Au printemps dernier, Michelin sortait du bois en dévoilant progressivement sa gamme de pneus All Mountain, les Force & Wild AM. Depuis, les spéculations allaient bon train autour du devenir de la gamme Enduro du manufacturier français.
Les montes pneumatiques des pilotes de la marque ne laissaient pourtant aucun doute. Depuis de longs mois, des pneus aux profils singuliers et aux flancs estampillés Prototypes suggèraient quelque chose de nouveau dans les tuyaux… C’est désormais officiel !
Avec les Michelin Wild Enduro Front & Rear, la gamme revêt un nouveau visage : offre, choix, montage, fonctionnement et rendu… Ce que l’on connaissait des pneus Michelin prend un coup de vieux, mais avec les nouveaux entre les mains depuis plusieurs semaines, on peut désormais légitimement en dire plus !
Temps de lecture estimé : 8 minutes / Photos : Michelin – Jérémie Reuiller
Au sommaire de cet article :
- Jusqu’ici…
- Temps révolus !
- Ce qui se cache dessous ?!
- Deux pneus avants…
- La première impression…
- Ça travaille…
- Et ça grignote !
- Gum-X ou Magic-X ?!
- Limites à ça ?
- Qu’en penser ?!
Jusqu’ici…
On connaissait la gamme Michelin telle qu’elle s’était révélée à nous lors de notre essai comparatif des carcasses dédiées à l’Enduro. Des pneus, quoi qu’il arrive, dont le comportement était extrêmement lié à celui de leurs carcasses singulières : stables, précises, au fort amorti… Dont le confort n’était pas le maître mot mais dont le rendu du terrain était redoutable pour performer.
Une structure peu empreinte à se déformer et qui avait donc tendance à déléguer la tâche de s’adapter au sol. C’était donc en jouant sur les profils de crampons – 5 en tout – et les gommes choisies – 2 pour chaque – que l’on obtenait le Graal. En ajoutant la répartition entre pneu avant et pneu arrière : au bas mot une grosse vingtaine de configurations différentes parmi lesquelles piocher, 5 en moyenne par type de terrain.
Temps révolu !
Avec les Michelin Michelin Wild Enduro Front & Rear, le choix se veut désormais beaucoup plus simple. Ces deux nouveaux pneus – en 2.4 de section et compatibles jantes de 25 à 35mm – veulent devenir la principale option, dans 80% des cas. C’est le souhait de la marque. L’idée est donc assez simple : un pneu avant, et un pneu arrière, comme c’est écrit dessus…
Une initiative qui n’est pas sans rappeler celle des concurrents directs sur le terrain de la polyvalence : Schwalbe Magic Mary & Hans Dampf, véritable best-sellers du moment. Et comme chez la concurrence allemande, quelques pneus plus spécifiques viennent toujours compléter cette monte polyvalente pour les cas particuliers.
Chez Michelin, le Rock R2 Enduro reste au catalogue pour les terrains très rocailleux, le Force Enduro Rear – ancien Wild Race’R Enduro Rear – s’il faut du très roulant à l’arrière, et toujours les Muds quand l’apocalypse s’abat sur nous.
Ce qui se cache dessous ?!
L’offre a beau se simplifier, le travail de développement des Michelin Wild Enduro Front & Rear ne s’est pas pour autant résumé à une simple logique de rationalisation. Dans leurs conceptions, le pneu avant et le pneu arrière ne font pas usage des mêmes éléments.
À l’avant, la carcasse s’inspire des pneus All Mountain présentés au printemps dernier. Comprenons que sous l’appellation Gravity Shield, le Michelin Wild Enduro Front se compose de 3 plis en 60TPI complétés d’une couche de fibre à haute densité. L’objectif est ici le confort et l’économie de poids.
À l’arrière, la solution retenue s’inspire grandement de ce qui faisait l’ensemble de la gamme Michelin Enduro jusqu’ici. Le Michelin Wild Enduro Rear repose sur des plis en 33TPI – aux fils plus gros, raides et robustes – une trame très haute densité et un renfort aux talons pour réduire les pincements. Robustesse et rigidité en maître mots cette fois-ci.
Deux pneus avants…
Quand on rentre dans le détail du catalogue, le Michelin Wild Enduro Front est proposé en deux versions : Gum-X et Magic-X. Pourquoi ?! Michelin destine le premier au commun des mortels, les pilotes quelque peu expérimentés d’entre nous. Le second doit s’adresser plus spécifiquement aux compétiteurs chevronnés et experts en la matière.
Ce sont les gommes qui différencient ces deux versions du Michelin Wild Enduro Front. Non seulement celles qui entrent en contact direct avec le sol, mais également celles qui lient les différentes nappes de la carcasse. Elles ont donc une double influence, portant aussi sur le comportement dynamique des Michelin Wild Enduro Front & Rear…
La première impression…
Deux jours durant entre San Remo et Molini, puis sur nos terrains d’essai habituels, les Michelin Wild Enduro Front & Rear ont déjà procuré des premières impressions sans équivoque. D’autant que le staff Michelin a eu très bon goût de ne pas livrer les secrets de ses pneus avant roulage.
Une démarche qui n’influence donc pas sur les ressentis à priori, de très bon ton pour être souligné. Elle confie aux testeurs une entière confiance, ne peut que laisser place à la vérité et la consolider de manière durable. Ici, en l’occurrence, j’ai pu faire scrupuleusement usage des pressions auxquels j’étais habitué avec l’ancienne gamme, en guise de point de repère.
L’occasion de constater en premier lieu que parmi les trois pneus essayés, le Michelin Wild Enduro Rear est celui qui offre l’impression la plus proche de ce que l’on connaissait des pneus Enduro de la marque, jusqu’ici. Stable, précis, bien assis, une prestation qui rappelle au bons souvenirs passés, mais avec un quelque chose en plus…
Ça travaille…
C’est que désormais, à l’avant comme à l’arrière, on sent la carcasse des Michelin Wild Enduro Front & Rear travailler. J’entends par là qu’à la rencontre d’un obstacle, une racine ou un cailloux, la carcasse des nouveaux pneus Michelin d’Enduro se déforme et tend à prendre forme du terrain.
Ce comportement n’est pas sur le même plan que les pneus Mavic et Hutchinson, plus qu’experts en la matière, mais la différence est tout de même notable par rapport aux précédentes offres Michelin. Une évolution positive quand le terrain est défoncé, mais aussi quand le sol est déversant : la surface de contact s’oriente désormais pour augmenter le nombre de crampons au sol…
Et ça grignote !
Ce travail de la carcasse a un effet secondaire plus qu’intéressant : on sent l’application que les crampons peuvent avoir à grignoter le terrain. J’exagère volontairement en faisant usage de ce terme, car il résume bien le fonctionnement que les Michelin Wild Enduro Front & Rear effectuent grâce au travail conjoint de la carcasse et des crampons.
En permettant aux crampons de s’orienter, de pivoter et de ne pas prendre toute la déformation à leur charge, on sent que la carcasse permet à l’ensemble du pneu d’avoir une pression de contact plus constante avec le sol. Rien, ou si peu, n’est désormais dépassé par les événement. Le niveau d’adhérence grimpe et sa constance y gagne. Le décrochage et la gestion de la glisse en sont grandement vainqueurs.
Gum-X ou Magic-X ?!
À l’avant, il y a une vraie différence au niveau de ce travail. Les versions Gum-X et Magic-X n’offrent pas la même prestation. Pour donner des repères simples, le premier fait penser aux carcasses Maxxis Exo, Schwalbe SnakeSkin ou Michelin AM. Tant que la vitesse n’est pas très élevée, il fait le job. Il me fait dire qu’il a le bon visage pour être le pneu de Randuro ou de vélo de montagne tel qu’on l’entend.
Quand le rythme augmente et se rapproche de celui de la compétition, un certain flou apparait : une certaine tendance à rebondir et à générer de légers guidonnage qui ne permettent pas d’aller au delà. Dans ce cas, le Michelin Wild Enduro Front Magic-X prend le relais. Son amorti est un cran au dessus. Il stabilise ce qu’il faut pour que le travail continue à plus haute vitesse.
Limites à ça ?
Quelles sont les limites à ce travail particulier des nouveaux Michelin Wild Enduro Front & Rear ? Leur dépendance aux prestations des gommes qui les compose. Les températures plus froides de ces dernières semaines ont ainsi refroidi les ardeurs de la gomme Magic-X.
Sous 5°C ça devient une évidence : la gomme se raidit et le pneu offre un comportement proche de la précédente gamme. Dans ces conditions, le Michelin Wild Enduro Front Gum-X tire une meilleure épingle du jeu.
Une astuce à savoir pour choisir ses montes de pneu en fonction des conditions climatiques au cours de la saison. Pour les compétiteurs : Gum-X à l’entrainement dans le froid de l’hiver, puis Magic-X quand le thermomètre remonte et que les premiers chronos arrivent ?!
Qu’en penser ?!
Dans tous les cas, la nouvelle offre de la marque clermontoise va dans un sens intéressant avec les Michelin Wild Enduro Front & Rear. À la nuance de l’effet de la température près, l’ambition des 80% couverts par les nouveaux venus est respectée. À chacun de rester attentif sur la gomme utilisée devant.
Pour le reste, l’offre Michelin faisait déjà partie du trio de tête clairement identifié comme les meilleures prestations du marché avec les Maxxis Double Down et Schwable Super Gravity. Avec les Michelin Wild Enduro Front & Rear et ce qu’ils impliquent dans la gamme Enduro du manufacturier français, on peut désormais préciser certaines choses.
« La bataille ne fait que commencer… »
Les Maxxis Double Down sont désormais bien plus seuls sur le terrain d’une offre où le choix du profil a toute son importance. Michelin se positionne ici bien plus en concurrence des Schwable Super Gravity très polyvalents. Entre les deux désormais, la différence est claire : l’une reste à l’école du choix de gomme en fonction du terrain/des conditions/des goûts, l’autre bien plus sur une symbiose profil/carcasse à adapter selon l’ambition de vitesse que l’on a…
Pour conclure, revenons à des considérations plus terre à terre… Les premières dimensions – en 27,5 pouces – arrivent en magasin en mars. Les versions 29 pouces doivent suivre. Les tarifs eux, sont annoncés proches de ce que la marque proposait jusqu’alors… La bataille ne fait donc que commencer..!