Dans les tuyaux – Essai du Devinci Troy RR 2016

Au creux des gammes et des tendances, entre la Descente et le Cross-Country, l’Enduro, puis le All Mountain, ont dû se faire une place. Autour de 160/170mm de débattement pour la première, 140/150mm pour la seconde… Et si, finalement, à l’avenir, 150mm devenait une référence unique et limpide pour la majorité de ces vélos que l’on aime tant, voués à pédaler et s’amuser, quel que soit le terrain ?

Canyon Spectral EX, Commençal Meta AM V4, Lapierre Zesty 827… À l’avant, à l’arrière, ou les deux, tous ont en commun cette fameuse valeur de débattement. Est-ce trop ? pas assez ? que permet-elle ? Déterminer les capacités de chacun est devenu un axe majeur de mes enquêtes à leurs guidons. L’essai du Zesty, à paraitre d’ici quelques jours, en sera une nouvelle fois la démonstration.

À mon sens, tout laisse penser qu’avec un peu de travail, un bon enduro qui grip, joue et pédale sera en 150mm un jour ou l’autre. Et si j’ai choisi d’exposer ce ressenti, ici et maintenant, c’est bien parce qu’il est devenu clair et limpide au guidon du Troy, dont l’essai est désormais dans les tuyaux…

 

 

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Devinci Troy RR 2016

[cbtabs][cbtab title= »Prix »]6799 euros [/cbtab][cbtab title= »Poids »]13,520kg (annoncé, taille M, sans pédales)[/cbtab][cbtab title= »Fiche produit »]http://www.devinci.com/bikes/bike_705_scategory_166[/cbtab][/cbtabs]

 

Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas un carton, mais une housse Biknd, nouvelle marque au catalogue Sabma, importateur Devinci pour la France, qui livre le vélo. Non, elle n’est pas offerte avec le vélo, mais gracieusement mise à disposition pour un premier essai. Que les intéressés se manifestent, on y reviendra…

Qu’importe ! Avec un nom pareil – Troy – c’est bien ce qui se trouve à l’intérieur, plus que l’emballage, qui mérite toute l’attention ! C’est en extirpant le cadre de son écrin que ce Devinci marque des points et les esprits. Place à la version aluminium du nouveau châssis canadien. Premier constat : même avec une valeur marchande 500 à 600€ plus basse que l’équivalent carbone, cette version métallique n’est pas un équivalent au rabais…

À tous les étages, les standards en devenir, et bon nombre de choix techniques laissent penser que le Troy est bien au rendez-vous fixé à cette plateforme polyvalente attendue chez les canadiens : incarner une nouvelle génération de vélos qui passent partout, « excellent dans les montagnes et donnent envie de les soulever » aux dires de la marque.

Quoi qu’il en soit, la cohérence d’une gamme passe par des faits concrets. Il doit y avoir une réelle différence entre aluminium et carbone pour que chacun soit convaincu de trouver son bonheur. Plus que de simples lignes plus fluides, le poids, près d’un kilo (940g) annoncé, sépare le châssis alu (3,72kg) du châssis carbone (2,78kg) ! Quelques choix techniques diffèrent également…

Certains diront qu’ils profitent, d’autres qu’ils pâtissents des caractéristiques de l’aluminium, c’est selon…

 

 

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Une différence… de taille !

Ceux qui ont eu un Spartan entre les mains, et ceux qui les ont côtoyés, se posent très certainement la question : comment taille le Troy ?! Effectivement, c’est connu et reconnu : le Spartan, historiquement inspiré du prototype utilisé par Steve Smith pour les controversés Championnats du Monde de Descente de Pietermaritzburg en 2013, taille petit.

« Un reach 25 à 30mm plus long que le Spartan… »

Mais si j’insiste pour placer le Troy parmis une nouvelle génération de vélos ludiques, c’est bien parce que ses côtes, celles qui conditionnent la position du pilote, ont grandement évolué, démontrant les efforts d’adaptation de la marque. Une seule valeur suffit à justifier ces dires : le reach – qui traduit la longueur offerte au pilote entre ses deux appuis principaux, pédalier et direction – est plus long de 25 à 30mm selon la taille.

Une différence importante qui frappe dès les premiers tours de roue. Taille L pour mon mètre quatre-vingt deux, le Troy parait plus grand ou dans la tendance des Meta AM V4, Spectral EX et Zesty 827 roulés dernièrement. Moi qui trouve certains parfois un poil petit, pour une raison ou une autre, me sens particulièrement bien posé. Etre au centre de la plage de taille annoncée par la marque (1m78 à 1m87) est une théorie qui se confirme sur le terrain, à l’usage.

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Tant qu’on y est, puisqu’il s’agit de parler géométrie, il faut noter que le Troy est fidèle à ce que les Devinci proposent : le choix entre deux configurations dont la hauteur du boitier est la dimension référence. 5mm séparent les positions Hi et Low. Un choix qui s’opère via un excentrique qui conditionne la liaison haubans/biellette basculeur.

Me laissant guider davantage par l’envie de rouler que par l’idée de pinailler d’entrée de jeu, c’est sur la position Low tel que le vélo m’est livré que j’effectue mes habituels premiers réglages…

 

 

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Salut copain !

Si je me laisse à penser que le Troy a tout de ces vélos qui peuvent incarner la nouvelle génération de nos montures préférées, ce n’est pas seulement à la simple vue du cadre et de ses côtes. C’est aussi à sa prise en main, sur le message que les premiers tours de roue suggèrent : salut copain ! tu veux jouer avec moi ?!  Certains détails du montage n’y sont pas étrangers. Ils suggèrent le programme à venir, et toutes les c*****ries envisageables. Du moins, ils donnent des idées…

D’autres par contre, plus conservateurs, laissent perplexe et intriguent, quitte à rappeler à l’ordre. Certains signent poussent à l’optimisme, d’autres à la retenue… Et c’est, entre autre là, qu’à mon sens, il y a encore du chemin à faire avant que l’enduro idéal en 150mm ne voit le jour…

Dans tous les cas, les premières impressions de précision, d’équilibre et d’adhérence laissent penser qu’il va y avoir de quoi s’amuser…

 

 

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Tout est permis ?!

Il faut oser avancer qu’un 140mm/150mm pourrait bien être la panacée pour beaucoup. S’il y a bien un point qui m’a conforté avant d’écrire ces lignes, c’est l’équilibre des suspensions, et leur comportement, mis en évidence sur boucle test. Des vélos précédement essayés, j’ai retenu une nécessaire précision dans les ajustements avant/arrière, ou bien une plage de réglage mince. Le Troy est en dehors de cette tendance.

« D’elle même, la géométrie est saine et fait déjà le plus grand bien. »

Pour commencer, le Troy fait partie de ces vélos au guidon desquels on pourrait presque oublier de débloquer les suspensions avant de se lancer dans la pente. J’exagère, mais à avoir commis l’impair, je me suis laissé surprendre à plusieurs reprises par le comportement sain et rassurant du Troy dans cet exercice. Si ce n’est pas forcément une habitude à prendre, ce trait caractéristique est révélateur d’un vélo bien taillé. D’elle même, la géométrie est saine et fait déjà le plus grand bien. Elle ne compte pas sur la suspension pour compenser quoi que ce soit d’équilibre.

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Résultat, lorsqu’il s’agit de s’amuser avec les suspensions, le Troy offre une grande liberté de réglage ! Pour avoir tout exploré de 25 à 40% de SAG arrière, une multitude de solution s’offre à moi, et tout fonctionne toujours dans des limites d’équilibre et d’adhérence rassurantes : de 25 à 30%, 1 spacer suffit dans le Monarch. entre 30 et 35%, un second s’impose. Au delà, un troisième est nécessaire pour s’approcher des 40%. Trois spacers, c’est justement ce qui semble être livré d’origine sur le Troy… 40% et trois spacers ? Quand je dit que ce Troy promet…

« Grip qui va bien puis durcissement toujours à propos pour contrecarrer l’impact… »

Dans tous les cas, la suspension arrière est la bonne illustration de ce que l’on peut appeler une cinématique progressive : grip qui va bien dû à une bonne sensibilité en début de course, puis un durcissement qui parait toujours à propos pour contrecarrer la force de l’impact. D’un extrême de SAG à l’autre, 3 clics de détente plus ouvert lorsque le SAG augmente, suffisent pour s’accommoder du changement. Bref, de 25 à 40% de SAG, on ajoute un spacer, et l’on retire un clic de détente par palier de 5%. Rien de plus simple.

Je parle d’équilibre, j’en dit long sur les possibilités offertes par la suspension arrière, et je n’ai pas évoqué l’avant ? Tout bonnement parce que c’est aussi facile. En piochant entre 22,5% et 30% de SAG, tout est possible, sans tomber dans l’excès. Il suffit de d’accorder les deux : SAG faible à l’arrière = SAG faible à l’avant, et inversement. Pas nécessairement besoin de Token et/ou de chercher à compenser un déséquilibre avec les détentes ou la compression…

 

 

La suite ?

Avec un tel panel de possibilité, la suite de l’essai est aussi excitante que vaste. Quels réglages de suspension choisir ? Quelle hauteur de boitier – Hi ou Low – aura ma préférence ? Me connaissant, je ne pourrai pas résister à l’envie d’aller vers cette intuition qui m’anime depuis quelques temps : à quel point un 140mm/150mm est-il capable de jouer sur le terrain des véritables enduros en 160mm ?!

Les échanges en commentaires à l’occasion des précédents essais ont soulevé la question. Je pense avoir l’occasion de trouver quelques éléments de réponse avec le Troy. À quels points de géométrie, de montage, de réglage et de pilotage se fier…?

Réponse à travers les échanges constructifs en commentaires ci-dessous, et via le Verdict de cet essai à découvrir de pas >https://fullattack.cc/2016/02/verdict-devinci-troy-rr-2016/ 😉

Rédac'Chef Adjoint
  1. Ce bike m’attire vraiment et bientôt peut être…….Mais, oui il y a un mais ! la géométrie a changée pour 2016 et le vélo s’est vraiment allongé avec un reach de folie voire même jamais égalé ! 464mm en taille L en mode HI. Presque ça fait peur.
    Hâte de lire ton ressenti et essai de ce vélo. D’autant il faut rajouter la garantie à vie pour le cadre.
    Seul bémol le tarif, car à ce jour l’ euro est nettement plus favorable en face du dollar canadien,
    en gros 1 euro = 0.66$ canad, le prix de vente ne s’en ressent pas trop !! Ou alors l’acheter au Québec.

  2. @Tof, je mettrais la position Hi à l’essai. Je suis pour l’instant en Lo, avec grand plaisir. 460mm de reach dans ce cas de figure, c’est à un millimètre près comme le Zesty AM également à l’essai (461mm), comme quoi ce n’est pas si excessif 😉 Ce qui est sûr, c’est qu’avec une telle longueur, ça participe à l’impression d’équilibre et de facilité de réglage que je ressent au guidon du Troy…

  3. Salut .J’ai commander la version carbone que je dois recevoir courant février , j’ai vraiment hâte de l’avoir dans mon garage en lisant ton article !!!

  4. Merci Antoine. Comme quoi la géométrie sur le papier et en dynamique n’est pas forcement la même. En fait quel est l’intérêt du split pivot et donc du réglage HI & LO, est ce d’ailleurs un avantage technique ou plus marketing ?? En tous cas le vélo est un pur régal au regard…..et permet de différencier l’offre….. J’attends ton résumé de cet essai avec grande impatience. A++

  5. J’attends le comparatif (et l’essai) avec le spectral 8.0 EX. Comment justifier quasiment 3000€ à équipement égal pour 2 vélos qui sont dans la même catégorie…

  6. Salut.
    J’ai deux questions:
    – Que vaut cette version contre la version carbone RS qui est plus abordable (3999€)?
    – J’ai actuellement un trek remedy Alu de 2011 avec le même type de système que le split pivot. Y’a t’il une grosse différence de comportement?

    Bravo pour tes essais.Il sont plus qu’intéressants. Il faudrait que tu en fasses toutes les semaines!!! 🙂

  7. Le cadre est garantie a vie pour le premier utilisateur. On ne le dira jamais assez et la garantie sur le cadre devrait apparaître dans chaque test !
    140 mm à la roue arrière cela me semble juste pour un enduro. Mais effectivement ce test va pouvoir nous éclairer.
    D’autre part dire que 140 mm soit la référence est réducteur. Mon strive carbone en 160 mm est bien plus léger. De plus avec le shapeshifter je peut passer en 130 mm pour les montés. Du coup je pense que le strive carbone en 160 mm est plus polyvalent que le troy ou le Commencal meta v4. Tout cela pour dire que chaque vélo à des caractéristiques qui lui sont propres et qu’il est difficile de réduire le caractère d’un vélo à son débattement à la roue arrière. En tout cas enduro 150 mm = vélo de synthèse risque de faire couler beaucoup d’encre et pendant longtemps !

  8. après on peut pas dire que un bike est différent d’un autre pour 1 cm de débattement .. il y a l’angle de direction (on ne va pas dire qu’un bike est diff de l’autre pour 0.5 degré) … j’ai quand même l’impression que les bikes enduro/all mountain sont proches en géométrie .. et qu’il est difficile de les différencier juste en regardant la géométrie papier….

  9. @Tof, ta question résume bien en quoi il est important pour moi d’essayer les deux positions > tu peux compter sur une réponse détaillée au sein du verdict, très vite 😉

    @Benoit, ce n’est effectivement pas sur le terrain de l’équipement que la différence se justifierait. Je suis par contre convaincu que chacun a son propre lot de sensations à apporter. Mon rôle est de les préciser et les quantifier au mieux. Libre ensuite à chacun de juger de la valeur qu’il accorde à ces différences de comportement qui, par essence, n’ont pas de prix…

    @Fabio, je ne peux pas répondre de manière catégorique à tes questions : je n’ai pas eu l’occasion de rouler le Carbone RS et le Remedy. Concernant le premier, je pense tout de même que l’on doit retrouver la même cohérence géométrie / suspension, à savoir équilibre et liberté de réglage. Resterait à juger dans quelle mesure l’apport du carbone et le comportement du montage différent d’autre part accentue ou atténue ces traits de caractère.

    @ ratm, comme tu le dis, réduire à la seule valeur de débattement est réducteur, d’autant qu’on le voit avec le Troy : en dynamique, certains éléments de géométrie on une part d’influence non négligeable sur ce qui peut être fait de ce débattement. Et dans ce domaine, ça fait plusieurs fois que je note certains traits de comportement plus intéressant sur ces vélos à faibles débattement, qu’avec d’avantage de course. Plutôt qu’une « synthèse » parmis l’existant, je pense qu’ils peuvent être un bon repères pour continuer à faire évoluer nos montures. Et en matière d’évolution, quand on voit à quelle vitesse les nouveautés sortent, je fais confiance aux chefs produits du milieu… J’ai juste envie de dire que par ici, il y a de quoi s’inspirer 😉

    @ Pierre, pour aller dans la continuité de ce que j’écrivais précédement : il y a effectivement des tendances, mais surtout des choix : compromis ou parti-pris, selon les marques. Chaque paramètres pris individuellement ne créé pas la différence, mais le tout, plus ou moins cohérent, formé par l’ensemble. L’un n’est rien si les autres ne s’accordent pas. C’est sur ces liens que se créé la différence 😉

  10. Bonjour, j’adore ces tests, le protocole, la rédaction, les photos. vraiment ça change du « le meilleur vélo que nous avons jamais testé » trop présent à chaque nouveau test dans la presse.
    Une idée pour de futurs tests : pourquoi ne pas tester un « vieux » bike genre SC Blur LT2 qui dominait la catégorie des AM à sa sortie, il y a 5 ans, autant dire une éternité . Cela permettrai de mettre en perspective les évolutions en matière de comportement, polyvalence,… Je ne parle pas ici de taille de roue mais bien de géométrie et philosophie des bikes. Deuxième retour que cela donnerai aux lecteurs, c’est sur le marché d’occaz. On y trouve pas mal de ces « vieux » vélo (575, blur LT2, entre autres) peuvent ils être toujours dans le coup en choisissant judicieusement la taille et en y apportant quelques modifications sur les perifs comme la longueur de potence (qui roule avec une potence de presque 100mm de nos jours?).
    En tout cas j’ai hâte des futurs tests.

  11. @fecom : je suis passé d’un bon vieil heckler à un dixon qui est à peu de chose près l’ancien 26″ similaire au troy .

    C’est sur que ça marche fort. Je dirais que ça fait tout en mieux. Ca pédale mieux, dans le très technique c’est à la fois plus stable et tout aussi maniable. Dans le rapide c’est un rail, tout en restant bien joueur.

    En fait, j’ai l’impression que ces vélos modernes en 150mm gomme les défauts des anciens vélos qui était soit trop stable (long en empattement) et peu maniable, soit joueur, mais peu stable dans le défoncé.

    Après n’oublions pas que le vélo c’est ce qu’on en fait… Un 575 ou un blur LT2, ca reste des bons vélos, qui à mon avis conviennent à 95% des pilotes…

    C’est sur que pour qui cherche la grosse performance en enduro series avec un niveau au top Français, c’est un autre monde entre ces deux générations de vélos.
    Mais pour le VTTiste lambda, je suis convaincu qu’il ferra à peine mieux au guidon d’un Troy qu’au guidon d’un 575…

    En fait, il faut surtout voir le prix qu’on paye ces machins d’anciennes générations, et l’état dans lequel on les trouve. Si c’est pour payer 600 ou 700€ un cadre d’occasion rincé, avec des roulements à changer et un amorto à réviser complet, autant chercher un bon coup sur un truc récent.
    Malheureusement, la côte de ces vélos has been a tendance à être quand même bien élevé, malgré le fait que ce soit dépassé techniquement et au niveau des standards (pas d’axe traversant arrière, pivot droit…). C’est le charme des marques US de prestige…

    ++

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