Il y a un an, le nouveau protocole de test Endurotribe entrait en vigueur. Il stipulait l’usage de roues références, utilisées sur la plupart des vélos à l’essai. Comme nous l’indiquions dans les tuyaux de cet essai, Les Mavic Crossmax XL Pro avaient nos faveurs du moment…
950 km et 75h de roulage effectif plus tard, qu’en est-il ? La question a son poids ces derniers temps. Nombre d’entre nous s’interrogent encore sur l’apport, le comportement et la fiabilité des produits d’Annecy, au moment même où la marque au « sang jaune » a, une nouvelle fois, remanié sa gamme…
Ce sont désormais les Mavic Deemax Pro qui se destinent à la pratique de l’Enduro. Qu’héritent-elles des Mavic Crossmax XL Pro ? Qu’apportent-elles de plus ? Autant de questions auxquelles voici quelques bons éléments de réponse…
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Base nécessaire…
Dans les tuyaux de cet essai, j’évoquais déjà mes premiers ressentis. La sensation que les Mavic Crossmax XL Pro ont la bonne idée de dynamiser la plupart des vélos sur lesquels elles prennent place. Les heures d’essai suivantes ne font que confirmer l’idée.
Elles s’accordent avec 80% des vélos essayés. J’entends par là qu’elles ont un effet bénéfique sur le comportement global de ces montures. Je suis plus réservé sur les 20% restant pour une simple raison : sur les vélos aux cadres « souples », les Mavic Crossmax XL Pro ne trouvent pas l’appui nécessaire.
Sur le Lapierre Zesty et plus encore, le Radon Slide 160, ces roues paraissent raides. À défaut de s’appuyer sur un bâti vraiment fixe, elles n’ont pas la possibilité de travailler, de s’exprimer. Elles transmettent toutes les contraintes, et les mettent au défi de tout gérer…
Nuances…
Reste que sur 80% des vélos essayés, les Mavic Crossmax XL Pro ont l’occasion de s’exprimer. Elles n’ont pas pour autant toujours le même effet. Sur une partie du panel, elles renforcent des caractères qui peuvent gagner à plus de fougue.
C’est le cas sur le Commençal Meta AM V4, le Mondraker Dune Carbon R et le Canyon Spectral AL EX 8.0. Ces 4 ont en commun des cadres qui offrent un bon compromis entre tolérance et précision. Les Mavic Crossmax XL Pro y apportent un regain de dynamisme, juste ce qu’il faut pour se permettre d’être plus entreprenant.
Sur le Devinci Troy RR, le Orbea Occam AM et l’Intense Spider, les Mavic Crossmax XL Pro jouent en faveur de cadres particulièrement raides. Sur ces trois là, les châssis offrent un soutien de premier ordre qui, au final, laisse les roues s’exprimer pleinement. En matière de toucher et de rebond sous l’appui, le caractère propre aux roues Mavic en aluminium ne s’est jamais autant exprimé.
Les bonnes directions
Justement, en quoi consiste ce caractère ? À force d’alterner les paires de roues, de monture en monture, il en devient presque limpide et prévisible. Les Mavic Crossmax XL Pro ont pour elles une belle maîtrise des rigidités frontales, latérales et torsionnelles. J’entends par là qu’elles savent faire la différence entre les trois.
Frontalement – dans la direction jante vers moyeu – elles offrent une certaine tolérance synonyme de confort. Au freinage, en ligne, comme sur la plupart des obstacles abordés vélo aligné à la direction du choc, les impacts ne sont jamais violents. Jamais les roues ne tendent à désarçonner le bonhomme.
Latéralement par contre – direction perpendiculaire à la précédente – les Mavic Crossmax XL Pro font preuve d’une précision redoutable. Si le cadre ne travaille pas, la roue peut passer à l’exact endroit souhaité. Une qualité mise à profit dans les pires sections empierrées, et dans les changements de direction vifs et successifs.
En torsion – autour de l’axe de la roue – les Mavic Crossmax XL Pro font preuve d’un rendement et d’une réactivité de premier ordre. Chaque coup de boutoir est transmis. Chaque once d’effort est exploité. À aucun moment, je n’ai le sentiment de voir une partie de mes efforts se disperser. Chacun se retrouve dans la vitesse à laquelle progressent le vélo et le bonhomme.
Pourquoi donc ?
Outre les heures de roulage, le nombre de vélo différents passés à l’essai et les terrains pourtant particulièrement rocailleux par moment, quels peuvent être les éléments qui me poussent à avancer ces propos ?! Le lien avec quelques détails de conception des Mavic Crossmax XL Pro qui, du papier au terrain, trouvent leurs sens…
Notamment sur les points clé de conception de la jante. En aluminium, moins raide que certaines concurrentes en carbone. Et de section moins haute que large, offrant une possibilité de déformation plus importante en frontal qu’en latéral, moments quadratiques obliges…
Sur certaines caractéristiques du rayonnage ensuite. La section importante des rayons, leur tension, et l’usage d’un rayonnage particulier ensuite. Autant de caractéristiques mêlées qui peuvent expliquer le comportement au pilotage, comme au pédalage.
Dans le temps…
Je ne vais pas me lancer dans un cours de mécanique. Il aurait certes son intérêt, mais ce n’est pas l’objet de cette publication. On peut par contre évoquer le vieillissement des Mavic Crossmax XL Pro. Notamment quelques points qui ont pu faire l’objet de débats et de questions jusque là.
Des considérations purement esthétiques dans un premier temps, avant de chercher à en savoir plus au sujet d’un aspect qui nous concerne tous…
Poc ou pas ?
Par le passé, les jantes Mavic ont parfois souffert d’une faible capacité en matière de résistance aux impacts. J’en ai moi-même fait les frais en compétition. Crochets de la jante pliés, étanchéité UST mise à mal… Cette fois-ci, à trois reprises, je suis amené à pousser les Mavic Crossmax XL Pro dans leurs retranchement.
Fut un temps, pour moins que ça, mes anciennes Mavic étaient bonnes à jeter : voilées, pocquées… Là, pas de voile, pas de jeu intempestif dans les moyeux. Je ne prétends pas avoir tout tenté ou vécu, ni qu’elles sont incassables. Mais bien qu’en la matière, l’expérience m’a convaincu de certains progrès réalisés.
Notamment quand je repense à la facilité avec laquelle j’ai pu marquer certaines autres roues à l’essai. Les American Classic Smokin’Gun notamment. Il m’en a fallu bien moins pour générer les mêmes marques sur les flancs.
Quoi de neuf ?
Les Mavic Crossmax XL Pro ont beau être convaincantes, Mavic n’a pas traîné pour les faire évoluer. Au catalogue, les roues 2017 dédiées à l’Enduro s’appellent désormais Mavic Deemax Pro. Que se cache-t-il sous ce changement d’appellation ? Un coup d’oeil attentif permet d’en saisir les différences…
Ces nouvelles Mavic Deemax Pro sont plus chères que les Mavic Crossmax XL Pro. 150€ pour être précis. Une somme justifiée notamment par un procédé de fabrication plus coûteux, et des frais de production en hausse : Mavic a pris parti de proposer ses Deemax Pro dans les deux formats – Boost et non Boost, roue avant et/ou roue arrière en Boost – pour répondre à toutes les demandes et cas de figure…
Je ne me lancerai pas dans un débat sans fin à ce sujet. Je préfère respecter le libre arbitre de chacun, et y apporter l’éclairage nécessaire. Notamment là où nous n’avons pas tous la possibilité de s’aventurer : à l’usage, sur le terrain. Chacun jugera ensuite de la valeur qu’il souhaite accorder à cet apport, et s’il vaut nous cet somme supplémentaire.
Premier ressenti…
Soyons honnête, je n’ai pas senti de différence importante entre l’ancienne et la nouvelle roue arrière. À l’avant, l’évolution est bien plus significative. Dans un premier temps, à pneu et pression identiques, je remarque une différence de comportement sur l’angle…
En courbe, quand le vélo est penché, et que je presse dessus pour, plus ou moins, l’ancrer au sol. En cherchant à gérer l’adhérence et le rebond, pour générer la vitesse. La roue avant des Mavic Deemax Pro m’y parait plus ferme, consistance, précise. À appui équivalent, j’ai le sentiment qu’elle « débat » sur moins de distance.
En un sens, qui dit jante plus large dit moment quadratique plus important, donc rigidité latérale qui peut être en hausse. L’observation a du sens. Mais un autre phénomène attire mon attention.
Pression = grip
J’ai entendu dire, à plusieurs reprises, qu’une jante plus large peut permettre l’usage d’une pression plus faible dans les pneus. Notamment parque qu’à son contact, le pneu travaille et s’assoie différemment, trouvant plus d’appui et de stabilité entre crochets.
À pneu (Mavic Charge XL) et conditions (boucle test) identiques, je roule effectivement 0,3 bars plus bas en pression avec la roue avant Mavic Deemax Pro. J’entends par là que le pneu finit par ne plus se tenir sous l’appui, de la même manière, à pression plus faible de 0,3 bars.
Une valeur qui, dans le même esprit que l’apport évoqué à l’usage des mousses Huck Norris, permet un gain d’adhérence notoire. Notamment si l’on met l’idée en perspective avec le débat qui nous anime toujours au sujet des différents formats de roues. De cette manière, le 27,5 pouces comble effectivement une partie de ses lacunes en matière d’adhérence…
Remises en questions
0,3 bars de moins… Une valeur qui peut varier d’un pilote à l’autre, en fonction du vélo, des réglages de suspension et du style de pilotage. Et qui peut pousser à se remettre en question sur certains acquis. Notamment parce que pour tirer un peu plus bas en pression encore, assouplir les settings peut s’avérer nécessaire…
Mais aussi parce qu’elle pousse à s’approcher de la pression limite sous laquelle on commence à taper plus souvent la jante et pincer du pneu. Pour ma part, 0,3 bars correspond à la valeur limite que je peux m’accorder à l’avant… Je ne peux donc pas m’empêcher de faire le lien avec les mousses Huck Norris essayées il y a peu..!
Qu’en penser ?
D’autant plus que depuis cet essai, j’ai adopté leur usage à la roue arrière, et exploite des pressions aussi faibles que celles permises par la Mavic Deemax Pro avant. Peut-on endommager les jantes ? Pas si sûr, vus les progrès réalisés en la matière.
Certaines (mauvaises) langues diront qu’avec des jantes plus large, Mavic n’a rien inventé. Prend même le train en marche. Il y a certainement une part de vérité. Reste que ces propos n’apportent rien puisque désormais, les produits existent, et sont disponibles.
Surtout, il faut avant tout bien saisir une idée simple. La dernière que je souhaite exposer en conclusion de cet article. Elle place la réflexion sur un plan essentiel à cette publication. Celui de ce que la nouveauté apporte, ou non, sur le terrain…
« À l’usage, je retrouve avec les Mavic Deemax Pro, ce qui m’avait séduit avec les Mavic Crossmax XL Pro. Cette belle capacité à être aussi tolérantes frontalement, que précise latéralement. Avec un gain intéressant sur ce second point malgré une largeur de jante et une adhérence au sol plus importante. Preuve que Mavic a bien fait de prendre le temps de faire les choses correctement. »
ndlr : Cet essai comparatif est réalisé avec roues au format « non Boost » 15×100 et 142×12. À la différence des Crossmax XL Pro, les Mavic Deemax Pro sont disponibles dans les deux formats. À ce propos, Mavic déclare trouver du sens au standard Boost. Notamment parce qu’il permet d’augmenter de 10% l’angle de certaines nappes de rayon, et qu’il peut se conjuguer aux principes chers à la marque – jantes asymétriques et rayons droits. La marque annonce donc en avoir tenu compte de cet ensemble de paramètres pour concevoir les versions Boost des Mavic Deemax Pro. Des dispositions qui poussent à croire que les capacités précédemment mises en évidence soient au rendez-vous en version Boost.
Par ailleurs, depuis quelques temps, la politique Mavic consiste à vendre roues et pneus de concert. Pour autant, afin de garder une publication et un déroulé limpide, nous n’évoquons pas les pneus dans cette publication. Ils feront l’objet d’une publication à part entière.