Epic par équipe – Le team Rocky Sports nous raconte…

Ils sont Champions de France par équipe mais savent par dessus tout participer à l’ambiance sur les meilleurs événements de la saison. Depuis le temps, le Team Rocky Sports fait partie des meubles et des valeurs sûres du petit monde de l’Enduro hexagonal.

À tel point que c’en devient une habitude cette saison : cette bonne bande de pilotes aguerris va nous raconter ses péripéties en course. Première épisode, et non des moindre, l’Epic Enduro, en relais par équipe ! Après tout, c’était somme toute logique !

Les motivations, l’ambiance, la stratégie, les expériences et un retour sur cette épreuve mythique en mode relais : le Team Rocky Sports nous raconte son Epic par équipe…

 


Temps de lecture estimé : 10 minutes – Récit : Team Rocky Sports


 

Au sommaire de cet article :


L’idée, au départ…

Le VTT, à la base, est une activité individuelle… C’est rare de faire des épreuves collectives dans un tel sport. Sur l’Epic par équipe, c’est une des meilleures façons de joindre les deux. Le concept du relais, c’est un peu comme un sport collectif, la tactique est différente, l’approche aussi.

Ça change des habitudes, c’est super convivial, surtout quand tu roules contre des équipes de potes. Ça permet de se concurrencer d’une façon totalement différente de l’habituel scratch à l’individuel. L’air de rien, ça rappelle aussi, à Xavier et Paul, leurs années TFJV – Trophée de France des Jeunes VTTistes.

« Champion de France par équipe, on se devait d’être présent ! »

Le Team Rocky sports, c’est la famille dans laquelle on évolue toute la saison dans notre domaine de prédilection. Alors faire une course avec ses copains sur des sentiers réputés techniques et beaux, il nous en faut pas plus. D’ailleurs, on est tellement soudés dans l’équipe que dès qu’il y a une nouvelle course en équipe, on s’inscrit… Et on réfléchit après !

Plus sérieusement, Xavier avait fait les recos avec Damien, qui participait il y a 2 ans. Il était tombé sous le charme des chemins mais ne se voyait pas la force mentale de le faire en individuel. Ce type d’épreuve nous laisse admiratif devant tous ces finishers, mais pour l’instant nous préférons rouler à pleine capacité en descente. On a donc sauté sur l’occasion pour se motiver, et nous voilà partis.

Stratégie d’équipe ?!

Première question, comment se répartir les boucles ?! On a essayé en fonction de nos capacités. Très clairement, Xavier était le chat de l’équipe : très habitué à rouler et skier de nuit, il était le plus motivé pour effectuer le premier relais qui fait toute la particularité de l’Epic. Et puis, il faut bien le dire : Quentin a beaucoup de mal à démarrer tôt ! En plus, Damien nous avait dit de partir vite dès le départ pour ne pas être bouchonné…

Pour les boucle 2 et 3, le choix s’est fait un peu plus au hasard. Nous connaissions peu le terrain avant nos recos de la veille et ne pensions pas que les terrains rencontrés sur les diverses boucles seraient si différents. Au final, Paul sur la boucle la plus physique et Quentin en finisher pour résister à la pression. Voilà le plan, avec nos propres moyens, face à une sacrée concurrence…

 


La concurrence…

Il faut bien l’admettre : quand on a su qui composait l’équipe « vainqueur » (François Bailly-maitre, Thomas Lapeyrie et Damien Oton) on s’est dit qu’il n’y avait pas trop de danger… On ne finirait pas premiers !

Par contre, nos bons compatriotes de Chamrousse et grands amis de toujours étaient là aussi (Ulysse Francoglio, Théo Daumas et Clément Benoit). Autant dire qu’il y a eu beaucoup de plaisir à se tirer la bourre avec eux : niveaux assez similaires, on s’entraîne sur les mêmes spots en Rhône-Alpes…

« On parle en liaison, on se tire la bourre en descente… On s’aide aussi en cas de pépins, c’est ça l’Enduro ! « 

Ce qu’il y a d’un peu frustrant dans cette course par équipe, c’est qu’au final, on ne roule rien de commun avec ses coéquipiers… Mais on a chacun roulé avec nos adversaires de boucle du Chamrousse Enduro Team. Et ça c’est cool ! On parle en liaison, on se tire la bourre en descente.

On s’aide aussi en cas de pépins, à l’image de Théo qui a dépanné Paul d’une attache rapide. La veille au soir, ils étaient aussi nos voisins de tente et nous avons passé le repas du samedi soir ensemble autour d’un plat de pâtes… C’est ça l’Enduro !

 


La course par équipe…

Sur les vélos, le duel avec Chamrousse aura été tendu du début à la fin. Sur la première boucle, Xavier prend 45 secondes d’avance malgré une maladie qui traîne et l’empêche de trop forcer. L’écart est là, mais ce n’est pas fini.

Deuxième boucle, le concurrent de Chamrousse est dans un état similaire à Xavier, mais il roule propre et malheureusement, Paul lâche du temps à cause d’une casse de chaîne en spéciale. La deuxième boucle est serrée et ils remontent à 15 secondes de nous.

« Le chrono ne ment pas, vivement la revanche ! »

Nous passons le relais à Quentin avec trop peu d’avance contre leur champion, Clément Benoit. La bataille tourne court : même avec une entorse au poignet, Clément creuse l’écart. Au delà de ça : rouler derrière lui c’est cool ! C’est flow !

L’issue est donc en faveur du Chamrousse, avec une bonne régularité et un Clément qui finit très fort. Notre cumul d’avance sur les deux premières boucles s’est vu atténué avec un bris de chaîne, mais c’est le jeu. Ils ont été plus forts : le chrono ne ment pas. Vivement la revanche !

 


Qu’en retenir ?!

Par équipe, en VAE ou en individuel, l’Epic reste une épreuve hors norme, différente à bien des égard. De ces courses qui laissent des souvenirs qui reviennent soudainement, et de manière parcellaires, dans les jours qui suivent. Petit florilège d’impressions, après coup, recueillies auprès de Xavier, Quentin et Paul…

« Sur le paddock de l’Epic, c’est un mélange de joie et de peur : content d’arriver prêt pour l’objectif de l’année, mais aussi peur parce que le parcours nous fait face. Je retiendrais le regard d’un coureur individuel arrivant de sa troisième boucle devant ses amis, et la satisfaction qu’il en dégageait. » – Xavier

 

« L’ambiance est folle dans le team, tout comme dans le paddock, avec les autres coureurs. Ca fait du bien de remettre un dossard après l’hiver dans une atmosphère comme celle-ci. Ca permet aussi de voir où on en est et de prendre des repères. Et là clairement, je me suis dit que je serais incapable d’enchaîner 3 boucles ! Bien content de passer le relais après ma partie ! Quand tu vois que des filles enchaînent les 3 tours avec des temps plus que corrects, tu essayes de pas trop te plaindre de la fatigue après 3 spéciales ! – Paul

 

« En faisant juste ma boucle (la troisième) je me rends compte au combien cette épreuve est difficile en individuel. Je me trouvais fatigué avec 1 boucle dans les jambes alors 116km…. [À côté des individuels] on avait l’impression de faire quelque chose pour enfants ! Quand les spectateurs te félicitent d’être au km 100 alors que finalement j’avais 20 bornes dans les jambes… Je cherchais plus à me cacher et baisser la tête ! » – Quentin

Bonus – De l’intérieur…

Parce que c’est toujours un régal de vivre l’action de l’intérieur, chacun nous livre sa propre course. Car c’est aussi ça l’Epic par équipe : avoir la sensation d’avoir fait 3 choses différentes, parfois complémentaires, au même endroit… Enfin… presque !

 

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[cbtab title= »La course de Xavier »]

Malade, jusqu’au matin de la course, je n’étais pas sûr de pouvoir prendre le départ. Finalement la nuit s’est bien passée bien pour moi… Petit déjeuner dans la tente : l’air n’est pas trop froid, il ne pleut toujours pas et je vais un peu mieux que la veille… Mais c’est surtout le Doliprane qui va me sauver.

En effet la stratégie du premier relayeur est de partir assez vite afin de ne pas trop se faire bouchonner dans la première spéciale à la frontale. Avec nos compère de Chamrousse on part tranquillement dans la roue de François Bailly Maître qui discute avec des amis.

« On passe en mode jour… Et feu !!! »

Nous, on ne parle plus depuis un moment. 40mn de montée au seuil plus tard,  nous voilà au départ de la première. On allume tout, on passe en mode jour… Et feu !!! Première frayeur au 3eme virage : je frôle la chute, et décide de me calmer. On ne voit quand même pas aussi bien que le jour…

Je me re-concentre sur la piste que j’ai reconnu la veille, tout se passe bien jusqu’au pédalage. Là je me mets à fond mais ça ne va pas très vite. Je me fais redoubler par le gars que je venais de dépasser. Je donne tout pour le repasser avant de replonger dans la descente. Ça passe mais je me fais quand même enrhumée par François et finis dans sa roue.

En remontant à la spéciale 2, je paye mes efforts du matin et monte une partie à pied. J’arrive tant bien que mal au sommet ou je retrouve mon pote Ulysse de Chamrousse. On décide de rouler l’un derrière l’autre sur cette SP2.

« Ça devient sport… »

Il allume la caméra et c’est parti. N’ayant pas reconnu cette spéciale la veille, je me retrouve dans la pente au milieu de pilotes en vrac tous les 4 virages. Ça devient sport d’éviter leurs vélos au milieu du chemin, mais leur courtoisie nous permet de garder du rythme et de se faire plaisir tout le long. Merci à eux.

On finit dans la même seconde avec Ulysse… Et on comprend à la fin que l’on vient de rattraper la vague 1 avec une trentaine de pilotes doublée au bas de la spéciale. On enchaîne directement pour passer le relais le plus vite possible et permettre à nos derniers relayeurs d’éviter tant bien que mal la pluie annonce dans l’après-midi.

« Avec Ulysse, on décide de ne pas se suivre : afin de préserver un peu de piment »

Sur les spéciales 3 et 4, la meute s’est étalée et je ne suis pas gêné. Les spéciales sont beaucoup plus descendantes et les virage s’enchaînent entre les arbres serrés. Avec Ulysse, on décide de ne pas se suivre : afin de préserver un peu de piment dans notre course d’équipes et ne pas avoir les mêmes temps de spéciales tout le temps.

Une dernière petite liaison et je passe mon relais à Paul à 9h. Je suis parti il y a déjà 5h… Le temps de souhaiter bon courage aux gars qui sont autour de nous pour les boucles suivantes et voilà le gros de ma mission achevé !

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[cbtab title= »de Paul »]

Xavier finit sa boucle dans le timing prévu et me passe le relais en deuxième position, avec 45” d’avance sur nos concurrents directs. Nouveau dans le team cette année, c’est ma première course sous les couleurs Rocky Sports, j’ai donc la pression et l’envie de bien faire pour conserver l’avance.

Malheureusement ma chaîne casse dans la première spéciale alors que j’étais dans une portion descendante et n’appuyais pas sur les pédales… Ce n’est pas faute d’avoir checké le bike avant la course pourtant ! Arrivé en bas je raccourcis la chaîne, et Théo de Chamrousse me donne une attache rapide…

Il faudra faire le reste des liaisons en milieu de cassette au max, la chaîne étant trop courte pour remonter plus haut. Les deux autres spéciales se passent sans encombres, le but étant de reprendre le plus de temps possible pour compenser celui perdu dans la SP1.

En plus de la course contre le chrono, nous faisions la course contre les nuages, afin que le dernier relayeur puisse éviter l’énorme averse de pluie annoncée dans l’après-midi. Avec Théo, nous nous sommes alliés face au vent sur le chemin du retour au paddock et avons pris des relais (comme de vrai routiers) pour rallier l’arrivée au plus vite.

Je passe le relais à Quentin avec toujours un léger avantage sur Chamrousse, mais diminué par rapport à la 1ère boucle. Tout reste à faire pour lui face au solide Clément Benoit.

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[cbtab title= »et de Quentin »]

La bataille avec Clément est lancée, mais ce dernier fait parler la poudre et prends l’avantage au terme des 4 spéciales. Vraiment content de faire ce format ludique avec les coéquipiers. C’était sympa de rouler avec Clément… Moins avec Adrien Dailly..!

On lui demande si on peut partir derrière lui pour voir ce que ça fait ?! Bah ça a fait 10m ensembles et au premier pierrier, on redescend sur terre et on reprend sagement nos lignes. Ahah ! Trop fort ! J’avoue avoir serré les dents toute la journée pour échapper à la météo capricieuse qui s’annonçait…

Et puis, dire que j’avais choisi la dernière boucle pour pouvoir faire une grasse matinée avant de partir… Mais dormir en tente ça a des plus et des moins : au final, j’ai été réveillé à 8h par les oiseaux..!

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