Je dois bien l’admettre… Je préfère même en parler… Il m’arrive d’avoir des préjugés. Ces impressions que l’on se forge en absorbant, tant bien que mal, cette multitude d’informations et d’images, toujours plus morcelée et brassée par les modes de communication modernes. Ces « à priori catalogue » établis sur un marasme de prétention et d’altruisme, alors que l’on n’a même pas vu ou touché la monture en question ! Alors même que le terrain n’a pas fait la lumière sur ce qui se cache réellement entre les lignes…
Avant d’entamer l’essai du Lapierre Zesty AM 827 e:i Shock, j’en avais : le carbone c’est raide et ça tabasse ! les vélos en 150mm ne sont pas toujours drôles ! l’OST n’est pas réputé pour son grip légendaire ! J’ai connu plus joueur que les derniers Lapierre que j’ai roulé… L’électronique c’est forcément gadget ?! Et je ne parle pas de la déco : les goûts et les couleurs…
Tout à volé en éclat ! Les premiers kilomètres ont suffit à déliter la croute et tordre le coup à ces foutues idées, sans réel fondement finalement. Ils ont même fait ressurgir l’idée qui m’avait traversé l’esprit au moment d’envisager l’essai : le Zesty fait partie de ceux qui donnent envie de monter dessus, sans savoir véritablement pourquoi… Ce sera donc l’objet de cette présentation : le Zesty AM 827 est dans les tuyaux…
Lapierre Zesty AM 827 e:i Shock
[cbtabs][cbtab title= »Prix »]5899 euros (avec e:i stock)[/cbtab][cbtab title= »Poids »]12,500kg (annoncé, avec e:i shock, taille M, sans pédales)[/cbtab][cbtab title= »Fiche produit »]http://www.cycles-lapierre.fr/2016/zesty-am-827-827-ei-shock[/cbtab][/cbtabs]
Dès la sortie du carton, le Zesty prend à contre-pied : il ne fait pas dans l’ostentatoire. Noir mat, fibre carbone apparente, lignes rondes épurées… Vu de côté, sans lumière directe, le cadre semblerait presque sans déco. Il suffit de quelques rayons pour dévoiler les discrets marquages noirs sur noir, d’un coup d’oeil en perspective pour dévoiler la déco colorée qui se cantonne au dessus des tubes. Une bande de part en part qui rappelle les livrées automobiles d’une époque. Celle de la Ford GT 40 notamment, dont les couleurs du modèle vainqueur du Mans en 1968 ornent le cadre…
À peine assemblé, le Zesty parait « petit » : tubes fins, tube supérieur slopping qui abaisse la hauteur du cadre. Pas d’autocollant indiquant la taille, je sors le mètre ruban pour en avoir le coeur net : 46cm de tube de selle, il s’agit bien d’un L. Outre l’impression visuelle, certains éléments du montage placent clairement le vélo dans le cercle des all mountain…
Le vélo d’essai que je reçois n’est visiblement pas neuf. Tant mieux ! Il porte déjà quelques stigmates qui dévoilent les points à surveiller au cours du temps passé ensemble…
Contrôle des serrages, check des vitesses et de l’alignement des étriers, une paire de pédales, 25% de SAG avant/arrière, les détentes qui vont avec, 2 bars dans les pneus… c’est parti !
L’électronique s’en mêle
Enfin presque ! Je ne peux pas l’ignorer : au premier coup de pédale, l’électronique s’en mêle. L’assiette du vélo se fige… Que se passe-t-il ?!
L’e:i Shock – commande électronique du blocage de la suspension arrière – s’active dès que le pédalage est détecté au pédalier. Dans ce cas, l’amortisseur est automatiquement bloqué : partiellement si des chocs sont détectés au train avant, totalement si le vélo semble se trouver sur terrain lisse. Par sécurité, l’amortisseur est totalement ouvert en cas de gros choc détecté. L’électronique fait la différence. Lorsque le pédalage s’arrête – après une temporisation d’une seconde environ – la suspension se libère entièrement.
Malgré ma défiance vis-à-vis de l’électronique, le premier contact est facile : la notice, sur le capot de la potence, comporte toutes les informations utiles. Le dialogue se réduit à un bouton de commande et un voyant de confirmation. Chaque pression sur le bouton permet de passer d’un niveau de blocage au suivant, puis au mode automatique, et ainsi de suite ! Difficile de faire plus simple…
Ouvert (vert clignotant) > bloquage partiel (jaune clignotant) > Bloqué (rouge clignotant) > automatique (couleurs fixes) > Ouvert (vert clignotant)…
La complexité se trouve ailleurs : au montage, une prouesse réalisée en atelier. Les différents éléments du système sont intégrés, à différents niveau, pour que la « magie » opère…
Sur le papier, l’option pèse 400g et coûte 400€. Et puisque d’autres Zesty, celui-ci d’abord, sont disponibles sans, je décide de désactiver le système pour effectuer mes habituels essais et réglages de suspension. En l’occurence : mode manuel, ouvert, voyant au vert !
Premiers réglages
À ma première sortie « à l’aveugle » – 25% de SAG avant & arrière – je note un inconfort : le cintre me parait bas, le cadre petit. Je boucle mes premiers kilomètres en activant quelques clics de compressions sur la Pike pour compenser. Puis, pour cerner ce nouveau venu et ses suspensions, je m’attelle à une séance d’essai sur boucle test. Je balaye les SAG, des plus faibles à 22,5%, aux plus importants, à 35%. J’ajuste à l’avant, au coup par coup, pour équilibrer l’assiette du vélo et conserver un certain équilibre.
D’entrée de jeu, la sensibilité et l’adhérence me prennent une fois de plus à contre-pied ! Même très gonflé, chaussé de carcasses Exo habituellement en défaut sur terrain rocailleux, le Zesty offre un grip remarquable qui met en confiance…
Je me prends donc au jeu et sort l’attaque. À 27% de SAG arrière, le débattement est libéré. Le comportement du vélo permet d’être vif et précis dans les changements de trajectoires et une réserve de débattement reste disponible sur les plus gros impacts. Ça peut aller vite, très vite ! Couplé à 22,5% de SAG avant, l’équilibre est bon : le vélo devient stable et accélère dans les successions de grosses marches. On en vient à attaquer dans les pif-pafs entre les mottes, les pierres, les buissons, les arbres…
Au delà de ces valeurs, le vélo semble dépasser un optimum. À 25% de SAG avant : l’appui fuit sous les bras. Idem passé 30% de SAG arrière : là où le grip était phénoménal et finement dosable, il devient inconstant et moins gèrable. Le rythme et la confiance baissent. Le vélo, et moi avec, perdons en contrôle et finalement, en assurance.
Je reste donc à 27% de SAG arrière, et tente de garder 25% de SAG avec un token, puis deux, dans la Pike. Non montée d’origine, mais livrée avec le vélo, ces deux cales justifient alors leur présence dans le package et viennent judicieusement remplacer l’usage du réglage de compression dégradant davantage le grip… Ça y est, le Zesty ne me parait plus « trop petit » mais ajusté à ma taille. Bien posé pour pédaler comme pour attaquer, c’est l’heure d’en faire plus à son guidon !
La suite ?
Passé ces premiers essais, le Zesty est incontestablement un all mountain qui ne demande qu’à avaler des kilomètres, dans un sens comme dans l’autre. C’est donc sur un programme résolument « à la pédale » que je base cet essai. La navette reste sagement au parking et la carte me rappèle déjà les virées emblématiques du secteur. À l’heure où j’écris ces lignes, nous avons déjà parcouru près de 100km, franchi 3500m de dénivelé et passé 8h30 ensemble.
Le Zesty filtre ! roule ! joue ! Il ne m’aura fallu que peu de temps pour m’enthousiasmer. Réellement étonné par le comportement de ce vélo que je craignais comme une arbalète trop tendue « Ça filtre et c’est drôle tout ça ! Je vais m’amuser sur ce vélo ! » auront été mes premières notes d’essai. Elles donnent le ton pour la suite, même si un autre souci m’anime maintenant… Trainer les roues du Zesty là où je pourrai mettre à mal cet équilibre pour mieux cerner, et mieux détailler le pourquoi et ses limites :
- remplacer les carcasses Maxxis Exo pour cerner leur impact
- utiliser les Mavic Crossmax XL Pro d’essai pour cerner qui filtre si bien sur ce Zesty
- remplacer les grips « à lamelles » d’origine pour cerner leur part dans le ressenti
- mettre l’e:i Shock à l’épreuve pour cerner ses limites
- faire un tour en montagne, tant que l’absence de neige le permet encore
- pousser le jeu du chrono, pour voir jusqu’où peut aller ce « petit vélo »
- trouver un terrain de jeu encore plus joueur pour voir à quel point est-ce un jouet
Une liste qu’il me tarde de compléter de vos questions constructives en commentaire. À bientôt, la nouvelle année passée, pour le verdict 😉