oeil averti au format de la course. Durée, pente, vitesse moyenne permettent de donner corps aux véritables caractéristiques des parcours proposés aux pilotes Enduro World Series sur les pentes d’Aspen…
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Le code couleur indique ici les spéciales les plus lentes, et les plus rapides, mais pour une fois, ce ne sont pas les teintes qui nous intéressent. Les vitesses moyennes elles-même sont impressionnantes : 32km/h pour la plus lente, jusqu’à 41km/h pour son opposée.
Les pilotes disent de l’étape US qu’elle est la plus rapide de la saison, ils ont raison : à Millau, la spéciale la plus rapide dépassait tout juste les 31km/h, les autres se situant autour des 27km/h… Il y a, comme qui dirait, un monde d’écart, du moins, un continent !
Autre observation importante, les distances et durées des spéciales 2 et 4, soit celle du milieu de première journée, et tout début de seconde. Dans les deux cas, deux tracés qui dénotent tant ils sont longs (plus de 13min/7km/env. 1000m de D-) et tant ils proposent les pentes moyennes les plus faibles du week-end.
Par expérience via nos analyse Entre les Chiffres, moins de 150m/km de pente signifie spéciales en prise, où le coup de pédale, les relances, la nécessité d’entretenir la vitesse sont présents. Durée et relance : cocktail détonnant pour mettre la puissance et la résistance des pilotes à l’épreuve…
Évolution du classement
L’impact de ces deux parcours n’est pas tout de suite évident, mais apparaît déjà quelque peu à la lecture de l’évolution du classement au cours de ce week-end Enduro World Series 2017 d’Aspen…
C’est bien à leur occasion que les deux seuls leaders du week-end se sont échangés les positions. Et en un sens, ce sont bien elles que le sur-puissant Richie Rude avait coché à son plan de course. Il a pris la tête dans la SP2, et l’a abandonné, sur crevaison, dans la SP4. Rédhibitoire.
C’est ici aussi que l’on constate à quel point la saison commence à peser dans les jambes de certains, dont les deux leaders du classement général. Sam Hill et Adrien Dailly se battent pour le titre, mais subissent les assauts des gros moteurs dans la SP2 : Oton – vainqueur de la Méga au forceps il y a peu – Bailly-Maître – ancien crosseur – Graves – ancien 4Xer, BMXer…
Au milieu de tout ce beau monde, Martin Maes fait figure une fois de plus d’épouvantail. Très régulier 3eme avant de coiffer Jared Graves dans la dernière spéciale, le jeune Belge démontre encore, s’il le fallait, qu’il fait partie des meilleurs spécialistes de la discipline, si l’on considère que l’Enduro consiste à savoir faire preuve d’adaptation, d’une spéciale à l’autre, quel qu’en soit son profil…
Évolution des écarts
La place des spéciales 2 et 4 est encore plus criante lorsque l’on étudie l’évolution des écarts au classement, au fur et à mesure de la course…
Cette fois, plus aucun doute ! Il fallait performer lors de la spéciale 2 pour être dans le coup. C’est elle qui a permis à Richie Rude, Jared Graves, Martin Maes, Damien Oton et Sam Hill de se détacher du lot. Un écart de 10s par rapport au premier poursuivant s’est alors créé.
Puis, au matin du second jour, l’autre longue spéciale du week-end a fait son oeuvre. Parmi le quinté de tête, Richie Rude et Damien Oton sont passés par la fenêtre. On distingue alors clairement les trois premiers, toujours en lice pour la victoire, tandis que, certainement plus résignés, le reste du plateau se partage les accessits.
Rythme en spéciale
Pas étonnant donc de retrouver un graphique des rythmes en spéciale en dent de scie : entre ceux qui ont cochés les deux longues spéciales, et ceux qui profitent du relâchement et/ou de la récupération avant, entre et après ces deux efforts colossaux…
On remarque tout de même qu’ici, plus qu’ailleurs, ce sont bien les deux monstres de puissance, les deux pilotes les plus réputés en la matière, qui ont su imprimer le rythme sur la durée : Jared Graves et Richie Rude, les deux compères dont on ne se cache plus que le second ai été à bonne école auprès du premier…
Places en spéciale
Reste que ces deux spéciales monumentales ont beau avoir eu leur impact sur la course, chaque pilote garde son profil, avec ses qualités et les stratégies qui y correspondent. Cette fois-ci, le tableau des places en spéciale est particulièrement révélateur à ce sujet…
On y voit clairement Sam Hill avoir course gagnée au départ du dernier run du week-end, et assurer pour l’emporter. Martin Maes mettre un dernier coup de collier dans son style inimitable sur la piste de descente qui constituait le dernier secteur chrono du week-end afin de ravir la seconde place.
Jared Graves clairement à son avantage dans les deux longues spéciales du week-end, moins dans les suivantes, entre récupération de l’effort et profil plus technique où il lâche définitivement moins les freins cette saison.
Damien Oton, passé à travers la longue épreuve du dimanche matin, sans quoi le podium lui tendait les bras. Jesse Melamed, technique Canadien qu’il nous tarde de voir à l’oeuvre sur ses terres, à Whistler, tant il démontre déjà la vitesse qu’il faut sur les spéciales les plus technique du week-end…
Adrien Dailly, quelque peu émoussé au fur et à mesure du week-end, avant un sursaut d’orgueil pour défendre sa place et son statut dans le dernier chrono de la course. Tout comme François Bailly-Maître, bien parti mais moins dans le coup au fur et à mesure de la course…
Conclusion
Nul doute que l’altitude, dont les effets sont bien présents à Aspen, ait ici servi de révélateur des états de fraîcheur/fatigue de chacun. Heureusement pour certains, la prochaine étape Enduro World Series, à Whistler dans quinze petits jours, se déroule sur une seule journée… mais laquelle !
Un terrain de jeu aussi technique de physique. Le pinacle de l’Enduro d’une certaine manière. C’est bien là que l’issue de la saison devrait en partie se jouer. Sam Hill a prévenu. Il pense devoir virer en tête à l’issue de cette avant dernière étape pour espérer remporter le titre…
Pourquoi ? Parce qu’il le sait, Aspen et Whistler semblent jouer en sa faveur. Entre haute vitesse et grosse technique séparées de quinze jours, la dynamique est bonne pour un champion qui sait se préparer comme lui. Il a coché les dates, la première a fonctionné, feu pour la suivante.
« Les dés sont-ils jetés pour autant ?! »
Et puis, en ces termes, il tente une influence qui a son poids dans les débats. Avec de telles déclarations, il annonce la couleur, met sous pression, tente d’imposer son rythme. Les dés sont-ils jetés pour autant ? Pas tout à fait. Adrien Dailly l’a démontré ce week-end, en restant en embuscade sur un terrain peu favorable.
Le prochain devrait bien plus lui convenir, tout comme celui de Finale, qu’il jouera presque comme à domicile tant les lieux y sont familiers de ses terres d’entrainement. On l’a vu tous vu à Millau, de telles similarités ont leur impact sur la course.
Les deux prétendants à la victoire le savent et déploient donc des stratégies en conséquence. Prendre la tête et de l’avance pour le premier, prendre son mal en patience et répliquer pour le second… Qui aura le dernier mot de ces Enduro World Series 2017 ? Réponse bientôt 😉