Il y a quinze jours à peine, le gratin mondial de l’Enduro affrontait les terribles pentes de La Thuile, Italie. Depuis, tout ce beau monde a traversé l’Atlantique, pour la tournée nord américaine de la Coupe du Monde Enduro World Series 2016. Passage en revue des principaux éléments indispensables pour comprendre et suivre la compétition du week-end à venir : l’EWS Aspen 2016…
Le spot – Aspen, Snowmass, Colorado, USA
La ville d’Aspen se situe sur les premiers plis que forment les Rocheuses, sur la frange Est du massif américain. Plus précisément, 3h et 250km de route à l’Ouest de Denver et son aéroport international où la plupart des pilotes ont atterri.
La course se déroule à Snowmass, une des quatre stations du regroupement d’Aspen. Il s’agit d’une des plus réputées du secteur. Elle accueille chaque hiver les emblématiques Winter X Games, ces « jeux olympiques » du sport extrême américains. Elle est aussi et surtout, une des destinations les plus huppées de la région. Les prix au mètre carré y atteint des sommets et les boutiques de luxe y sont légion. Au point d’avoir inspiré les auteurs des Simpsons pour un épisode intitulé Asspen…
Pour ce qui nous intéresse le plus, la station se trouve de l’autre côté du massif parcouru l’an passé. Crested Butte est effectivement à quelques encablures plus au Sud. Comme les années précédentes, le pied du domaine se situe à 2400m d’altitude, et les plus hauts sommets culminent à 3800m. Des chiffres qui suggèrent donc toujours un manque d’oxygène chronique… Et une récupération plus lente qu’à l’accoutumée, pendant et entre les spéciales.
Des tracés qui reposent sur un terrain particulier. Ici, le Tremble, arbre de la famille des peupliers, pullule. On connait tous ces troncs blancs, similaire à celui du bouleau, qui ornent certains des plus beaux clichés de la planète VTT. Au sol, peu d’autre végétation, si ce n’est des hautes herbes qui réduisent parfois le champ de vision et ralentissent – un peu – la cadence. Elles cohabitent sans mal avec l’emblème du coin : « Aspen » est la traduction anglaise du Tremble…
Les spéciales de l’EWS Aspen 2016
Comme à La Thuile, et plus encore ce week-end, le tracé de la course repose sur l’utilisation des remontées mécaniques. À cette altitude, les pilotes devraient donc goûter aux joies de cette usage et mieux digérer les 500m de D+ de liaison.
Deux jours de course sont prévus dans le Colorado : 3 spéciales par jours. Six tracés différents…
Sur le papier ! Car pour ce qui est de la diversité et des difficultés, le contraste risque fort de sauter aux yeux des pilotes sur certaines spéciales, après l’étape italienne. Comme à La Thuile, à Aspen, les arbres sont légion. Pourtant, les tracés ne tourneront pas autant autour. Droit, dans la pente – moins prononcée qu’il y a quinze jours – ou à travers les pistes. Place à la vitesse par endroit !
Le sol lisse s’y prête particulièrement sur cette EWS Aspen 2016, tant que la poussière du pilote de devant n’empêche pas toute lecture du terrain. Autant dire qu’il faudra une sacrée dose de confiance en ses reconnaissances. Si jamais celui de devant vient à faire une faute et se faire rattraper, il faudra savoir rester à fond sans toucher au frein malgré la poussière masquant le terrain…
Parmi les spéciales du week-end, quelques enseignements intéressants. D’abord, le fait que le premier jour soit à nouveau une épreuve de force. Après une première spéciale rapide et « facile », la seconde promet des relances importantes et la troisième une belle longueur sur cette EWS Aspen 2016.
Surtout, le dimanche matin devrait livrer son dernier verdict du week-end > 900m de dénivelé sur 8,5km pour la spéciale 4, les chronos devraient se trouver au dessus des 15min de course. Soit la dernière véritable occasion de creuser l’écart avant de « contrôler » sur les deux dernières « courtes » spéciales du week-end…
Un terrain et des tracés dans la lignée de ce que les pilotes savent désormais du Colorado. Certains ont d’ailleurs pris les devants…
Les clés du week-end
C’est notamment le cas au niveau du matériel. La réputation du 29 pouces, rouleur dans l’âme, fait notamment des émules. Même si les derniers essais en date ont démontré que ce format peut s’avérer maniable, certains font bien appel aux qualités premières des grandes roues : mieux conserver la vitesse…
Le point clé du week-end ! C’est notamment le cas de certains seconds couteaux talentueux. Alex Cure avait annoncé de longue date qu’il sortirait son Rocky Mountain Instinct. Cody Kelley offre au Yeti SB5.5C sa première apparition en Coupe du Monde EWS.
Chez les favoris, les pilotes Cube, Nicolas Lau et Greg Callaghan s’y sont déjà bien habitués sur le Cube Stereo 29 140. Il n’empêche qu’un autre habitué du format reste prudent. François Bailly-Maitre, sur son BMC Trailfox 01, espère trouver le plaisir sur ce terrain. Il a tant apprécié, avec succès, la pente et le tricot d’Italie…
Pour autant, tous n’osent pas un tel changement. Jérôme Clementz notamment, qui entend bien ne pas céder à la pression des « wagon wheels » – en anglais dans le texte au micro de nos confrères de Vital MTB. Le ton est donné ! D’autant que l’Alsacien trouve certains passages à son goût, et ne se prive pas de nous en faire profiter.
C’est aussi le cas de Richie Rude. leader du classement général au moment d’entamer cette EWS Aspen 2016. Pas encore suffisamment de temps sur les grandes roues pour avoir tous ses repères. Il préfère rester sur de l’éprouvé : son SB6c, 27,5 pouces, taille M, potence en 60mm et cintre en 740mm..! Une précaution qui n’a malheureusement pas empêché le gaillard américain – 1m80, 93kg – de faire trembler la terre dès son second run de reconnaissance…
Richie Rude s’est relevé et a terminé, avec une douleur à l’épaule gauche. Il aurait ensuite passé la journée à l’hôpital pour des examens. Épaule démise et participation incertaine. Aux dernières nouvelle, il projetterait de se passer des reconnaissances du second jour. Repos et récupération pour Richie Rude dans l’idée de prendre le départ, à vue, samedi matin…
Une nouvelle qui ferait presque oublier que cette manche américaine est l’occasion d’un retour très attendu. Martin Maes fut le seul à inquiéter le pilote Yeti en début de saison. Il est tout juste remis de sa fracture au poignet.
Après avoir roulé en dilettante après le passage des top-pilotes à La Thuile, le voilà de retour aux affaires. Tout comme Yoann Barelli, dont les os de la main droite semblent tirés d’affaire. Souhaitons lui que le passage difficile de la période Megavalanche soit passé, et qu’il puisse de nouveau prétendre à conserver sa place au sein du top 10 mondial.
Ce que ne manqueront pas de faire la brochette de « frenchies » bien placée au général : Damien Oton (2ème), Florian Nicolaï (3ème), Jérome Clementz (4ème) et François Bailly-Maitre (5ème) n’attendent que ça !
Pour les deux filles les plus rapides du moment, même tableau. À ce sujet, on est curieux de voir si Isabeau Courdurier (2ème) réussira une nouvelle fois à se rapprocher de Cécile Ravanel (1ère). Dans tous les cas, ils faudra éviter les tout-droit, la poussière et les arbres massifs du Colorado…
Réponse dès samedi soir pour le premier jour de cette EWS Aspen 2016 : le Colorado compte un décalage de 8h, de retard, avec l’heure française…