Cette saison, le Team Rocky Sports continue de nous faire vivre de l’intérieur, ses aventures sur le circuit des Coupes de France Enduro Series. Enfin, du bord de piste cette fois-ci. Ce sont les accompagnateurs : amis, parents, photographes, supporters, qui prennent la parole pour nous faire part de leur manière, souvent atypique, de vivre un week-end de course.
Cette fois, c’est Jean Lou Arnaud, père de Quentin, qui nous livre son récit. Ou comment un amoureux de belle montagne et d’aventure sauvage se retrouve en bord de piste, boitier photo en main, pour suivre son fils, et ses amis. Un bon esprit, une vision et plein de bonnes choses à retrouver au fil de son week-end borderline…
Temps de lecture estimé : 10 minutes – Texte & photos : Jean Lou Arnaud
Au sommaire de cet article :
- Retour sur les terres d’origine…
- Le clan…
- Borderline ?!
- L’impro, ça fonctionne aussi…
- Montagne et aléas…
- Un dimanche…
- … En montagne !
- L’heure du bilan…
Retour sur les terres d’origine…
Ça y est, nous y sommes… Me re-voilà à Allos… 7ème fois en 8 ans ! Jamais en tant que participant ; j’ai roulé à une époque à Valloire ou Samöens, mais j’ai vite compris que l’engagement, la technicité et le physique augmentaient de plus en plus. Alors j’ai préféré accompagner mon fils Quentin, et explorer les environs sur mon VTT, ce qui m’a permis de découvrir un tas de paysages et de chemins depuis Millau en passant par Raon l’étape, voir la Thuile, Finale…
Ici c’est particulier : des spéciales infinies et magnifiques pour l’Enduro, et des rides All Mountain pour moi sur les crêtes de l’Autapie, les lacs des Lignins ou au dessus du Col d’Allos. Un pur moment de bonheur tout amateur de sentiers d’alpages et de forêts de mélèzes. On n’est pas sur le départ des traces permanentes de la TransVerdon pour rien.
Cela ne m’empêche pas de parcourir ensuite le bord des spéciales pour faire des photos du gosse, puis des copains. Le cercle s’agrandit vite, la convivialité règne dans la discipline, surtout lorsqu’on préfère délaisser le confort aseptisé des appartements de location pour le bivouac. Les tentes deviennent minoritaires par rapport aux fourgons mais le coté roots demeure.
Le clan…
Les Rockys Sports sont là, depuis toujours même si des têtes changent un peu… D’ailleurs, c’est comme ça que Quentin est devenu un des boys du clan. Les pilotes du team Chamrousse sont également du campement, ils partagent un sacré bout d’histoire avec les rockys, deux massifs bien proches ! Même Bapt (Gaillot) en convalescence vient passer le week-end pour arpenter les bords de piste.
Un temps de déballage ; montage du campement, des vélos, des pneus à choisir pour demain… C’est plutôt décontracté, on prend des nouvelles de Lucas qui s’est blessé au coude la veille et qui est forfait, on parle surtout mécanique. Personne dans son coin, chacun attentif aux autres, c’est un état d’esprit qui me parle !
Repas en commun, cette fois c’est Xavier qui a préparé, tarte aux courgettes, maxi taboulet, sous les fumées de merguez des voisins, et plateau de fruits de la Drôme. Soirée sans stress, on discute des horaires et du lever pour organiser le départ. 10h tout le monde couché.
Borderline ?!
J’ai une plaque photo depuis 3 ans, ce qui me permet de suivre les spéciales de manière bien plus efficace – et moins physique – qu’auparavant. Une spécificité des enduros est d’avoir conservé un espace plutôt naturel, donc vaste par définition. Il est difficile d’aller sur les zones les plus belles ou les plus hautes de la course. Pour une fois je pars sans vélo et prend les remontées à pied, quelle erreur !
La journée commence par 2 longs chronos sans reconnaissance, c’est parti, très fort pour ceux qui connaissent la ligne du flanc qui mène au rocher de la tune – plus de 60km/h pour certains.
Quelques images, mais pas tant que je veux car mon sac photo mal calé dévale la pente et je dois courir pour le rattraper avant qu’il ne roule jusque qu’au premier tronçon.
Le problème est que les pilotes ne passent qu’une fois, pas d’essai, la photo est bonne ou tu attends le deuxième passage, 2 heures plus tard. Frustrant… Si je suis parti à pied du sommet pour une fois c’est que l’enchaînement de la journée me permettait de descendre en suivant la course petit à petit jusqu’à la station sans manquer un passage ni m’encombrer du vélo puisque je n’avais pas à remonter d’autres versants. Mais finalement, la journée s’est avérée plus compliquée…
L’impro, ça fonctionne aussi…
Je m’étais décalé au bout de la crête pour un endroit bien fleuri et un plan serré avec mon téléobjectif. L’attente… un blessé en bordure de piste, pas d’interruption de la spéciale 1 car le passage restait possible. Le traumatisme étant sérieux, une évacuation a été programmée en 2 temps ; médecin, puis hélitreuillage.
Pas question pour les pilotes de se lancer sur la deuxième spéciale. Et le ciel devient bien gris… Décision de course un peu tardive mais j’y reviendrai, tout le monde descend faire la reconnaissance de la SP2 en attendant l’hélico et remontera ensuite au sommet pour ne pas perdre trop de temps.
Je suis déçu, c’est bien plus bas et je n’ai pas le temps de descendre. Une volée de photos en moins, mon vélo me manque… Tant pis, en reco les pilotes sont moins dedans, ça se voit sur les images, je reste pour la suite et cherche une belle épingle qui entre intégralement dans le cadre… L’orage arrive, pas top ; d’où je suis je ne vois rien mais je comprends vite que le télésiège va s’arrêter sous peu, j’entends au loin que des pilotes sont montés. La course est coupée en 2, et il pleut, fort.
Quand des ruisseaux commencent à se former sur le trail je descends en m’abritant comme je peux – qui a dit de ne pas se mettre sous les arbres en cas d’orage ? Je prends des nouvelles auprès d’un commissaire en bord de piste : spéciale annulée ! Je descends jusqu’à la spéciale 2 qui sera faite 2 fois comme prévu, mais en partant 400m plus bas car un deuxième orage menacerait…
Un peu d’attente, Bernard doit amener son chrono sur le nouveau départ. Je demande où me placer, Xavier me parle un ruisseau juste en dessous, Quentin me dit que bien plus bas il y a des virages bien serrés pouvant être sympas. Quand j’ai le temps je choisi mes angles, mais l’impro ça fonctionne aussi, et ce sera la marque de ce samedi. Je descends par la piste et constate que le bon grip du matin est devenu savonnette.
Montagne et aléas…
Que retenir de cette première journée ? Un mauvais enchaînement de situations ?! Une trop grande confiance en la météo lorsque certains pilotes sont montés pour la deuxième spéciale ? Un pessimisme excessif annulant un départ au sommet pour la dernière spéciale ? Toujours est-il que si les pilotes ont été frustrés de ne pas avoir assez roulé, la sensation fut passagère, car tous comprennent ce que pense Alex Balaud : quand on prend des décisions en haute montagne ce n’est jamais simple. Ce qui est certain, c’est qu’en montagne si on accumule les aléas, les conséquences risquent d’être exponentielles…
Retour au bivouac après lavage des vélos, un peu de mécanique, on compte les bosses pour Axelle qui s’en remettra vite. Paul est serein comme toujours, il est est bien placé au classement provisoire et s’offre une petite bière. Xavier est relégué en fin de classement après une crevaison au début de la seule spéciale longue de la journée. Yoel est mitigé sur sa journée, et Quentin est plutôt content car il s’est fait un petit malaise en début de journée et finit bien.
Florian Baladier vient rejoindre le campement, lui aussi n’a pas eu trop de chance aujourd’hui.. Peu de commentaire, personne ne se met en avant, bien classé ou non. chacun évoque les traces, le plaisir de rouler, les galères mais jamais sa propre performance. Cela reste un sport où chacun se recentre sur son pilotage, une affaire personnelle. Le format en départ décalé est certainement lié, bien qu’ayant fait des mass-start comme la méga ou la MOH, j’ai retrouvé un état d’esprit similaire. Respect.
Un dimanche…
Dimanche, ordre de départ inversé ; les premiers partent les derniers, ça arrange tout le monde sauf Xavier, et Axelle car les filles sont maintenues en catégorie après les juniors et donc peu mise en avant. Levé tôt, j’ai malgré tout du mal à suivre le rythme, je laisse tout le monde rejoindre le paddock pour le petit déjeuner, je prends mon temps et décide… de monter en vélo, plus lent mais plus sûr de pouvoir me déplacer à ma guise. Et j’aurai le plaisir de fermer les spéciales avec mon gros sac de 10kg dans le dos !
Journée chaude, qui se déroule sans encombre ; je reste entre alpages et forêt, il y a plein de sites magnifiques. Ils sont pour la plupart déserts car inaccessibles en voiture ; les télésièges sont réservés aux 320 pilotes et seuls les bas de pistes sont animés. Un peu dommage pour l’ambiance et le spectacle, en même temps il y a un coté sauvage et pour ceux qui ne voient que l’arrivée cela donne un aspect assez mystérieux sur la réalité de la course ; effort physique important pour les spéciales longues (je mets bien plus d’un quart d’heure pour descendre à mon rythme), technicité et prise de risque aussi.
…En montagne !
Un passage sur l’aire d’arrivée me permet de me renseigner sur les positions du jour, le système de chronométrage en ligne s’avère encore une fois aléatoire. J’en viens même à penser qu’il vaudrait mieux ne pas le proposer car c’est plutôt désagréable de voir passer son fils et de ne pas trouver son temps à l’arrivée… Je ne suis pas d’un naturel inquiet mais c’est embêtant de se reposer sur la technologie quand elle ne suit pas.
J’ai entendu des parents heureux de voir leur fils bien classé sur le live, ne s’étant pas rendu compte qu’il manquait les dossards 25 à 100, et aucune fille enregistrée… Un petit effort serait bienvenu de la part de l’organisation pour réellement trouver un moyen de faire vivre ces courses ! Il y a des systèmes qui fonctionnent même en haute montagne !
L’heure du bilan…
Mal aux jambes du samedi, insolation le dimanche, levé trop tôt pour un weekend, des tonnes de km pour rejoindre le domicile, le McDo traditionnel à Gap forcé par la troupe pour le retour… C’est ça aussi, un week-end en compagnie du Team Rocky Sports !
Mais une ambiance indescriptible, des gars et (trop peu) des filles qui échangent sur les photos que je fais, sur les chemins que j’ai pu trouver dans le coin, sur la course, l’aménagement des fourgons… ou viennent simplement dire bonjour au père de Quentin.
Une belle bande de potes qui partagent une passion, avec simplicité, j’ai l’impression de vivre un bout de leur weekend et ça me remplit pour la semaine ! Alors va savoir si je n’irai pas encore poser mon fourgon cet été au pied du télésiège de la méga, à Zermatt ou je ne sais-où encore…