En travers des chiffres – EWS Rotorua 2019, le tonitruant Martin Maes

Après plusieurs années d’analyse, les formats de course se répètent : il y a souvent un dominant sur chaque week-end, la pente et la longueur des spéciales s’avèrent toujours des caractéristiques clefs dans la compréhension de la victoire, le rythme imposé par le leader du jour est toujours insoutenable pour ses poursuivants…

Il est donc temps d’évoluer ! Et pour ça, apporter un poil de légèreté à notre analyse des Enduro World Series… Mais aussi de profiter des nouveautés, tel que la spéciale reine et le champion des spéciales, pour tracer de nouveaux horizons !

Alors qu’une nouvelle saison d’Enduro World Series commence, notre série Entre les chiffres laisse donc place à sa petite sœur : En travers des chiffres. Que s’est-il donc passé d’intéressant ce week-end à Rotorua pour cette manche d’ouverture ? Les nouvelles règles nous donnent-elles matière à réfléchir ? Le nez dans la feuille de match, et c’est parti !

 


Temps de lecture estimé : 6 minutes – Photos : Enduro World Series


 

Au sommaire de cet article :

 

 

La petite reine…

Nous en parlions dès la parution à chaud des résultats, les spéciales 3 et 4 semblent avoir été décisives pour la victoire ce week-end. Et effectivement cela se confirme…

Comme on peut le voir sur cette caméra embarquée du boss, Sam Hill, la spéciale 3, plate et longue demandait à beaucoup jouer avec le terrain – pomper, tirer, sauter – quand la 4, avec des passages plus pentus et plus techniques nécessitait plus d’engagement !

Sans parler de Martin Maes ; Keegan Wright, Jesse Melamed, Cole Lucas, Remi Gauvin et Wyn Masters font leurs meilleures performances du week-end dans cet enchaînement de spéciales, et figurent, au final, tous dans le top 10 de ce premier round !

Le choix de placer la spéciale reine dans les parages semble donc pertinent. Mais on peut se demander si c’est cet artifice qui a poussé les pilotes à jouer la course ici, ou si au contraire, l’organisation avait vu juste !? 

L’expérience des précédentes années d’analyse Entre les Chiffres nous fait dire qu’il s’agit du second scénario… Mais la suite de la saison nous apportera certainement d’autres éléments pour avoir les idées claires ! En attendant, la domination, elle, fut terrible, en tous points…

 

…et le roi !

Martin Maes a mené de bout en bout et s’accapare tous les points possibles. Victorieux sur le week-end, il l’est aussi sur la spéciale reine. Le Belge est lancé ! Personne ne pouvait donc l’arrêter.

Avec 540 points au général, il pointe premier et se constitue un petit matelas confortable en prévision des manches suivantes. Si Keegan Wright s’impose le week-end prochain en Tasmanie, Martin peut finir 3e et garder sans soucis la tête du classement. S’il remporte la spéciale reine, la 4e place suffit…

Ce n’est pas tout ! Dans la course au titre de champion des spéciales, Carton plein ! Le pilote GT réalise une véritable razzia qui laisse le reste de la troupe loin derrière. Il mène 5 à… 0 ! Beau pactole, quand on sait que l’an passé, la gagne se serait jouée en 15 spéciales remportées… Martin aurait-il déjà fait un tiers du boulot ?! 

 

 

Patience…

Keegan Wright, Cole Lucas, Wyn Masters et Blenki… Les Down Unders sont aux avant-postes. D’ailleurs, les débuts de saison EWS font toujours la part belle à l’hémisphère Sud. Le circuit s’y invite pour profiter du cycle des saisons et s’assurer de meilleures conditions météos sauf il y a deux ans ici même !

C’est aussi et surtout l’occasion d’accroître la densité de kiwis sur les listes de départ, et au classement. On retrouve cette fois une dizaine de pilotes de l’hémisphère Sud dans le top 30 quand en plein milieu de saison, souvent en Europe, on n’en retrouve seulement 4 dans les 30 – La Thuile, Whistler et Petzen 2018 en l’occurrence…

En forme à la sortie de l’été, à proximité de chez eux, ou carrément locals de l’étape, les pilotes de l’hémisphère Sud font le plein ! Quand les pilotes de l’hémisphère Nord sortent de l’hiver et prennent leur mal en patience pour performer à leur tour. Les saisons sont longues, les années s’enchaînent et se ressemblent… Rendez-vous en juillet !

 

 

En si peu de temps !

L’an passé, Sam Hill, bouclait les 8 manches en 5 heures et 37 minutes. Et sur ce point, au vu de l’année qui se profile et des conditions imposées aux organisateurs de course par l’équipe de Chris Ball, 2019 risque fortement de ressembler à 2018.

Cette fois, le temps total de chrono – à peine plus de 27 minutes – de cette manche néo-zélandaise, ne représente que 8% du temps total de 2018 alors qu’une manche sur huit devrait en valoir 12,5%. Au passage, Rotorua est logiquement sous la moyenne des 42 minutes de spéciale par manche !

En temps de spéciale, c’est donc une petite manche ! Les points attribués ne font pas leur valeur sur la durée d’effort, mais sur l’intensité en course. Il faut tout donner, lâcher les chevaux et les freins mais, finalement, le temps sous tension est plus court qu’ailleurs, où il faut tenir, encore et encore…

Rotorua, enduro sprint du début de saison, met donc à profit la polyvalence des enduristes, qui devront, plus tard, se démarquer dans des terrains plus pentus et surtout plus longs… Affaire à suivre !

 

 

Écarts exponentiels ?

Enduro sprint !? Si l’on regarde du côté des écarts, ils sont impressionnants ! Très importants sur une course aussi courte. Comme s’il y avait ceux qui ont vu et tiré juste, et ceux qui n’y sont pas parvenus…

Il y a autant d’écart, c’est-à-dire 1 minute, entre le vainqueur et le 8e, qu’entre ce dernier et le 41e ! C’est dire l’intensité imposée par les meneurs et leur forme du jour ! Avec une telle densité de pilotes à la porte du top 10, le vivier de prétendant est important… Puisque un pilote peut rapidement sombrer dans les abysses du classement et laisser filer les points des meilleures places, la moindre erreur se paie cash

A vouloir trop en mettre dans un virage pour gagner une seconde, on peut rapidement se retrouver la tête dans les fougères, le vélo dans les arbres et finalement y laisser des plumes, et des points… Sur ces manches courtes et intenses, il y a donc peut-être plus à perdre qu’à gagner ! Faut-il donc laisser filer quelques petits points ou laisser filer la saison !?

 

 

Chez les filles

Scénario quasi-identique à celui des hommes, Isabeau Courdurier s’impose et engrange aussi les points de la spéciale reine. Elle prend à son tour de l’avance au général !

Mais une nouvelle prétendante, Morgane Charre, Championne du Monde de DH en 2012 tout de même, pointe déjà aux avant-postes ce week-end tout juste devant Rebecca Baraona – 17 centièmes exactement. Ouch ! Elle se consacre enfin pleinement à l’Enduro et montre son potentiel. Indépendante, elle est en lisse pour la récompense du Privateer of the Year !

Avec seulement 11 secondes d’écart entre la 1ère et la 3e place, Isabeau s’adjuge cette manche mais rien n’est fait pour autant ! En l’absence de Cécile Ravanel, ultra-dominatrice l’année passée, sa dauphine aura visiblement plus de fil à retordre pour récupérer le trône et rester aux manettes !

 

 

Affaire à suivre…

Rotorua ouvre donc le bal d’une nouvelle année riche en nouveauté. Même si, d’entrée de jeu, Martin Maes semble avoir mis un coup de massue à ses poursuivants, ces derniers confirment que le profil des spéciales a son importance dans le choix des stratégies de course et un impact majeur sur l’issue finale… Qui verra juste le week-end prochain ?! 

Bien que de multiples rebondissements pourraient avoir lieu sur les différentes tableaux, on peut d’ores et déjà penser à la prochaine manche, ce week-end en Tasmanie. Avec un profil similaire – plat, court, intense et sur une journée – et avec le même panel de pilotes doit-on s’attendre au même scénario ? Les spéciales les plus longues et les plus pentues, ainsi que la spéciale reine, influenceront-elles les classements ?

Et d’ici là, les marques nous auront-elles toutes pondus des nouveaux vélos à roues différenciées, influencées par la victoire du Belge en 29″ devant – pour l’efficacité – et 27,5″ derrière – pour le freeride spirit ? Alors que c’était plat mais qu’il fallait pumper ?! Les pilotes du Nord seront-ils décalaminés après cette première course ? N’auront-ils pas desséchés au soleil ? Pourront-ils prétendre aux places d’honneur ? Sam Hill sera-t-il guéri ? Ou, allez savoir, sera-t-il en pédales auto ?!? Pour le savoir, rendez-vous dans quelques jours 😉

Rédacteur Testeur
  1. Surper article (quoique trop court ah ah je suis déjà loin 😉 )!
    Est ce que vraiment des roues différenciées peuvent jouer à ce niveau (de pilotes) ? Sans offenser les constructeurs , est ce qu’avec n’importe quel vélo Martin n’aurai il pas gagné ?

    Merci , changez rien endurotribe !!! NP

    1. On entend souvent dire « le 29″ ça va plus vite » alors pourquoi Dailly, Hill et Maes sont en 27,5″ ? Bref, il n’y a pas de réponse, et comme on cherche a toujours l’expliquer ici, la taille des roues c’est question de goût, d’envie, de style de pilotage, etc. Martin aurait pu gagner en 24, 26, 27,5, 29, 32 pouces 😉

  2. Ca fait quelques années déjà que Martin nous montre qu’il n’est pas manchot sur un velo, cette première place est tout a fait logique 😉

  3. Oui Martin Maes et Isabeau Courdurier sont de grands pilotes quel que soit le bike utilisé.
    Rappelez vous Jérôme Clementz avait gagné le premier titre mondial alors que tous les formats commençaient à coexister (26 27,5 29).
    Martin est pour moi un pilote hors pair capable de performer dans plusieurs disciplines.
    Comme un certain Sam Hill (qui va certainement revenir très fort dans le technique et pentu).
    Pour les bike on va attendre la énième révolution du marché ;o)
    Mais en moto MX ça fait longtemps qu’ils ont différencié la taille des roues…
    Mais c’est étrange que l’UCI ait imposé la taille de roues uniforme depuis des années….

    1. Hill était malade à Rotorua ! Ce n’est pas le terrain qui l’a perturbé 😉
      Sinon l’UCI a levé la prohibition : les roues différenciées sont désormais autorisées et bon nombre de team, notamment en DH, travaillent sur le sujet. D’ailleurs, le diamètre de roues est différencié en MX, mais le diamètre extérieur des pneus est identique, contrairement à ce que l’on trouve dans le VTT. Le pneu arrière est plus haut que l’avant, pour mieux gripper et transmettre la puissance… Bon à savoir 😉

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