Tenue 7Mesh Gryphon Crew & Glidepath

Depuis quelques temps, la marque canadienne 7Mesh tente de percer sur le marché français, avec quelques bons arguments : ceux d’apporter plus de technique issue de l’outdoor et de la montagne au VTT. Ça méritait donc de voir ce que ça vaut sur le terrain… Fiche de test complète pour mieux cerner l’intérêt !

Est-ce pertinent ?

Sur le papier, la marque 7Mesh a plusieurs bons arguments, de quoi lui procurer une certaine pertinence. En premier lieu, elle existe depuis qu’en 2013, ses fondateurs se sont retirés de l’industrie textile Outdoor et du staff de la très réputée marque Arc’teryx. Tyler Jordan notamment, en était le CEO depuis 7 ans. Le staff à l’origine de 7Mesh a donc un gros bagage outdoor et montagne, qui, au moment de monter l’affaire, lui permettait d’identifier que le VTT ne bénéficiait pas de tant de technologie et de progrès en la matière. Il y avait mieux à faire, et ils ont voulu apporter la technologie textile montagne à notre petit milieu…

Ensuite, parce que pour monter son image de marque, 7Mesh se revendique de Squamish (BC, CAN). Elle se revendique donc de la Mecque du VTT ! Or, cette revendication est à double tranchant : soit les produits sont à la hauteur, et c’est dans ce cas signe d’une qualité folle, soit ils ne le sont pas, et le message ne peut que péricliter. Avec de telles origines, pas moyen d’être moyen ! Voilà pour le contexte dans lequel je reçois la tenue qui passe ici à l’essai. Logiquement, une tenue hiver pour apprécier toute la technique et l’efficacité des produits 7Mesh annoncés comme fait pour se faire oublier…

Galerie Commentée :

Quand on lit se faire oublier, on peut supposer dans la gestuelle, le mouvement, la température… Mais c’est bien à l’oeil, en premier lieu, que ces vêtements 7Mesh se font oublier. Rien d’ostentatoire, simplement des matériaux très techniques et spécifiques, choisis et assemblés dans un but bien précis. Et s’il s’agit bien de vêtements spécifiques VTT, ils se laisseraient bien porter au quotidien, pour randonner, entretenir un chemin ou autre, également. Plutôt rare dans le milieu !

Est-ce pratique ?!

Comme toujours pour les essais, j’ai systématiquement demandé du M – la taille qui me convient la plupart du temps, et me permet donc de comparer les nuances d’une marque à l’autre. Ici, ça tombe très bien, puisqu’en consultant la charte des tailles 7Mesh, c’est exactement ce que l’on me suggère. Je dirais donc que ça taille sans surprise, ni trop, ni pas assez.

Le tissu du maillot est très souple, élastique. Qui plus est, la coupe est généreuse en longueur de buste et de manches. Si bien qu’on peut faire quelques plis sur les bras ou positionner loin sur les poignets, et qu’on peut sans risque utiliser le maillot sur cuissard à poches très remplies. Ça reste en place et recouvre toujours la cargaison. Le toucher intérieur est très doux et la coupe près du corps. On peut, au choix, utiliser le maillot à même la peau sous une veste en guise de première couche chaude, ou bien en seconde, par dessus un sous-vêtement près du corps.

Le pantalon se distingue par la générosité de la coupe au niveau des genoux. Si la marque communique sur l’usage de genouillères lights, le tissu présent et son élasticité permettent sans problème d’utiliser des genouillères plus volumineuses. Dans ce cas, ça englobe bien la protection, quitte à se replier avec elle sur le dessus du genou, jambes tendues. C’est garant d’une belle aisance quand la jambe est pliée au pédalage. Là encore, ça tient la promesse de se faire oublier !

À la ceinture, les boucles et sangles de serrage sont particulièrement efficaces. Il m’a suffit d’une fois pour les régler, et ne plus jamais y toucher, même après plusieurs utilisations, lavages, etc… Si bien que je me demande quand je pourrais avoir besoin des passants pour une ceinture, si ce n’est pour le style ?! Le maintien est excellent, bien aidé par la coupe là aussi généreuse sur le bas du dos pour accompagner la position VTTiste, et malgré le plastique dur qui fait les boucles, jamais eu de souci de confort avec. Ça fait le job !

Est-ce utile ?!

À l’usage, le maillot 7Mesh Gryphon Crew est clairement le maillot à avoir si l’on habite en région froide. Sans vent et par temps sec, il est une parfaite seconde couche par dessus un sous-vêtement technique lorsque la température se situe entre 0 et 5°C. Sa respirabilité est tout bonnement exceptionnelle : zéro effet cocotte minute, il gère la vapeur avec brio ! Le revers de la médaille est relatif : il n’a aucun effet coupe vent ou déperlant. La moindre brise ou goutte d’eau a son effet. Dans ce cas, et si la température est plus froide : à compléter d’une veste ! Mais puisque le 7Mesh Gryphon Crew est très chaud, pas besoin d’une veste très technique, épaisse et/ou chaude. Une veste légère, compacte, et dédiée aux conditions (vent, pluie) suffit.

Léger et compact, c’est exactement ce qui caractérise le pantalon 7Mesh Glidepath. C’est tout bonnement à mes yeux le pantalon le plus polyvalent de ma garde robe. Clairement celui que j’emmène en priorité si je ne sais pas à quoi m’attendre. Impressionnant qu’il soit capable de cumuler tant de qualité parfois antagonistes. Il est clairement aussi léger et élastique que nécessaire pour couvrir la pratique Trail annoncée où l’on pédale beaucoup, mais pour autant résistant pour une pratique plus exposée et engagée. Et puis, il se montre d’une étanchéité sidérante alors qu’il n’est que déparlant, sans coutures étanches par exemple… Il suffit de traverser une rivière à vélo et de constater l’effet des projection pour s’en convaincre. Pieds trempés, tibias et chevilles totalement secs, alors que plusieurs litres d’eau se sont déversés. Tout ça, alors que part température plus clémente, la respirabilité est impressionnantes. Ici aussi, zéro effet cocotte minute ! Plus encore que le maillot, le pantalon 7Mesh Glidepath concrétise clairement le crédo de la marque : ultra technique mais qui sait se faire oublier !

Quelle durée de vie ?

Lavés en machine sans précaution particulières depuis leur réception, les vêtements 7Mesh ici à l’essai ne donnent pour l’heure que peu de signes de fatigue importants, malgré un usage intensif compte tenu des conditions, mais ne sont pas exempts de tout reproche. Le tissu du maillot me semble mériter une certaine attention pour éviter d’être trop déformé par le temps. Notamment au séchage, où un bon essorage vaut mieux pour éviter qu’il ne repose longtemps sur un fil ou cintre très chargé d’eau. De même, il n’aime pas la cohabitation avec les scratchs des protections s’ils ne sont pas refermés. Ça peluche vite au niveau des coutures dans ce cas.

Au niveau du pantalon, c’est peut-être la texture du tissu qui peut réduire quelque peu la qualité d’aspect dans le temps. Très matte, elle semble être très à même de capturer et donc, favoriser les taches, malgré le traitement DWR. Ce dernier est impressionnant d’efficacité avec l’eau et la boue, mais attention avec les éléments tels le préventif, les huiles et graisses ou autres, qui pourraient malencontreusement s’incruster. Pour l’heure, la durée d’essai n’a pas permise de mettre à mal le traitement DWR et nécessiter de le réactiver via sèche linge ce qui, là encore est un bon signe après la quinzaine d’usages/lavages effectuée. Seules les coutures non structurelles, mais de finition, montrent quelques signes de faiblesse, comme ci-dessus au niveau de la poche avant…

Ce qui peut progresser ?

Malgré tous les efforts, on est donc sur des produits très techniques et bluffants à l’usage, mais sensibles et à bichonner… On peut donc avant tout attendre que le niveau de qualité et de durabilité augmente à ce niveau, puisque rappelons, il s’agit ici de vêtements du haut du panier. La couture de la poche qui se défait après une période d’usage somme toute mesurée, c’est moyen à ce niveau de gamme. Peut-être est-ce un défaut de réglage et/ou de contrôle qualité, mais on est ici en droit d’exiger la perfection. Tout comme pour le maillot, au passage, on note un petit manque fonctionnel : une chamoisine pour essuyer les lunettes, à ce niveau, fait partie des bonnes habitudes.

Concernant la matière du pantalon, et son comportement face aux tâches, c’est plus délicat. Il s’agit avant tout d’une exigence spécifique au VTT, sport plus salissant et au contact de produits qui n’ont pas lieu d’être en montagne, habituellement. Mais on le voit sur les photos, il suffit d’une crevaison malencontreuse pour former des taches indélébiles là où d’autres tissus, dans des circonstances similaires, se récupèrent mieux. On le voit aussi, globalement, le tissu très fin est un régale de légèreté et d’aisance, mais a aussi tendance à plisser/froisser davantage que d’autres, plus épais et plis lisses d’aspect une fois mis en situation…

Vis-à-vis de la concurrence ?

Sur le marché, le maillot 7Mesh Gryphon Crew entre notamment en concurrence avec le Fox Attack Thermo, dont ils partagent le tissus Polartech Power Grid. Mais c’est la coupe qui diffère. Le 7Mesh est plus près du corps et plus travaillé pour accompagner les mouvements/la position. Si bien qu’on le conçoit en première couche, et/ou sous une veste. Le Maillot Fox, lui, est plus généreux, plus ample, dispose d’un col/d’une capuche, que l’on imagine davantage comme une fin en soit, une seconde couche. Quoi qu’il en soit, le 7Mesh Gryphon Crew est aussi en concurrence avec l’usage d’une veste faisant usage d’un tissu Polartech Alpha par exemple. En matière de chaleur, le Gryphon Crew et une veste « simple » est une bonne solution intermédiaire autour des 0°, avant d’opter pour la veste thermique encore plus chaude.

Pour jauger du pantalon 7Mesh Glidepath de son côté, rien de tel qu’un panel de concurrents éclectiques. Il permet de constater à quel point l’objet de cette fiche parvient à réunir des qualités piochées chez les uns et les autres, mais jusqu’ici jamais rencontrées dans un seul et même ! Le 7Mesh Glidepath a ainsi l’excellent stretch d’un Relief Fada ou Dainese HGR. Il a clairement un niveau d’étanchéité proche d’un Troy Lee Design Resist ou Fox Ranger Water, tout en étant plus fin et respirant, garantissant de toute façon de moins faire éponge. Tandis qu’il se montre clairement plus léger et à l’aise qu’un Leatt DBX 4.0, 100% R-Core ou Fox Defend Kevlar, quoi qu’il en soit. Avec 259 g sur la balance, c’est 140 g / 35% de poids en moins !

Est-ce que ça les vaut ?

120 € le maillot, 170 € le pantalon… La tenue 7Mesh Gryphon Crew & Glidepath essayée ici est clairement une offre qui se positionne sur un segment très haut de gamme. Le maillot coûte bien plus cher qu’un maillot « classique », parfois presque le double, mais est finalement 10 € moins cher que le Fox cité en concurrent direct. Le pantalon, lui, rivalise avec les tarifs de certains pantalons haut de gamme. Aucun doute sur le positionnement ! La question est donc de savoir s’il est mérité. Si la valeur ajoutée vaut l’investissement ?! Il est évident que ça représente une somme avec laquelle on ne rigole pas, et que tout le monde ne peut pas se permettre…

Clairement, à l’usage : l’intérêt, la manière de se démarquer, et le gain par rapport à la concurrence se fait sentir. Dans les faits, c’est sensible pour le maillot, mais il reste un investissement intéressant seulement si les conditions de pratique sont régulièrement difficiles et ad hoc. Vu sous cet angle, c’est donc bien le pantalon 7Mesh Glidepath qui se démarque le plus. Pour le prix, du niveau de la concurrence, ils se situe clairement un ton au dessus en réunissant des qualités parmi lesquelles il faut habituellement choisir. Ça en fait un pantalon hyper polyvalent… Voir Impressionnant !