Quentin Arnaud, Team Rocky Sports, a testé « l’Enduro à la polonaise »

Quentin Arnaud du Team Rocky Sports a participé en septembre à l’Enduro MTB Series de Mieroszów en Pologne. Il nous raconte cette course, le terrain, l’organisation… Récit.

 


Temps de lecture estimé : 6 minutes – Récit : Quentin Arnaud / Photos : Mariusz Krzeminski


 

Au sommaire de cet article :

 

 


Finale de la Coupe de Pologne !

Pardon ? Et oui, comme étudiant en école d’ingénieur, je suis amené à partir dans un programme Erasmus… Plus précisément en République Tchèque. Certes toujours pas de rapport avec la Pologne. Mais le fait que les organisateurs du challenge polonais nous aient contacté en début d’année, facilite les choses.

Ils souhaitaient faire venir des pilotes étrangers pour avoir un retour sur leurs épreuves (championnat de 5 manches tout de même). Coïncidence, la dernière étape s’est trouvée à 2h de route de mon école tchèque et qui plus est, programmée à mon arrivée !

Autant dire que le choix n’a pas été difficile. Le vélo et l’équipement étant du trajet, j’ai voulu m’y rendre par curiosité ! La seule chose que j’avais en tête, découvrir cette manche polonaise et la comparer à celles que j’ai pratiquées en France ! Parce qu’après environ 6 années d’Enduro Series, on commence à connaître, même si c’est toujours aussi plaisant !

 

 


Alors quel est le format de l’autre côté de l’Europe ?

Et bien ça change et c’est même vraiment différent ! Un seul jour de course le samedi, cette finale était même particulièrement longue : 52km pour 2200m de dénivelés, 6 spéciales, le tout à la pédale.

Et oui, ici on roule à vue, j’ai été totalement nostalgique des débuts de l’Enduro (bon de 5 ans seulement mais bref) ça fait du bien de rouler sur la défensive avec le regard braqué sur l’anticipation. Pour l’équité c’est assez simple puisque le site n’est jamais roulé de l’année, pas de rider locaux, ça se ressentira dans les sentiers fraîchement balisés ! Pour les autres manches c’est un peu pareil apparemment.

 

 


Les spéciales en Pologne ça ressemble à quoi en fait ?

Vous connaissez les Vosges et ses ornières de terre meuble ? Vous connaissez Millau et son sol glissant à souhait de part cette petite roche sur le sol ?

Et bien Mieroszow c’est un mix des deux. A la place de la quantité de terre dans laquelle on s’enfonce, il y a des cailloux ! Rajoutez à cela beaucoup, mais vraiment beaucoup de pente, des racines et des pierres un peu plus grosses et vous aurez une idée !

Des spéciales avec une vitesse moyenne très élevée ! Oui ça défile avec la pente et c’est également grisant d’avoir les roues qui flottent et partent avec la vitesse et la pente, ça l’est moins quand il faut tourner direct après !

 

 


L’organisation ?

La série a 4 ans. Et elle se base sur pas mal de concept intéressant, les inscriptions se font par groupe de pilotes (environ 20), l’idée est de rouler avec ses potes. Pas de dossard prioritaire ou autre. Grosse différence plutôt marquante : les liaisons sont balisées au strict minimum. Pourquoi ?

Au début de la course, on nous fournit une carte IGN des tracés. Une idée plutôt sympa pour ceux qui adorent l’orientation et comme ça, pas d’excuses pour se perdre et pas de surplus de rubalises partout, les Polonais apprécient ce côté nature.

 

 


Ma course

Seul du Team Rocky Sports, ça change, vu le nombre que l’on est d’habitude ! Peu importe, mon ami Thomas Saugneaut de mon école d’ingénieur est ici. Il suit le même Erasmus que moi et est aussi rider (mais pour l’occasion il n’a pas son bike est devient mon manager/assistant mécanique/boisson/conseil/communicant réseaux sociaux). Un grand merci a lui qui m’a soutenu et encouragé comme jamais tout au long de la journée !

 

 

Arrivant sur place, je n’avais aucun objectif hormis découvrir et prendre du plaisir ! Le résultat n’était pas une priorité car je m’attendais à tout et je ne connaissais pas mes concurrents. Qui plus est, lors de la première spéciale très naturelle dans la mousse, les cailloux et la pente, je partais à la faute et finissais la dernière minute sans chaîne.

Même avec de superbes sensations et de l’attaque, aucune idée pour le classement, j’étais loin d’imaginer que je venais de gagner la spéciale ! La seconde spéciale, dans la pente aussi, mais plus de pierres roulantes et moins de mousse me conviendra à merveille et je la remportais aussi !

 

 

La troisième, plus longue et plus physique me coûtera du temps. Je découvrais à la fin que mon adversaire est un monstre physiquement, il grappille certaines secondes et se rapproche de moi. Mais malheureusement pour moi, la spéciale 4 sera mon coup de grâce, une spéciale très physique avec un énorme pédalage, peut-être le seul point négatif de la journée. Et même avec un magnifique début en crête pentue dans les racines.

Je vais prendre une correctionnelle avec 1min9 sec de retard…. Ça fait mal ! Et même si je décroche le scratch dans une dernière spéciale très naturelle et flow, je ne peux combler ce retard !

Mais quel bonheur de finir 2ème pour cette course ! J’en suis plus que ravis ! J’ai pris énormément de plaisir sur cette journée ! Et le gagnant l’emporte haut la main ! Rien à redire !

 

 


Que retenir donc de cette Coupe de Pologne ?

Et bien effectivement, dans le jardin du voisin c’est différent et c’est génial. J’ai vu qu’une petite organisation dans un pays où l’Enduro est moins développée qu’en France, parvient à faire de grandes choses !

Je les félicite et encourage tous les pilotes français à prendre chaque opportunité pour tenter des courses à l’étranger ! C’est magique, dépaysant à souhait !!! Le vélo c’est que du bonheur, et la découverte de nouveaux milieux c’est d’autant plus beau ! Ce terrain atypique m’aura marqué. Je suis ravi de l’avoir tenté !

 

 


L’anecdote Polonaise !

Oui on est parti sur 52km pour 2200 de dénivelés et oui un Polonais s’est arrêté dans la liaison pour la seconde spéciale afin d’acheter …une bière car il avait soif ! Il était 10h… Rien à ajouter ! Ils sont géniaux, accueillants et ça roule fort aussi !

J’espère que ce petit bonus vous aura plus ! J’ai apparemment trouvé moyen de faire une course en République Tchèque pour avoir une nouvelle expérience, qui sait !

Merci à Michal Lalik de Enduro MTB Series pour l’invitation ainsi qu’à Mariusz Krzeminski pour les photos de la course !

Merci à Thomas pour son aide sur la course et au monde du vélo de nous permettre de telles expériences. 🙂

  1. peut etre des idées à prendre pour nos enduros ,histoire de leurs redonner un peu de vitalité car j ai l impression que la fréquentation est en baisse ?

  2. L’effet Erasmus 😉 Le dépaysement, la découverte et l’aventure aident aussi à mieux apprécier les choses… Il y a de bonnes idées et visiblement un sacré terrain de jeu !!

  3. Bravo et merci pour cet article!
    C’est rafraîchissant d’avoir une autre vision que celle formatée des EWS.
    2200 m dans la journée ça pique. Un grand bravo à tous les finisher.
    Par contre j’applaudis des 2 mains le pilotage à vue et la beauté des sites.
    Pas besoin de moyens hollywoodiens pour faire de beaux événements. CQFD

  4. Bel article, merci!
    Il roule quoi nos amis Polonais? Il devait y avoir pas mal de matos « exotique » j’imagine?

    1. Pas mal de Kross, beaucoup de Trek aussi (un shop partenaire d’un club présent sur la course) et sinon du panachage classique.
      Ah si! Une catégorie semi-rigide avec du coup une quinzaine d’endurigide, pas commun!

  5. Merci pour ce récit!
    C’est toujours génial de pouvoir partager autrement. Même si en l’occurrence, pour nous ça se fait par procuration…
    J’aime beaucoup cette idée de compétition à vue avec, à priori, une équité préservée. En terme de pilotage, je trouve que c’est une sensation fabuleuse.
    Je me demande si ce genre de format est encore possible chez nous. Comme certains le laissent entendre, en dépit des efforts des organisateurs, les compétitions reprennent des tracés connus de le plupart. Y compris des non locaux. J’imagine qu’il est difficile de sortir des traces nouvelles pour chaque édition. Plus difficile encore, de faire en sorte que les locaux n’y aient pas accès avant la course, pour que tous les participants soient sur un pied d’égalité.
    Pour avoir déjà débattu avec des amis riders, le pilotage à vue pose aussi la question de la sécurité. Nous allons de plus en plus vite, chacun à notre niveau bien sûr. Même si, comme l’écrit Quentin, on en garde un peu sous la pédale dans ce genre de situation, on a vite fait de se laisser emporter et d’aller à la faute.

    J’en arrive donc à ma question: y a t-il de la place chez nous pour un enduro « équitable » totalement à vue? Et d’abord y’a t-il un public pour ça?

    Quelle que soit la réponse, ça ne m’empêchera pas de continuer à rouler à vue sur les quelques courses régionales auxquelles je participe. C’est toujours un argument de mauvaise foi supplémentaire pour justifier le fait que mes potes terminent mieux classés au général…

    1. Salut,
      c’est vrai que le pilotage à vue est une notion assez flou et très controversé en France, mais là bas, d’après les locaux, cette course à ce vrai côté unique, car la plupart du site est pas trop autorisé au vélo. Et le fait qu’il n’y ai aucune structure vélo à des lieux à la ronde arrange les choses.

      Le pilotage à vue on peut dire que ça n’existe pas, mais bon, on ne peut pas empêcher quelqu’un de rouler ses sentiers si ils sont magnifiques 😉 ! Après il y aura toujours une hiérarchie avec les locaux, les ponceurs, mais j’aime à croire que les bons pilotes sont présents toute l’année et ça ce paye à la fin ! Les trois premier de la coupe de France n’habitent à proximité d’aucune étape de la cf et pourtant ! Ils ont remporté le classement ! Le pilotage à vue, c’est pas en temps qu’équité que on devrait le regardé, mais plus en sensation, c’est différent et c’est ce que j’aime ! ça rajoute du challenge pour soit!

      1. Salut les gars, le débat du pilotage à vue est presque aussi vieux que l’Enduro, mais il est toujours intéressant 😉 On a justement un édito dans les cartons qui va vous apporter du grain à moudre 😉 stay tuned !

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