A l’occasion des 20 ans de la Megavalanche de l’Alpe d’Huez, nous avons décidé de vous proposer un regard amateur et qui plus est féminin de cette course mythique. Pour ce faire, nous avons confié une plaque Presse à Charlotte Crombet (qui s’est remis au VTT l’été dernier après plus de cinq ans de pause) pour disputer sa toute première Mega…
A l’assaut d’un mythe
La semaine dernière je suis remontée sur un vélo à l’occasion de la Megavalanche de l’Alpe d’Huez. Une course mythique et réputée pour tout vététiste tant par son dénivelé que par son effrayant glacier… Une première pour moi, un défit, une envie, une folie… Heureusement, j’ai un coach de qualité, Théo Galy. Voici le récit de notre semaine pour ma première Mega.
Lundi
14h00. On prend la route pour la Megavalanche qui se déroule à l’Alpe d’Huez. 5 jours de vélo, 2 personnes, ça fait un gros chargement.
5h30 de route, j’ai beaucoup de questions, la pression commence à monter… Comment se passent les qualifs ? Est-ce que toutes les filles se qualifient ? Quel rythme ? Comment sont les parties physiques ? Est ce que le technique est technique ?
Mardi
8h30. On se réveille, on avale rapidement un petit dej’ en terrasse. Il fait un grand soleil, difficile d’être patiente, cela fait déjà 5 ans que je n’ai pas roulé dans les Alpes…
9h00. On commence tranquillement les repérages du tracé de la Mega, la partie basse jusqu’à Allemont. Une partie très descendante, pas mal de virages. C’est le début de la semaine, les pistes permanentes sont encore propres. En revanche c’est très sec et il y a beaucoup de poussière. Le but est de repérer au maximum les trajectoires les plus intéressantes.
J’aime vraiment cette partie très descendante en sous-bois, beaucoup de racines, beaucoup de virages…La partie basse est rapide ! Ça commence vraiment bien !
En bas, nous avons un peu de public : des chèvres !
On reprend la navette d’Allemont, direction Oz-en-Oisans. Pour redescendre sur l’Alpe d’huez, on prendra le tracé des qualifs, c’est technique, dans les rochers. J’adore ça !
13h15. Nous avons fait une bonne matinée, il est l’heure de se ravitailler. Yoan Barelli se joint à nous pour le repas. Quelques conseils supplémentaires pour la course… « la première victoire c’est d’arriver en bas ! » Lui n’y est toujours pas arrivé ayant pourtant pris plusieurs fois le départ…
Nettoyage des vélos et repos, il faut s’économiser la semaine va être longue.
Mercredi
8h30. Rendez-vous devant le télécabine avec Rémy Absalon. Aujourd’hui, nous allons affronter le glacier et reconnaître l’intégralité de la Mega. Effectivement, il est impressionnant. Encore plus vu d’en haut ! Il faut se lancer, pas le choix !
Il fond assez rapidement, la neige laisse apparaître beaucoup de parties rocheuses, la neige est molle. C’est très dur de rester sur le vélo.
Dans le deuxième mur, Théo me fait une démonstration « C’est comme ça qu’il faut faire ». Il est fou ! J’opte pour une technique plus sûre mais beaucoup moins stylée, un pied sur la pédale et l’autre au sol…
On enchaîne sur un sentier technique, il commence à y avoir du monde sur les traces. Cela ne paraît pas mais cette partie est très physique, on alterne entre descentes, petites montées, bourbiers en altitude.
La seconde partie, nous l’avons déjà vu hier, c’est l’occasion pour tester les trajectoires repérées la veille et essayer de mettre un peu de rythme. L’arrivée à Allemont marquera la fin de cette deuxième journée de reconnaissance. Nous avons enchainé tout le tracé de la Mega. Demain, on s’attaquera au parcours des qualifs.
Jeudi
9h30. Aujourd’hui nous prévoyons une petite journée. Demain, la course démarre par les qualifs.
C’est une journée déterminante, plus pour les garçons que pour les filles, puisque le résultat du vendredi (sur chacune des 10 vagues) détermine la qualification dans telle ou telle Mega (amateur, inter affinity) et surtout la place sur telle ou telle ligne de départ. La ligne A étant la plus convoitée.
Pour les filles (beaucoup moins nombreuses), pas de stress de se qualifier ou non, il n’y aura samedi qu’un seul départ Méga Ladies, avec deux lignes de départ attribuées en fonction du résultat des qualifs.
Le tracé a beaucoup changé, finalement il sera moins technique. Dommage, j’adorais cette partie !
Vendredi
9h30. On se prépare et on prend le télécabine, mon départ est à 12h30 mais il y a une liaison d’une vingtaine de minutes et de l’attente au niveau du téléphérique pour monter au départ des qualifs…
Nous sommes en ligne, la pression monte…
C’est parti pour un run de 20 minutes, les filles ne sont pas plus dociles que les garçons. Sans surprise, les parties physiques me pénalisent, je me retrouve derrière les mauvaises roues pour les portions techniques.
Les filles me repassent très vite dans la piste en montée, je donne tout pour repasser devant dans la dernière partie « technique ». Je passe la ligne d’arrivée épuisée en 17ème position.
L’après-midi, ce sera détente, la course pour les fille a lieu le samedi.
16h00. Rendez-vous pour une petite douceur, on l’a bien mérité, devenue un rituel durant cette semaine 😉
21h30. Théo me donne les dernières consignes, je prépare mes affaires et on file au lit, demain la journée commence tôt.
Samedi
5h00. Le jour n’est pas encore levé quand mon réveil sonne. Bizarrement, je me réveille assez facilement. Je pense que le stress y est pour quelque chose ! Le rendez-vous devant le télécabine est fixé à 6h.
5h55. Tout le monde dort sur le paddock, le jour se lève tranquillement… et moi je monte sur le vélo.
7h12. Arrivée à 3300 m, on découvre le glacier. Il a énormément fondu par rapport à Mercredi. On discute en attendant d’être appelée sur la ligne de départ.
Je croise Cécile Ravanel, pour elle aussi c’est sa première Mega. La seule différence entre nous : elle est favorite !
8h02. Les filles sont appelées au départ en fonction du classement de la veille. Déjà 16 filles sur la ligne, je ne choisit pas vraiment ma place. Les filles délaissent le côté gauche pour éviter la neige.
8h29. Théo me rejoint sur la ligne de départ… Il trouve que je suis bien placée pour plonger directement dans le glacier. D’ailleurs, Cécile (Ravanel) m’a rejoint sur le côté.
Avant nous, les vélos électriques sont en place. Les conditions sont jugées trop dangereuses pour donner le départ et nécessitent des aménagements. L’attente en haut est longue et stressante. J’ai hâte d’être en bas. Pourquoi j’ai voulu faire cette course, faut être folle !!
9h00. Les VTTAE sont les premiers à partir, le départ est impressionnant… Ça glisse, il est quasi impossible de rester sur le vélo. Je m’échauffe, les discussions se font plus rares sur la ligne et les visages se crispent.
Ça y est, c’est à nous, le panneau 5 minutes se lève, j’ai le cœur qui bat à 200 000 à l’heure, 1 minute, la musique du départ se lance, « elle est stressante cette musique !! ».
30 secondes… 10 secondes … C’EST PARTI !
Un tour de pédale et nous sommes lancées dans le premier mur, l’anglaise à coté de moi me fauche et me fait tomber. Sur ma gauche, il n’y a pas de neige, je me laisse glisser et repart assez vite, je lève la tête, peu de filles sont devant moi, je prends de la vitesse. Sur ma route, un caillou plus costaux que les autres m’arrête violement. Je mets du temps à remonter sur le vélo, les premières filles ne m’ont pas attendu. Difficile de reprendre confiance après cette chute. Le deuxième mur arrive, je ne suis pas beaucoup plus efficace et tombe au bout de quelques mètres, la vitesse me fait glisser jusqu’à la fin du mur. Finalement c’est une bonne technique, nous arrivons en bas plus vite que les filles restées sur le vélo.
Les murs du glacier sont derrière moi, je rentre maintenant dans un long sentier technique. C’est une des parties que appréhende car je n’ai aucune préparation physique pour la course. Un groupe de quatre se forme et on poursuit ensemble. La deuxième partie du sentier est beaucoup plus physique et alterne entre bourbier, montée et descente. Les filles ralentissent, je prends la tête du groupe et les lâche assez rapidement.
A mi-course, nous voila sur une piste en montée. C’est la deuxième partie que j’appréhendais sur la course. Heureusement, il y a du monde dans cette montée. J’ai même le droit à une chorégraphie préparée par un petit groupe de « supporters ». Je n’ai plus d’énergie et souffre vraiment du manque d’entrainement.
La bonne nouvelle, j’aime bien la suite, en plus il me reste quasiment plus que de la descente. Je double assez rapidement les deux filles devant moi.
Au début, j’essaye d’amortir et de sauter au dessus des racines, mais la fatigue se fait sentir. De plus les pistes roulées pendant les reconnaissances sont vraiment défoncées, j’ai du mal à rouler propre. Il est difficile de tenir le guidon, j’ai les bras et les mains tétanisés. Je suis seule, personne devant moi, personne ne revient derrière, j’assure ma descente jusqu’à la ligne d’arrivée.
Me voilà en bas, je suis contente de l’avoir fait, et je suis heureuse d’avoir terminé. Les podiums et les résultats ont lieu en fin de journée pour les filles, pour moi ce sera une 16ème place.
Pour couronner le tout, les journalistes de TF1 sont en bas. Je ne sais pas si je suis phénoménale mais je suis passée au journal de Claire Chazal (lien du reportage en replay) !
Une chose est sûre, si je reprends le départ un jour, j’arriverai plus préparée !
Un immense merci à Endurotribe de m’avoir permis de vivre cette expérience, à Cébé et Northwave de m’avoir accompagné, à Royal Suspension pour son travail de préparation, à Théo Galy de m’avoir supporté et coaché pendant cette semaine, à Thomas Lapeyrie et Kilian Bron pour leurs encouragements…