Mise à jour SRAM AXS 2.53.8 – Plus vite, pour quel résultat ?

SRAM a publié la mise à jour AXS 2.53.8 qui modifie la vitesse de passage des rapports multiples de ses transmissions électroniques et sans fil. Prise de risque pour la fiabilité et la qualité du shifting ou vrai gain sur le terrain ? Quand il s’agit de mise-à-jour, on peut toujours avoir des craintes, d’autant que revenir en arrière n’est pas toujours évident. On a testé, chronométré, testé à l’usage et comparé à la concurrence, pour voir si ça vaut le coup de franchir le pas…

Quand SRAM temporisait…

Vous en avez déjà peut-être fait l’expérience : quand il s’agit de passer plusieurs vitesses d’un coup, les transmissions électroniques SRAM AXS atteignent un point où elles s’avèrent prudentes. Passé 2 rapports, on entend clairement que le changement parait « plus lent ». Si l’on est adepte du « multiclic » – c’est-à-dire que l’on aime faire un clic par rapports que l’on veut changer – on se rend même compte que les premiers changements de rapports sont assez synchronisés avec nos intentions, et qu’ensuite, le dérailleur « temporise »… On ne lui en voudra pas, quelque part. De retour à des transmissions courantes qui ne disposent pas de cette précaution, il m’est d’ailleurs arrivé de faire de la soupe de chaîne ! Au-delà de 2/3 rapports passés à la volée, il n’est de toute façon pas rare que ce soit compliqué. Logique, il faut de toute façon laisser le temps à la chaîne de trouver son chemin d’un pignon à l’autre, puis au suivant. Mécaniquement, il en va ainsi, et aller plus vite que la musique n’est de toute façon pas conseillé ici…

Sauf que ! Depuis quelques mois maintenant, la concurrence s’aiguise sur le terrain des transmissions électroniques et sans fil. Le dernier Shimano XTR est apparu et avec lui, un réglage de rapidité d’exécution qui fait forcément parler. Dans l’app qui accompagne le sysètme, il est tout à fait possible d’ajuster la vitesse à laquelle il est possible d’enchaîner les changements de rapports… Pas de surprise là non plus, je vous en ai fait part dès le lancement : sur le terrain, l’effet de ce réglage est perceptible, mais être trop gourmand fait perdre toute précision et douceur de changement de rapport que l’on prête habituellement à ces transmissions électroniques. Bref, ici aussi, on n’obtient pas le beurre et son argent ! Quoi qu’il en soit, dans un marché de libre concurrence, la moindre offensive du camp adverse peut demander une risposte. Même si ce n’est pas ainsi que SRAM présente les choses, je ne peux pas – pour ma part et dans mon rôle – m’empêcher de voir les choses sous cet angle, à propos de la mise à jour SRAM AXS 2.53.8. 

Avant/après : ce que disent les chiffres

Dans les faits, cette mise à jour contient un timing de changement de rapports multiples, plus rapide que précédemment. En clair, s’il s’agit de passer 3 rapports ou plus, le temps qui s’écoule entre chaque, est plus court qu’avant. Et ce, qu’il s’agisse d’appuyer plusieurs fois d’affilée sur le bouton, ou de le laisser enfoncer – mode multi-shift dans le langage de l’app SRAM. Mais qu’est-ce que cette mise-à-jour signifie ? Que l’on sacrifie la qualité et la durabilité du changement de rapport ? Ou bien que le système disposait d’une marge non exploitée jusqu’ici ?! La marque le confie elle-même dans sa FAQ. À la question « pourquoi SRAM n’a pas choisi le réglage le plus rapide dès le lancement de ses produits ? » la réponse suggère sans le dire une prudence qu’il est temps de surpasser… 

Le calage initial a été optimisé grâce à notre laboratoire d’essais et à notre vaste programme de tests terrain avec des pilotes. L’objectif était d’obtenir la meilleure qualité de changement de vitesse possible tout en privilégiant la durabilité à long terme du système. Après plusieurs années de tests supplémentaires et de collecte de données terrain, nous sommes désormais confiants dans notre capacité à réduire le temps entre deux passages de vitesses successifs.

Sur le papier, la communication SRAM évoque donc en creux une marge prise au départ, pour garantir la bonne perception de ses produits. Et c’est le moins que l’on puisse dire. On en atteste, à l’essai, sur FullAttack, jamais les transmissions T-Type ayant fait défaut en cas de situation difficile à plusieurs changements de rapport. C’est effectivement un des points forts de ces transmissions… Mais alors, qu’en est-il avec cette mise-à-jour ? Eh bien dans les faits, les mouvements d’un dérailleur SRAM T-Type GX AXS y gagnent en rapidité dans tous les domaines. Voici le même dérailleur, avant (gauche) et après (droite) mise à jour, actionné en multishift – 1 clic maintenu – les deux vidéos synchronisées sur le « clic » du shifter au départ…

  • Après le clic, le premier mouvement intervient une fraction de seconde plus vite. 
  • Dans les deux cas, on perçoit bien les deux premiers mouvements plus rapides que les suivants. Avec la mise à jour, le temps entre les deux mouvements est réduit. 
  • Puis, le temps entre les suivants est, comme annoncé, réduit également. 
  • Au final, C’est 1,4s environ plus rapide pour balayer l’ensemble de la cassette avec la mise à jour. Sur un mouvement qui en prenait 6,25s et qui n’en prend plus que 4,85s, c’est 22% de temps gagné.

Sur le terrain, ça donne quoi ?

Ça, c’est à l’atelier, pour faire quelques images et geeker. Mais sur le terrain, qu’en est-il ? Sur les premiers changements de vitesse, la différence est contenue. À l’aveugle, je pense que l’on n’en fait pas la remarque. Il faut être au courant et s’y intéresser pour déceler une légère différence, toujours bonne à prendre. Mais ensuite, la différence se fait plus clairement sentir. Pour balayer l’ensemble de la cassette, la différence avant/après est plus évidente. À la remontée, rien à dire : c’est plus rapide et la qualité d’engrenage est toujours présente. Une fois de plus, le T-type marque des points dans mon esprit. À la descente par contre, on sent que le système touche à sa limite. Il arrive déjà de sauter une dent sur le bas de cassette sans la mise à jour. Avec, c’est le cas plus systématiquement en arrivant sur les derniers pignons. Hormis ce dernier point, la mise à jour est donc bonne à prendre. Mais pourquoi ne pas avoir ralenti un peu la descente de cassette ? Après-tout, l’électronique permet beaucoup de choses, et à choisir je prends volontiers la montée de cassette nouvelle, et l’ancienne descente. D’autant que dans les faits, c’est bien plus souvent de remontée de cassette plus rapide, face au dépourvu, dont on a besoin… 

Et versus la concurrence ? Quoi qu’il arrive, la mise à jour SRAM 2.53.8 n’atteint pas la vitesse maximale du Shimano XTR… Il faut 2.15s à ce dernier en mode « très rapide » pour balayer la cassette… Mais pour quel résultat ?! Mieux vaut avoir le pied très léger ou le moteur coupé à cet instant, sans quoi, c’est soupe de chaîne assurée. Par expérience, c’est le réglage « rapide » du Shimano XTR qui est réellement exploitable, au mieux. Et face à cette configuration, le SRAM AXS revient dans le match sur les deux premiers changements de rapport. Sans mise à jour, il est à peine plus lent. Avec mise à jour, il est tout juste plus rapide. Ensuite, on observe deux choses. En l’absence de temps mort avant la deuxième phase – qui dure 0.36s chez SRAM mise à jour, 0.46s sans ça – le multishift Shimano est toujours plus rapide. Ça enchaîne – sans jeu de mots – quoi qu’il se passe sur la cassette. En mode normal, il faut toujours à peine 3,53s au XTR, et il faut ralentir au mode « très lent » pour que la mise à jour SRAM et le XTR soient équivalents, ce dernier ayant toujours ce petit avantage de ne pas faire de pause en chemin… Quoi qu’il en soit, tout ça est à grandement relativiser puisque sur le terrain, outre la rapidité d’exécution, la qualité est primordiale aussi. Et en la matière, la dentition T-type fait une telle différence qu’il est bien difficile de mener un comparatif rapide. Sa constance dans l’excellence du changement de rapport fait que la plupart du temps, elle compense une relative lenteur du reste tandis que la concurrence se précipite un peu, mais saute en chemin. Pour moi, la dentition T-Type garanti un tel changement de rapport qu’elle autorise volontiers le reste du système à prendre son temps pour rester en tête des références du moment.

La mise à jour SRAM 2.58.3 est-elle donc bonne à prendre ?

Oui ! À mon sens, elle rend les transmissions AXS plus vives sans les faire sortir de leur zone de confort. On ressent le gain quand il faut remonter la cassette en urgence, tout en conservant la qualité de shifting qui fait la force des T-Type. Bref, SRAM accélère le rythme, et nous, on prend !

Rédac'Chef Adjoint
  1. Et comparé à une transmission à câble classique ça donne quoi comme temps ? Par exemple une Sram x01/xx1 ou shimano xtr?

    1. Pas évident de répondre à ta question. Le multishift – fait de rester appuyer sur la gachette et voir à quelle vitesse le dérailleur se débrouille tout seul – n’éxiste pas sur une transmission à cable. Il faudrait changer de protocole pour y répondre. Peut-être essayer différentes fréquences de changement de rapport et voir à partir de laquelle ça devient compliqué. Il doit y avoir le retour de la gachette qui peut être facteur limitant, tout comme la qualité d’engrenage chaine/cassette. À partir de quand décide-t-on que ça n’est plus satisfaisant ? Dans l’article, je me base sur ce point parce que c’est binaire : dans un cas ça saute, dans l’autre ça ne saute pas. La différence est évidente. Dans un protocole plus continu, va-t-on se confronter à une rupture nette, ou un période de transition plus difficile à caractériser ? Bref, c’est juste pour dire que c’est pas évident.
      Après, sur le terrain, on a une transmission T-Type Eagle 90 qui bénéficie des fameuses chaines/cassettes T-Type. Par expérience, là je peux dire que c’est un peu la course de la gachette qui de toute façon limite le truc. Non pas qu’elle soit plus ample que d’autres, simplement on sent bien que c’est la mécanique pour enchainer plus de 2 clics qui prend un peu de temps. Il me semble qu’il faut une belle dextérité pour concurencer l’electronique dans ce cas, et sans trop faire n’importe quoi 😉

      1. En pratique il m’arrive rarement de passer toute la cassette d’un coup, pour monter ou descendre de 4 vitesses est-ce que c’est plus lent qu’une transmission à câble ?
        Ou alors en d’autres termes est-ce que le passage de vitesse est meilleur que sur une transmission à câble haut de gamme ? Est-ce que ça justifie l’écart de prix, le poids et les potentielles surprises du type j’ai oublié de charger la batterie ou mon shifter n’a plus de piles.

        1. L’intérêt pratique de l’électronique, c’est qu’elle est plus « précise » que le câble. J’entends par là qu’avec le câble, parfois, tu passe le clic, le tire un tout petit peu trop, le dérailleur et la chaine vont un poil trop loin, puis finalement reviennent sur leurs pas quand tu relâche. Parfois, dans le feu de l’action, ça peut faire gratter/sauter la transmission. C’est assez commun aux transmissions à câble quel que soit le niveau de gamme. Une entrée de gamme imprécise aura peut-être un comportement aléatoire face à ça. Une haut de gamme sera peut-être plus exigeante vis-à-vis de ça… Avec l’électronique, le dérailleur fait un seul mouvement, précis, d’un rapport à l’autre. C’est cette « précision » que l’électronique apporte. Après, est-ce que ça vaut les centaines d’euros que ça représente en plus ? À chacun d’estimer la valeur qu’il accorde à ça et les sommes d’argents dont il dispose et souhaite y consacrer. Pour ma part, j’ai précisé à différentes reprises dans les parutions dont je suis l’auteur sur FullAttack, qu’à mon sens l’électronique me parait un cher investissement en regard de ce que ça apporte. Dans cette logique, j’ai donc profité de la sortie du T-Type mécanique SRAM Eagle 70 & 90 pour dire qu’à mon sens c’est plutôt la qualité d’engrenage T-Type pour le changement de rapport sous charge qui est un vrai égale changer ». Et dans ce cas, on est sur des sommes bien plus contenues 😉 Le détail de ça est à lire ici pour aller plus loin > https://fullattack.cc/sram-eagle-70-90-le-tres-attendu-sram-t-type-mecanique-en-6-questions/

  2. Merci Antoine pour ce reportage

    C’est quand même dommage que SRAM ne conseille pas d’activer le Multi-Shift sur les ebike sous peine de perdre la garantie.

    Quoique sur les light assist qui font généralement moins de 65Nm, je pense que ça ne devrait poser de problème non ?

    Sinon suite maj, en mode normal, t’as aussi constaté à la montée des pignons que c’était plus rapide ?

    Car j’ai cette impression mais surtout que c’est plus fluide, que la montée se fait plus en douceur en limitant les bruits de chaine / pignon.

    1. Merci ☺️ C’est surtout quelque chose de se dire que l’électronique peut faire foi sur l’usage qui a été fait du produit. On ne peut pas dire « Le Multishift ? Ah non… » 😇 Il y a certainement trace quelque part… J’ai peu d’usage des lights assists ces derniers temps. Difficile d’être catégorique. Mais comme suggéré, ça pourrait faire sens. D’autant que la qualité de changement de rapport sous charge du T-Type suggère que s’il y a bien une transmission qui s’y prête sur le marché, c’est celle-là 🤷‍♂️ Après, on l’a dit dans l’article : SRAM est prudente, et ça peut se comprendre. ✅ Oui, j’ai constaté que c’est plus rapide même en mode normal. En fait, j’ai observé qu’en mode normal, dès qu’on « harcèle » le bouton du shifter en cliquant beaucoup dessus, le dérailleur se comporte comme en multishift, même si ce mode est désactivé… Le dérailleur bouge aussi vite sur deux premiers mouvements/rapports, temporise ensuite, et au final, il est à peine plus lent pour couvrir toute la cassette – de l’ordre de 0.1s. Je rejoins cette impression de plus de fluidité, oui 😉

  3. Merci pour le sujet, SRAM répond en effet aux vidéos qui ont circulées suite à l’arrivée du système Shimano.

    Pour moi remonter tous les pignons d’un seul coup c’est avoir mal anticipé et pour le coup j’aurai plus tendance à avoir confiance en SRAM qu’en SHIMANO sur la durée de vie de la transmission en cas d’utilisation bourrin (je suis en T-type).

    Après ça peut arriver évidemment d’être surpris et de devoir remonter la cassette, en mode purée comme vous dites….

    La question est, une fois la mise à jour effectuée on est donc « condamné » au nouveau réglage? il n’y a pas moyen de sélectionner via l’appli le mode de vitesse?
    Merci pour vos articles

    1. L’erreur est humaine, donc avoir du matériel qui s’accorde à ça est un plus. Pour le coup, ce que propose SRAM (qualité d’engrenage, prudence du timing de changement de rapport multiple) va dans ce sens. Pour voir si on a la possibilité de revenir en arrière, il faut regarder dans l’app si l’on a accès aux Beta version de mises à jour. Dans ce cas on doit pouvoir revenir à des versions précédentes. Hormis ça, l’app permet d’activer ou non le multishift et le nombre de pignons que l’on passe alors à la volée…

  4. Désolé, mais moi j’ai vraiment beaucoup de mal à comprendre l’avis des journalistes sur ce sujet:
    j’ai roulé la transmission T-Type X0 sur un VTTAE Full Power sur 3.200 Km et je n’ai jamais trouvé cette transmission Waouwww, elle a même fini par se dérégler toute seule en cours de route, comparée à la transmission Di2 que j’ai pu rouler de 2017 à 2020 avec un Rocky Mountain Thunderbolt, il n’y avait pas photo au niveau de la précision, de l’onctuosité et de la fiabilité.
    Maintenant, j’ai installé la nouvelle transmission Shimano Di2 sur mon Pivot Shuttle LT, j’ai fait actuellement + de 1.000 Km avec et le ressenti est pareil: formidable.
    Pour info, je ne suis pas du genre à changer les rapports à la pelle, la rapidité du changement de vitesse, je m’en fout un peu (bien que je trouve que le Sram est vraiment très très lent), ce qui m’intéresse c’est l’onctuosité du système et la fiabilité et à nouveau je ne suis pas déçu du système Shimano par rapport au Sram et en + je n’ai dû changer que le dérailleur et la manette, rien d’autre et tout fonctionne impec.
    Je ne suis pas un fan inconditionnel de Shimano, car dans le temps j’ai roulé uniquement avec les transmissions Sram et les poignées tournantes GripShift, c’était un régal comparé au système Shimano.

    1. Bonjour Eric, merci pour ces précisions. Tout d’abord, noter que l’ensemble du témoignage porte sur une pratique VTTAE. Pour notre part, ici, il s’agit d’une pratique 99% VTT classique, sans assistance. Compte tenu de la grosse différence de puissance mise en jeu, et de l’influence directe que ça a sur la tension du brin supérieur de la chaine – lui-même partie intégrante du changement de rapport et de la perception que l’on en a – on peut tout à fait comprendre que des différences de point de vue puissent exister 😉
      J’aimerai mieux cerner votre manière d’apprécier les choses. Pouvez-vous préciser ce que vous entendez par « précison, onctuosité et fiabilité  » ? Quels cas concrêts, quels traits de comportement mettez vous dans chaque terme ? Ce que la manette procure ? Les réactions du dérailleur ? Les retours que vous percevez dans les pieds/jambes ? Exemple pour ma part, je note la transmission SRAM avant mise à jour plus lente parce qu’entre deux clics répétés au shifter, voire plus, on peut entendre le dérailleur mettre un petit temps à réagir après le second, troisième… etc, alors que chez Shimano on a le sentiment de simultanéïté en permanence. Autre exemple : je prête une capacité excellente de changement de rapport sous charge au T-Type parce que la chaine ne saute pas, fait très peu de bruit, et on ne perçoit aucune secousse ou passage à vide lorsque la chaine passe d’un pignon à l’autre. Ce qui provoque toujours plus de bruit et/ou de secousse dans les pédales avec du Shimano…
      Pour ce qui est de la transmission SRAM qui s’est déréglée toute seule, avez-vous plus de précisions ? Identifié les sources ? Trouvé des solutions ?

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