En travers des chiffres – Étude sur les blessures en Enduro World Series

L’organisation Enduro World Series a récemment publié une étude concernant les blessures des pilotes d’Enduro, en course comme à l’entraînement, hommes et femmes, tous niveaux confondus ! Qui plus est, c’est une analyse chiffrée !

De quoi alimenter notre rubrique En travers des chiffres pour traduire et rendre accessible les principaux enseignements… Alors qu’en est-il ? Qui est concerné ? Quand ont lieu la majorité des blessures ? Qui sont les robustes ? Et qui sont les mauviettes ? C’est parti !

 


Temps de lecture estimé : 5 minutes – Photos : Enduro World Series


 

 

Un panel varié !

L’étude se divise en deux partie. La première porte uniquement sur une analyse en compétition EWS, sur 10 courses exactement, entre 2017 et 2018. Et la seconde s’intéresse à une pratique domestique, en dehors des compétitions, loin des banderoles. Ce sont les personnes qui suivent assidûment les réseaux sociaux des Enduro World Series qui ont été touchés par l’enquête.

Dans l’ensemble, ce sont environ 2000 pilotes interrogés dont 90% d’hommes pour une cinquantaine de nationalités. Et tous les participants ne sont pas que des Enduristes : 1/3 d’entre eux font aussi de la DH, et 1/3 du XC. Le tiers restant, pratique l’Enduro, tout simplement. Peut-on donc dire que l’Enduro est enfin une pratique à part entière ?!

Compétiteurs ou non, les conclusions de chaque groupe sont particulièrement similaires. Donc, que ce soit en compétition ou à la maison, le bilan est le même ! Mais l’est-il pour tous ?

 

 

La guerre des sexes…

La répartition des blessures entre hommes et femmes constitue la principale disparité entre les deux panels étudiés ! En proportion, les femmes se blessent plus souvent que les hommes, en compétition comme en dehors. Alors que les hommes sont plus lourdement touchés en compétition, les femmes le sont plus en dehors.

Question de tempérament, peut-être… Les hommes seraient plus fougueux les jours de course, quand les femmes sauraient globalement conserver leur prudence en toutes situations… Si l’on regarde les âges, les hommes sont clairement plus fougueux en espoir, avant d’apprendre à se canaliser. Les femmes, elles, semblent plutôt avoir le cheminement inverse : d’un naturel prudent, elles apprennent à prendre des risques en Élite… Quand sportivement, le jeu en vaut vraiment la chandelle ?! 

Mais une chose se vaut pour les deux : l’âge amène la sagesse ! Et oui, le dicton « La sagesse vient avec l’âge ! » prend tout son sens ici, puisque le nombre de blessure diminue fortement avec les années. Les Masters savent se conserver ! A moins que ce soit ceux qui ont su se conserver avant, ceux qui se blessent peu, qui sont encore là, après 40 ans !

 

 

Quand ?

Mais, quand ont lieu ces blessures alors ? Pour les 2/3, les blessures ont lieu à l’entraînement. Tout porterait pourtant à croire que c’est en compétition, quand on joue un peu sa vie, ou l’ego pour certains, qu’elles devraient avoir lieu. Et bien non ! Mais pourquoi donc ?

D’abord : on passe plus de temps à rouler chez soi, entre potes qu’en compétition. De la statistique pure et dure qui se vérifie ! Reste qu’en course c’est bien les jours de course qui occasionnent le plus de blessures : 1/3 pendant les recos contre 2/3 en course !

Ensuite, parce qu’en course, le balisage et les aménagement sont en partie fait pour sécuriser la pratique, ce que les entraînements ne procurent pas forcément. Qui bénéficie d’un chemin fermé, sécurisé, entretenu et prend toutes les précautions nécessaires avant de faire des chronos ?! Il y a  certainement à méditer, et progresser, en la matière… 

 

 

A quelle fréquence ?

Mais dans tout ça, plus on fait de course, plus on se blesse. Bien évidemment, dans la même logique, les racers nés et assidus se blessent plus que les autres en courses, puisqu’ils en font plus ! Cependant, les blessures restent statistiquement rare : seulement 9% des pilotes engagés en EWS se blessent.

D’ailleurs, selon l’étude, une commotion cérébrale arrive en moyenne toutes les 263 coursesOn risque rien pour quelques années alors !? Pas tout à fait : c’est toujours pareil avec les statistiques, il y a une chance sur X que ça arrive, reste à savoir quand ! Puis en matière de statistique, il y a toujours une moyenne et des extrêmes. Ceux à qui ça n’arrivera jamais et ceux à qui ça arrive (trop ?) souvent !

 

 

Comment ?

Même si la plupart des blessures ont lieu en dehors des compétitions, les manches EWS étudiées permettent de caractériser des terrains à risque ! Là où les os trouvent concurrence, plus qu’ailleurs…

En fait, plus c’est rocailleux, plus le risque augmente : 60% des blessures dans les cailloux, 30% dans la pente. Donc, c’est bien évidemment sur les spéciales où il faut engager la viande, pentues et techniques, plutôt que lisses et rapides, qu’on se blesse. La vitesse pure n’aurait donc pas de lien directe. Ce serait plutôt la sur-vitesse par rapport à l’endroit parcouru qui serait en cause… 

Et, si la gravité des blessures est fortement liée à la nature du sol qui nous réceptionne, elle dépend bien moins du niveau du pilote qui chute ! En effet, si les blessures ont essentiellement lieu à l’entrainement, les bons pilotes en EWS s’en distinguent ! Seulement 50% d’entre eux sont sujets aux blessures dans ces moments, alors que les moins expérimentés sont plus exposés : avec 70% ! Ce qui appuie l’idée qu’il y ait des méthodes et des règles de prudence à respecter pour bien s’entraîner…

 

 

Où ?

Bien que notre corps tout entier soit exposé, il y a des zones que les rochers, les troncs ou notre propre vélo affectionnent particulièrement ! 25% des blessures sont des lacérations, 20% des contusions et 18% des fractures. Ce qui laisse un bon 40% pour tout le reste : les ongles cassés, les morsures de serpent, ou la perte de cheveux…

Mais les blessures aux épaules, bras,  mains et poignets restent ce qu’il y a de plus fréquent dans les chutes à VTT, avec 22% des blessures enregistrées. C’est bien connu ! Et pour le coup, les top pilotes sont représentatifs : Maes, Oton, Dailly, etc.

Et, même si les pilotes pro nous y ont aussi habitué récemment : Oton, Winton, les Ravanel… il y a effectivement peu de commotions – seulement 0,6% – ou de fractures des vertèbres ! Mais le risque est ailleurs !

43% des 42% des commotions diagnostiquées n’ont pas été suivies. Le pilote n’a donc pas procédé à une période de repos ensuite ! Certains ont même terminé la course ainsi. Et c’est là que le sérieux nous rattrape…

 

Que retenir !?

D’une part, et dans l’ensemble, on est loin des blessures en XC – 23,8% des pilotes blessés au JO de 2016 – ou en ski – 20,7% au JO 2014. Comme quoi les protections, casque intégral en premier, ont leurs intérêts !

D’autre part, cette étude, qui est d’ailleurs d’autant plus intéressante de par sa rareté, amène avec elle l’idée de prévention. Règles de sécurité, méthodes d’entrainement… Il y a de quoi apprendre et développer des choses ! Au vu de la localisation des blessures, notamment aux épaules, et de la gravité des commotions : elle pousse à favoriser l’entrainement en musculation pour limiter le risque de blessure et propose des documents informatifs, bon à connaitre, pour détecter et gérer les commotions cérébrales. Que l’on ne doit pas prendre à la légère !

Comme pour les récentes affaires de dopage, la prévention doit être faite en amont, surtout pour les commotions cérébrales, qui sont « nouvelles » dans notre discipline, du moins sa prise en charge. Voici donc des documents éducatifs, impulsés par l’EWS, sur les gestes à avoir et le comportement à adopter en cas de commotions : pour les pilotes comme pour les organisateurs, soignants, etc. On y reviendra 😉 

Rédacteur Testeur
  1. On peut en déduire (hâtivement ?) que les pures dorsales ne servent ‘à rien’ … En effet les chutes en VTT (selon des données de traumatologie sur la vallée de Chamonix) lorsqu’elle concernent les vertèbres, sont des tassements. Les gilets protégeant des chocs le haut du corps (épaule et clavicule), sous réserve qu’ils absorbent fortement les chocs, sont plus utiles dans cette optique.
    À soumettre à l’expérience des spécialistes…

    1. C’est sur que la dorsale est sans doute moins souvent mise à contribution mais elle est censée protéger la colonne vertébral qui en cas de casse peu avoir des conséquence bien plus grave qu’une clavicule ou une épaule.
      Perso, en chutant sur le dos contre des rochers avec une dorsale niveau 2, j’ai eu 5 côtes de cassées. Je n’ose imaginer ce qui serait arrivé sans …
      J’en profite pour dire qu’il serait bien de faire un topo sur les niveaux de protection car toute les protections même certifié ne se valent pas et l’écart est important. De mémoire entre une protection de niveau 1 (niveau de la plus part des dorsales) et une de niveau 2 (il y en a peu de ce niveau pour le vtt), la capacité d’absorption est globalement du simple au double.

  2. C’est moi ou le casque et les genouillères sont les seules protections utilisées par les pilotes.
    Je ne vois jamais de dorsales ou de plastrons.

    1. Normalement en course, la dorsale est obligatoire ainsi que les gants long en plus du casque et des genouillères

  3. Je pense qu’il y a une hypothèse à creuser, je veux parler du niveau de technicité exigés des enduros, par rapport au niveau des pilotes qui s’alignent.
    Sans sublimer ce sport que j’adore, je pense que l’accès à la pratique de l’enduro devrait être plus cadrée et peut être obliger les pilotes à être a moins en club comme pour attester que la base du vététiste est acquise pour s’employer à faire de l’enduro.
    Etant un sudiste et plusieurs fois aligné sur le trophée enduro de provence je me suis de nombreuses fois dit qu’il y avait certaine spéciales vraiment velues et « bien risqué » pour de nombreux amateurs dont je fait parti.
    Je pense que pas mal de blessures viennent aussi de la, car l’enduro est une activité encore très jeune et son succès attire pas mal de jeunes en club qui au cumul font monter les niveaux, et la technicité des spéciales toujours un peu plus élevé.

    1. Même si je comprend tes arguments quant à l’intérêt d’adhérer à un club, je ne les partage pas. L’Enduro est une pratique individuelle que l’on peut partager en groupe et non l’inverse.
      L’attachement à un club tient plus de notre culture cycliste traditionnelle que d’un réel besoin (sauf pour les plus jeunes…et encore) et surtout il ne garantie pas pour tous ses membres l’atteinte d’un niveau technico-physico-mental suffisant… il y a trop de paramètres (qualité intrinsèques, investissement, motivations etc).
      Par contre, pour la compétition, tu pointes un vrai problème: il n’y a plus de vrais écarts techniques au niveau des tracés entre des course régionales, nationales voire certains courses dites internationales. Seules la difficultés physique (en liaison surtout) semble encore être pris en compte. Il y a, pour moi, une surenchère technique suivie par beaucoup d’organisateurs qui peut, à termes refroidir.
      De plus, tout cela peut être exacerbé par notre vision des tracés enduro « à la française » (switchbacks par dizaines, etc), qui reste très respectée mais de plus en plus moquée par les pratiquants étrangers qui participent à des compétitions sur notre territoire.
      Bravo malgré tout aux organisateurs actuels pour leur travail mais j’attend non sans impatience ceux qui oseront proposer des tracés plus abordables au commun des pratiquants qui s’inscrit, pour le plaisir, à une ou deux compétitions par an…

        1. J’entend surtout plus des taquineries que de réelles moqueries. En somme rien de méchants. Ce qui me revient souvent ce sont les « épingles en veux-tu en voilà » et le manque de sections plus ouvertes à l’américaines (« wide open sections ») mais aussi des passages dans les cailloux jugés assez « extrêmes » même pour des pros. Un d’entre eux, un américain m’a bien fait rire en utilisant une métaphore sympathique mais critique: « cette course m’a rappelé que vous (les français) êtes les inventeurs de l’Orangina…secouez-moi, secouez-moi…et nous (les américains) du coca: ça se descend plus vite, on peut en boire plus et franchement c’est meilleur! » Je répond souvent que c’est plus lié au terrain qu’à une réelle volonté des organisateurs…sauf pour les EWS qui sélectionne les lieux!

    2. Participant également au Trophée de Provence je confirme que certaines spé sont très « velues » , au moins autant voir plus que des spé de la Coupe de France auquel je participe également. Pour une coupe régionale, ça devient peut-être trop (course à l’échalotte ???, niveau global très élevé dans la région sans doute) ce qui est, peut-être, une des raisons qui ont fait que certains organisateurs se sont retirés cette année.
      Après les organisateurs sont tributaires du terrain (les cailloux et rochers ne sont pas très accueillant … et je rêve parfois d’une bonne terre bien meuble LOL)
      Ce niveau d’engagement fait que cela refroidi certains de participer mais c’est à chacun de juger de ses capacités.

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