Texte et photos : Manu Bonne
Road trip
Septembre arrive toujours un peu trop vite. Pour profiter encore un peu du soleil estival et des quelques courses qui rythment la fin de saison, je décide de quitter mes Vosges natales et de suivre le soleil. Chez nous l’été disparaît au 15 Août et malheureusement l’été indien nous ne connaissons pas. Je charge rapidement mon VW T5, qui va se transformer pendant quelques jours en camping-car et je prends la route direction le sud. Au programme, le Giant Enduro des portes du Mercantour et la finale Mega2rx Enduro à Vallnord…
Je prends la route le jeudi en direction du Mercantour. Un petit stop à l’Alpe d’huez chez Valérie et Jérôme Schendène pour une ride improvisé sur les pentes de l’Alpe du Grand Serre. La piste est magnifique, shapée à la main de haut en bas. Elle est plutôt bien fournie en épingles, relevés, jumps, road gap, rochers, racines et en pente, beaucoup de pente. Le genre de piste qui fait souffrir vos plaquettes de freins mais qui vous donne le smile. Le Derby de la Morte (course façon mass start) emprunte cette piste le samedi. Valérie du Cube Action Team y décroche d’ailleurs la première place et Jérôme termine à une belle 6ème place. On peut dire qu’ils ont eu de bons conseils… Je repars le vendredi, il me reste 3h de route environ jusqu’au Mercantour. Le « environ » est important ! Le GPS en mode « Lost », je découvre un paysage splendide en empruntant les petites routes. Je suis impressionné par la beauté des montagnes. Je ne tiens plus en place, j’ai bien envie de finir le trajet en vélo mais soyons sérieux, il y a deux jours de course qui m’attendent. L’Enduro du Mercantour s’annonce superbe.
J’arrive à Valberg, là ou va se dérouler la course, un peu plus tard que prévu. Plus le temps pour entamer des recos. J’en profite alors pour purger mes freins qui ont souffert de la pente de la veille. Je prépare tranquillement mon van pour ma première nuit de camping. J’avale un bon plat de pâtes et au lit. Il faudra des forces pour le lendemain.
Samedi 10, c’est parti pour la première journée de l’Enduro des Portes du Mercantour. Le soleil est de la partie, ça s’annonce grandiose. Je ne fais pas partie des pilotes protégés, je pars donc avec deux autres riders sur les spéciales. Ce n’est pas l’idéal pour le chrono mais c’est franchement plus sympa. Malheureusement la purge de la veille aura laissé un peu d’huile sur les plaquettes… Le premier virage s’annonçait plutôt délicat. On enchaîne les spéciales, les liaisons, les ravitos… On se marre bien entre potes, devant ça se tire la bourre. L’ambiance est bonne, tout le monde est détendu, on est loin, très loin des World Series mais on n’oublie pas le price money qui sera distribué dimanche soir… Je suis un peu perdu en roulant à vue mais c’est du pur plaisir de rouler sur ces spéciales. Les sudistes affolent les chronos, il n’y a pas de doute, ils sont à la maison. A la fin de la journée, je suis loin dans le classement mais j’ai surtout mal aux jambes. La liaison de trois heures a laissé des traces… Un bon resto entre amis et au lit, demain c’est la spéciale en poursuite. Ça va jouer des coudes…
Dimanche matin, 7h, je suis réveillé par la pluie qui frappe le toit de mon van… Ça ne présage rien de bon. Ce sont des trombes d’eau qui tombent sans répit. Je prends un bon coup au moral. Impossible de passer entre les gouttes, vous êtes trempé en dix secondes. Je décide de rester au chaud pour aujourd’hui. Cela aurait été impossible de sécher mes affaires dans la voiture pour le reste du séjour. Et quand je croise les premiers riders qui en finissent avec cette dernière spéciale, je me dis que j’ai fait le bon choix. En attendant le podium, on partage un copieux repas entre potes et on rit en écoutant les projets de vélos en plastique recyclé de Yoan Barelli. Vous en saurez certainement plus sur l’aventure « plastico-Barello » au Roc d’azur…
Je reprends la route et quitte le Mercantour avec l’envie d’y revenir au plus vite. On a passé un super weekend et l’Enduro des portes du Mercantour est à faire au moins une fois. Je roule quelques heures mais la fatigue du week-end me rattrape vite. Je fais un stop au bord de la Méditerranée pour la nuit. Grasse matinée et petit déj’ sur la plage, c’est joli mais trop plat pour moi…
J’arrive à Font Romeu lundi après midi, le temps de faire un petit tour de recup’ et quelques descentes sur les pistes du bike park. Le spot est vraiment top pour la pratique de l’Enduro.
Le soir je débarque à Vallnord en Andorre et je récupère une chambre d’hôtel, ouf un peu de confort ! Et du wifi !
Mardi je ride le bike park, les spéciales du week-end ne sont pas encore tracées. C’est parti pour la piste de Coupe du Monde. La piste n’a pas vraiment de gros passages engagés comme à Hafjell. Tout passe avec un enduro mais quand vous vous rappelez la vitesse à laquelle Thirion passe dans les raidards… Là ça impressionne ! Les quelques gouttes de pluie qui tombent tout au long de la journée rendent la piste vraiment glissante. Le bike park est génial, j’essaie de ne pas en faire trop pour rester en forme pour la course. Faire trois ou quatre jours en bike park même avec un télésiège, ça fatigue. J’en profite pour faire quelques réglages sur le vélo. Je regonfle un peu mes suspensions SR Suntour parce que ça « tabasse » pas mal et il y a de belles marches.
Finalement, je ferai deux jours de repos forcés après m’être explosé sur des roches rendues glissantes par la boue. Après avoir épuisé le stock de glaçons du bar de l’hôtel, ma main douloureuse va mieux. J’attaque les reconnaissances avec un peu d’appréhension mais après quelques descentes je me sens à l’aise. La piste pour la finale du dimanche me plait ainsi que le reste des spéciales. C’est un des plus beaux tracés de la saison.
Samedi nous partons pour une journée d’enduro sous le format rallye. Habituellement sur les Mega2rx les qualifications du samedi se font en mass start comme pour la Megavalanche. Pour la finale les organisateurs ont décidé de changer un peu les règles et nous font courir sur 3 spéciales. Nous partons deux par deux et le classement se joue au temps chrono. Les vingt premiers seront qualifiés en ligne A pour dimanche. Les spéciales sont bien engagées et peu physique. La journée se passe bien, mon vélo est top et avale parfaitement les 3 spéciales sans broncher. Cédric Gracia l’emporte sans surprise devant Karim Amour. Ce dernier s’offre tout de même le scratch de la dernière spéciale… Il y aura match dimanche ! Iago Garay fini troisième. Moi je fini la journée en 8ème position, quelque peu surprit par des locaux… La course c’est demain alors pour l’heure on va se faire un bon resto, en plus en Andorre c’est bon marché. (Comme tout le reste, essence, pièces détachées, vélo… j’ai fait le plein).
Pour la finale de dimanche, on change également les règles et nous partirons par vague de vingt. Soit ligne par ligne. On courra donc contre le chrono mais en partant en mass start. Ainsi un top pilote qui partirai en ligne D pourrait gagner la finale sans avoir à batailler avec vingt furieux à ses trousses… Quelques uns l’avaient bien compris. Il a plu durant la nuit, après avoir roulé sur le sec hier, on appréhende un peu la piste. On se met tranquillement en ligne, dix minutes avant le départ, avec un peu moins de pression que d’habitude. Le fait de n’avoir personne derrière soit me stresse un peu moins. Si je loupe mon start je ne risque pas de me retrouver cinquantième. Petite surprise au beau milieu de toutes ses jambes poilues, Anne-Caro Chausson 17ème au scratch de la veille, prend place en ligne A… Au moins une qui doit être plus stressée que d’habitude. La célèbre musique « Alarma » annonce le départ, ça y est les fauves sont lâchés. Çà part vite, ça se double pas mal, Cédric et Karim on déjà disparu entre les arbres et chacun trouve sa place dans la première partie physique. La piste est super engagée, la pluie a rendu le grip plutôt incertain et la chute presque inévitable. Je roule dans un groupe de quatre et profite des chutes de chacun pour doubler. Je finis moi aussi par me mettre au tas et vois Iago me dépasser comme un avion. On attaque le dernier physique, une montée en deux temps de plusieurs minutes. Ça fait mal, très mal ! Je me fais gentiment déposer par Contador et Froome et je finis en déroulant dans le single jusqu’à l’arrivée. Je suis 7ème quand je passe la ligne d’arrivée mais il reste 3 vagues à passer. J’ai plus qu’à croiser les doigts. Cédric Gracia gagne cette première manche devant Karim Amour et David Schmied.
On mange un bout, lave le vélo et on reprend la télécabine pour la dernière manche. Pour l’instant je maintiens le top 10, l’objectif est d’y rester. Sur la grille de départ je reprends ma place du matin, à l’inter pour faire le moins de chemin possible. Je sors plutôt bien mais on s’empile dans une coupe avec Iago et je perds quelques places. Ça m’apprendra ! Je fais un mauvais début de parcours et pas mal de riders me passent dans le premier physique. Comme à mon habitude je m’en sors mieux dans le technique, mon Devinci Dixon marche vraiment bien et je reprends des places. Je double notamment Anne-Caro qui m’avait infligé une petite correction dans le physique… Une bonne partie du tracé se fait au milieu de roches et de racines avec beaucoup de vitesse. Ça a un peu séché par rapport à ce matin, je soude à mort et j’en profite pour faire le trou avant la grosse montée de fin de parcours. Je donne tout mais deux riders me recollent. Je bataille jusqu’au bout et arrive à basculer dans le dernier single en tête de mon groupe. Il est quasi impossible de doubler sur cette fin de parcours, surtout dans notre état… La langue sur la potence et les yeux à l’envers je finis comme je peux. J’arrive tout de même à apercevoir Karim, victime d’une crevaison, qui court à coté du single. Cédric remporte cette manche devant Iago Garay et Fernandez Latorre (sorti de nulle part). Moi je fini 9ème l’après midi et 8ème au générale, le top 10 est dans la poche je suis satisfait.
En attendant le podium on refait la course et on tente de calculer le nombre de points que chacun a marqué tout au long de la saison pour avoir le classement général Europe Cup. Pour moi qui n’ai pas fait tout les manches du championnat, le calcule est vite fait. Je finis 10ème du championnat. Cool !
Après cette dure journée rien de mieux qu’un bon burger frites bien gras. La saison est finie, il est temps de rentrer à la maison.