Forestal abat sa deuxième carte avec le Cygnus, et en déclinant ses vélos avec ou sans assistance !

À son arrivée sur le marché, Forestal avait marqué les esprits : convaincue de l’assistance électrique légère et à l’avant-garde de certains développements, la marque revêtait un certain potentiel. Pour autant, son lancement, dans un contexte postpandémique particulier, ne s’est pas avéré des plus faciles. Raison pour laquelle, il est désormais temps pour le projet, d’entamer une seconde phase, comme un second lancement, pour faire valoir ses arguments…

Le contexte

En cette fin d’année 2024, début d’année 2025, Forestal a une ferme intention : signer un retour sur la scène VTT. Ses têtes pensantes n’hésitent pas d’ailleurs, à parler d’un second lancement pour la marque Andorranne. Souvenez-vous : lors du premier en 2020/21, la marque avait introduit le Syron dans des circonstances loin d’être idéales, juste après la période Covid. À l’époque, la demande pour les VTT était en plein boom, mais avec des délais de fabrication qui explosaient et une concurrence déjà féroce. Puis, l’industrie est passée de l’euphorie au déclin : la demande s’est effondrée aussi vite qu’elle était montée, et les stocks ont subitement grimpé, plongeant le secteur dans une situation compliquée, encore d’actualité ces derniers temps. C’est dans ce contexte que Forestal a tenté de se faire une place, avec une vision ambitieuse et innovante.

Trop, peut-être ?! Dès ses débuts, la marque s’est démarquée non seulement par son approche avant-gardiste de l’assistance légère, mais aussi par son pari de produire ses vélos directement en Andorre ou du moins, en bonne partie sur le continent européen. Une prouesse, mais aussi un pari osé dans un secteur largement dominé par les importations depuis Taïwan. D’autant que Forestal ne s’arrêtait pas là : chaque modèle intégrait un tableau de bord développé en interne, logé dans le tube supérieur du cadre. Ce dispositif, subtilement intégré au châssis, mettait en avant le moteur conçu en partenariat avec Bafang, et se plaçant directement en concurrence de l’autre premier VTT à assistance électrique léger du marché – rien d’autre que le Specialized Levo SL.

Néanmoins, avec son cadre au bras arrière « banane », sa cinématique atypique et ses passages/tunnels destinés à faire passer l’amortisseur au cœur du châssis, Forestal posait déjà les bases d’une identité visuelle et technique affirmée, déterminée à bousculer les codes du marché… une tentative de disruption ambitieuse, mais qui, au regard des chiffres de ces premières années d’exercice, aura démontré qu’il ne suffit pas toujours de se démarquer pour s’imposer. Quoi qu’il en soit, Forestal est toujours présente, le projet toujours à flot malgré les difficultés, sous l’implication de son investisseur, et l’intention de lui donner un nouvel élan, encore présente. Voici comment… 

Identité…

On a planté le contexte, et vous avez désormais une idée de ce en quoi consiste la gamme Forestal. Avant d’aller plus en détail à propos de chaque vélo qui la compose, intéressons-nous à ce que tous ont en commun, ce qui fait donc techniquement l’identité de la marque. Des détails de conception qui ont pour habitude d’être à l’origine du caractère des vélos à l’usage, et donc ici, de l’incarnation de Forestal, à l’usage…

À l’œil tout d’abord, ça passe forcément par ce bras banane, qui constitue le triangle arrière des Forestal. Une pièce unique qui s’articule via un point de pivot fixe, au triangle avant. Ceux d’entre nous qui s’intéressent le plus aux cinématiques des vélos, savent que cette solution peut avoir un caractère précis. Pour autant, habituellement, cette architecture actionne l’amortisseur de deux manières. Soit en prise directe, soit via une biellette qui actionne un basculeur, qui lui, actionne l’amortisseur. Ici, ni l’un ni l’autre. À s’y méprendre, de loin, on pourrait croire à un amortisseur en prise directe. En réalité, le pied de ce dernier est relié à une biellette. Mais là aussi cette solution diffère de l’habituelle biellette/basculeur que l’on connaît. L’élément qui actionne l’amortisseur est directement articulé avec le bras arrière. Et pour contrôler son mouvement, c’est une autre biellette qui le relit au triangle avant…

L’intérêt de tout ça ?! C’est la courbe de ratio que cette architecture permet d’obtenir. Elle a un profil caractéristique : en forme de L. Un ratio très élevé et une pente très prononcée en début de course, avant de s’assagir ensuite. Dans tous les cas, les chiffres fournis par la marque sont assez équivoques. Sur le Forestal Siryon – Enduro – on parle d’un ratio qui passe de 2,9 au SAG à 2,2 en fin de course. Tandis qu’on parle de 2,5 à 2,2 sur le Forestal Cygnus – XC/Down-Country.Des solutions très progressives sur le papier. Tandis qu’en matière d’anti-squat, tous les vélos sont annoncés avec des valeurs entre 100 et 105 % en fonction de la taille du plateau utilisé. Retenez bien que ces valeurs sont communes aux versions classique et électrique de chaque vélo…

Les vélos, en détail…

Mais de quel vélo parle-t-on, justement ? Eh bien pour cette seconde génération de vélos Forestal, on peut parler de deux nouveautés au catalogue. Voir deux nouveautés et demie : le Forestal Cygnus – nouveau vélo, destiné aux pratiques XC et Down country – décliné en version avec et sans assistance – et le Forestal Siryon – déjà connu au catalogue dans sa version motorisée – qui se décline désormais en version classique.

Les Forestal Cygnus & e-Cygnus

Lui, c’est donc la véritable nouveauté du moment. Outre le fait qu’il soit décliné en version avec ou sans assistance, il faut aussi noter que le catalogue de la marque, plutôt simple, le propose dans deux niveaux de gamme : Halo & Diode. Or, ces niveaux de gamme ont aussi une influence sur la nuance de pratique à laquelle chacun se destine.

La version Diode la plus haut de gamme, plus légère – notamment avec sa RockShox Sid SL en 120 mm/plongeurs de 32 mm – se destine davantage pour une pratique Cross-country pure et dure. Tandis que la version plus accessible Halo – qui opte pour une fourche 130 mm de débattement – dispose d’un montage destiné à une pratique plus Down Country…

Ce sont les principales observations que l’on peut tirer des tableaux de géométrie et montages ci-dessus…

L’autre observation peut concerner la différence en matière de longueur des bases. Le Forestal Cygnus motorisé fait appel à la solution Bosch SX dont l’encombrement impose de rallonger un petit peu cette dimension versus la version sans assistance…

Le Forestal Siryon

Lui, est un petit peu plus connu, puisque le Forestal Siryon – dans sa version électrique – et ni plus ni moins que le premier modèle lancé par la marque, à ses débuts. Ici, la nouveauté consiste à le décliner dans une version sans assistance. Un pur vélo d’enduro, doté de 170 mm débattement, fidèle à son lancement. Si fidèle que la version classique lancée ici, en reprend à très peu de différence près, la géométrie. Et quand on regarde le tableau et les chiffres, c’est l’occasion de constater qu’en fait la marque était assez avant-gardiste en la matière…

Reach, angle de tube de selle et de direction, empattements… La plupart des chiffres n’ont pas à rougir : ils s’inscrivent dans la tendance du moment. Il faut noter au passage que la hauteur du tube de selle du Forestal Siryon – sans assistance – en profite pour diminuer et permettre le montage de tige de selle à débattement plus important, comme c’est de coutume, ces temps-ci. Ce dont ne profite pas la version originale, avec assistance. On note aussi une légère petite différence en matière d’angle de direction, mais rien de bien significatif. Visuellement, c’est finalement la disparition de la fenêtre du tube supérieur qui donnait sur l’amortisseur, qui attire plutôt l’œil.

En matière de châssis, cette déclinaison sans assistance est l’occasion de préciser que la marque n’a pas fait que boucher les trous et ajuster le moule dans lequel ses cadres sont produits. Sans assistance, sans les efforts et le poids supplémentaire que ça implique, le Forestal Siryon musculaire ne propose pas les mêmes chiffres de rigidité/raideur aux bancs d’essais. C’est intéressant à savoir, et ça permet de mieux situer le niveau de détails et d’application de la marque dans le développement de ces vélos. Ce sont en tout cas des attentions auxquelles on croit chez FullAttack…

Au rang des autres détails qui peuvent attirer l’oeil, à noter qu’en l’absence de batterie dans les tubes obliques, les versions sans assistance se parent d’un espace de rangement interne, comme c’est aussi la tendance sur le marché. L’Alpha Box, de son doux nom, ici, dispose d’un couvercle travaillé en partenariat avec Fidlock. L’usage d’une gourde de la marque n’est pas obligatoire pour autant : un adaptateur imprimé 3D est dispo chez Forestal pour le montage d’une porte gourde plus classique, si besoin…

La gamme…

Premières impressions

Pour donner corps au lancement de cette deuxième génération de vélo Forestal, la marque a convié une petite sélection de médias spécialisés. Vous l’aurez noté, sur FullAttack, c’est donc la première opportunité de livrer des impressions et préciser comment se traduisent les choix techniques sur lesquels reposent les vélos de la marque, à l’usage, sur le terrain. Et puisque le choix de Forestal de décliner ses modèles en version avec et sans assistance électrique de manière très proche n’est pas banal, je me suis cette fois concentré sur le Forestal Siryon, dans ses deux versions. 

Pour aboutir aux propos suivants, ce sont donc différentes opportunités de roulage sur les hauteurs de Santa Coloma De Farners, puis de retour sur mes terrains d’essai habituels, qui sont mises à profit. L’occasion pour moi de préciser comment j’ai trouvé opportun de régler le vélo, les principaux traits de caractère que je lui ai trouvé à l’usage, les quelques impressions papier versus réalité qu’il me paraît intéressant d’aborder, et enfin le petit jeu point commun/différence entre les versions avec et sans assistance…

Petits ajustements

Dès les premiers essais, un détail saute aux yeux concernant les réglages de base que j’ai l’habitude de prendre comme point de départ de chaque essai – 30% de SAG, détente à mi-plage, compressions ouvertes : le rebond, d’origine, paraît assez lent. Cela se ressent particulièrement à la pédale, où le vélo semble moins avaler le terrain, heurtant un peu trop d’obstacles et restituant ça au pilote, au lieu d’absorber les irrégularités du sol. Avec un rebond légèrement plus rapide, ouvert aux deux tiers de la plage : le vélo devient plus fluide, avalant mieux le terrain et permettant de rester assis, à la pédale. L’assise, soutenue par le tube de selle redressé comme il faut, est agréable et permet de bien pédaler au long cours. La prestation est particulièrement bonne si l’on considère le débattement du vélo. Très intéressant pour rouler au train, au long cours, pour de belles virées Enduro.

En matière de détente rapide, il y a néanmoins une limite à ne pas franchir. Si l’on pousse encore plus le rebond, en l’ouvrant davantage, cela rend le vélo un peu trop dynamique verticalement, notamment en descente, où sa stabilité est alors mise à mal. Pour le coup, le sweet spot, le bon compromis à trouver, me paraît assez précis. Ça peut se jouer à un ou deux clics près. C’est donc un préalable à bien saisir pour tirer pleinement parti du vélo. Rien de rédhibitoire pour autant.

D’autant que pour compenser cet effet d’un vélo un peu trop turbulent verticalement, je profite de la présence des dernières suspensions Fox – cartouche GripX2 notamment – pour ajouter une légère dose de compression basse vitesse. Ce n’est pas tant pour améliorer le support/maintien vertical du vélo – il est déjà naturellement très bon et progressif – mais pour apporter un supplément de stabilité via l’amortissement/la dissipation d’énergie que ça constitue. Un ajustement somme toute, minime et bienvenu.

Traits de caractère

Vous l’avez certainement perçu dans ces premiers retours, le Forestal Siryon ne tarde pas à se livrer. Outre le bon coup de pédale dont il dispose, c’est le ratio entre le bon maintien vertical et le confort qu’il propose qui attire mon attention. Habituellement, c’est un peu à double tranchant : un vélo qui ne plonge pas de trop dans son débattement, et certes facile à manipuler, mais parfois s’avérer exigeant, instable, inconfortable. Ici, le Forestal Siryon parvient à concilier les deux, de très belle manière. Je prête ça, notamment à la rigidité/raideur bien maîtrisée de son châssis. Notamment parce qu’en virage, quand on met de l’angle, cette bonne prestation ne s’effondre pas. Quoi qu’il arrive, le vélo est toujours précis/fiable dans son positionnement sur le chemin et dans ses trajectoires, mais filtre aussi particulièrement bien les petites perturbations, pour éviter que tout ne vibre dans les pieds et dans les mains.

À propos de confort et de rendu, c’est également le toucher à la roue arrière qui mérite le détour. Le ratio de début de course du Forestal Siryon et particulièrement élevé avant SAG. Sur le terrain, ça se traduit par une roue arrière que l’on ne sent pas heurter le sol, mais qui vient rapidement trouver du maintien dans le débattement, autour du SAG. C’est assez rassurant, puisqu’à la longue, on comprend que le vélo vient toujours trouver son équilibre au même endroit dans le débattement, après avoir touché le sol de nouveau… Si vous avez l’opportunité de monter sur un Forestal, ça se sent dès le parking quand on s’amuse à sautiller avec le vélo. Et une fois en piste, ça rappelle un petit peu ce que les vélos de Descente – plus généreux, encore débattement – peuvent offrir la matière. C’est donc un trait intéressant dont on peut jouer si l’on est du genre à piloter en allégeant le vélo, notamment si on roule en pédales automatiques. J’ai en tout cas pris un malin plaisir à alléger le vélo dans certaines phases d’approche, puis à le tasser dans les bons appuis dont disposent certaines traces de Santa Coloma de Farner.

Si l’on se figure bien ça, c’est aussi l’occasion de parler de la progressivité des suspensions du Forestal Siryon. À coup sûr c’est très progressif. Il faut donc veiller à ne pas rouler avec trop de SAG au risque d’être tassé au pied de la rampe de fin de course. Raison pour laquelle la marque préconise 25 à 27 % de SAG sur ce vélo. Pour ma part, j’ai poussé jusqu’à 30 % et le rendu est encore bon. On sent simplement qu’il n’en faudrait pas plus. Dans tous les cas, ce qui suit est très intéressant. C’est peut-être le vélo testé avec lequel j’ai eu le plus envie de jouer avec la fin de course pour voir si ça talonne ou pas, sans jamais parvenir à déterminer si oui ou non j’avais utilisé tout le débattement. La fin de course est tout bonnement impressionnante. Le genre de vélo avec lequel je m’imagine sans peine, rouler fort, quitte à parfois poser après les réceptions ou dans des trous, sans pour autant craindre pour mes chevilles. Très intéressant et somme toute assez singulier. Du moins un rendu que je n’avais pas encore eu l’opportunité de rouler avec autant de satisfaction. Intéressant.

Papier vs réalité

Quelque part, les plus attentifs d’entre vous à la première partie de cet article auront noté que ce que je viens de partager, fais le lien entre la conception du vélo sur le papier, est-ce que ça donne à l’essai. Les chiffres de ratio, la progressivité, le profil de la courbe que la cinématique particulière implique prennent ainsi vie. Et c’est intéressant de voir que ce ne sont pas seulement des choix qui attirent ou intriguent, l’œil, mais qui se distinguent sur le terrain.

En la matière, l’autre observation que j’ai partagé, porte sur la géométrie. On l’a dit, sur le papier elle paraît tout à fait d’actualité et c’est le cas. Néanmoins, il y a un chiffre qui avait attiré mon œil dans le tableau : celui du reach, à 488mm en taille L. Pour ma part, c’est habituellement presque une limite je sais qu’au-delà de 490mm, les vélos me paraissent un petit peu trop longs. J’aurais donc pu craindre ça du Forestal Siryon.

Pourtant, à l’usage, ce n’est pas du tout l’impression que j’ai. Aussi bien assis à la pédale – merci le tube de selle redressé ? – qu’en spéciale, le Forestal Siryon me donne plutôt l’impression de tailler dans la moyenne du moment. J’ai en tout cas roulé des vélos qui, avec ce même chiffre, donner l’impression d’être plus grand que ça. C’est donc quelque chose d’intéressant à noter, d’autant plus que les Forestal de cette seconde génération se déclinent en trois tailles, plutôt que quatre, ce que les plus pointus d’entre nous auront noté.

À préciser ?

Quoi qu’il en soit, deux petits détails méritent d’être précisés pour compléter ces impressions. Tout d’abord, sur la plage haute vitesse de détente, le vélo donne parfois l’impression de racketter légèrement de l’arrière. Rien de dramatique, mais c’est un phénomène que j’ai noté et qui nécessite un petit ajustement : ralentir quelque peu le rebond de haute vitesse – de deux clics ici – ce qui permet de stabiliser la situation. Un réglage qui peut paraître anodin mais qui ne l’est pas. Je me demande notamment ce que ça peut donner avec un amortisseur qui en est dépourvu, par exemple…

Un autre aspect à préciser concerne les bases du vélo. À mon sens, elles peuvent me sembler peut-être un peu longues. Du moins, je serai curieux d’essayer avec légèrement plus court. Ou bien, avec un boîtier de pédalier un peu plus bas. Il y a peut-être un peu de marge à gratter de ce côté-là… Non pas qu’il paraisse spécifiquement maintenir le bassin trop haut, mais je tiens ça de la prestation du vélo en sortie de virage. Habituellement, les vélos à point de pivot fixe tel que le Forestal Siryon, sont réputés pour favoriser la donne en matière de manual ou de bunny-up. Je m’attendais donc à pouvoir sortir de courbe en manual de manière assez naturelle. D’autant plus que la dynamique verticale du vélo incite à pumper/jouer du terrain. Ce n’est pas pour autant le domaine dans lequel le Forestal Siryon se distingue le plus. Un trait de caractère qui ne semble pas faire partie de l’ADN de ce vélo, malgré ce que l’on pourrait attendre de sa conception…