Nous y voilà ! 5 mois d’Objectif Epic : de préparation, de doute, d’essai, d’analyse… L’heure a sonné ! Celle d’arrêter ses choix et se lancer dans ce qui promet d’être la plus longue, la plus dure, mais aussi la plus belle journée de vélo qui puisse exister !
Dimanche à 4h15, toutes ces heures de travail et d’application prennent une autre dimension. Pour moi, le Radon Epic Enduro est une grande première, une part d’inconnu non négligeable. Voilà 5 mois que je m’attelle à lever un peu plus de cette ombre pour profiter au mieux de la lumière.
Il est donc grand temps d’en dire plus ! Au fil des semaines, j’ai vu le Canyon Spectral CF se métamorphoser, et ma condition, évoluer de concert. Nous voici en configuration course ! Un Objectif Epic, chapitre 5, l’heure a sonné…
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Ce que j’en sais…
Pour moi, le Radon Epic Enduro est une première, mais je connais déjà le Haut-Languedoc et une partie de ses secrets. Je n’ai pourtant pas de quoi fanfaronner. Un véritable juge de paix. Je n’ai pas découvert le terrain lors de mes reconnaissances au mois de mars dernier, mais j’y ai affiné mon analyse…
Les spéciales y sont un enchainement de différentes zones :
> Voies romaines : Rapides et cassantes, avec trous, mouvements de terrain et courbes au milieu de rochers arrondis par le temps.
> Chênes verts : Sous-bois particulièrement étroits et sinueux, troncs fermes et sol terreux très compact, clairsemé de bloc rocheux.
> Dalles rocheuses : section très techniques nécessitant engagement pour franchir et/ou garder la vitesse, notamment les trous et mouvements de terrain importants. Parfois très pentues.
> Trialisant : portions de relance et remontées parsemées de blocs et dalles rocheuses, franchissement à faible vitesse, en prise, souvent en bout de coup de cul.
C’est pour ma prestation dans ces zones clés que je me suis lancé cet Objectif Epic. Une bonne partie de mes choix visent donc à y être le plus à même de m’exprimer. Les autres visent à boucler la distance dans les temps impartis…
L’équilibre
Premier axe que je travaille dans cette logique : l’équilibre. D’origine, je prête au Canyon Spectral CF une bonne dynamique. En courbe, c’est un régal d’appuyer sur le boitier pour assoir le vélo et faire gicler de l’appui. Des sensations presque immédiates à son guidon. Une force pour se faufiler entre les chênes verts du Haut-Languedoc…
Reste que le Radon Epic Enduro est une course, qui se gagne au chrono. Rouler vite demande réactivité et précision. L’équilibre du vélo en est le préambule. À la moindre sollicitation, il doit être présent, répondre dans l’instant. Une pure problématique d’assiette et dynamique. J’y consacre mes réglages de suspension.
Si, malgré le terrain chaotique des voies romaines et dalles rocheuses, je fais tout pour que le vélo ne bouge pas, je m’offre une base saine et sûre pour prendre l’initiative. La lecture du terrain et les mouvements en réponse n’en sont que plus simples et économes. La gestion et l’engagement plus facile à gérer. La confiance suit.
L’apport du ressort
L’amortisseur à ressort hélicoïdal est certainement mon choix le plus bénéfique en ce sens. Les 140mm du Canyon Spectral CF sont intrinsèquement progressifs en fin de course. Ils gèrent sur la seconde partie du débattement, pour éviter d’y sentir un choc au talonnage.
Je peux donc opter pour un ressort à faible raideur sur le Fast Holy Grail. 30% de SAG avec le ressort pneumatique, 35% de SAG sur le ressort hélicoïdal. Tarage de 500lb pour mes 75kg équipé. Je libère ainsi tout un pan de réglage très important dans ma quête : l’hydraulique pour laquelle ces amortisseurs sont conçus.
« Rentrer vite et fort, sans effort… »
Je gère désormais l’équilibre du vélo posé sur l’huile. Relativement peu de frein en compression basse vitesse pour maximiser confort et grip. Plus de frein en compression haute vitesse pour encaisser les gros chocs sans ruiner l’assiette ou taper au fond.
Pouvoir rentrer vite et fort dans le défoncé, sans se faire ballotter. Consommer peu de débattement, limiter les mouvements parasites, assurer un bon maintien. Travailler finement ces aspects et les dissocier du confort, de l’adhérence et du débattement disponible : voilà le véritable avantage de l’amortisseur à ressort et de son hydraulique !
Accord Parfait ?!
La Formula 35 et le Fast Holy Grail semblent fait pour s’accorder. À l’avant, plus je roule fort, plus je baisse en pression et monte en compression haute vitesse. -10Psi et pas un token dans la Formula 35. J’utilise les clapets de compression CTS. Le rouge, le plus ferme, m’offre une compression haute vitesse consistante à souhait.
À l’arrière, la finesse de réglage du Holy Grail me permet d’ajuster au plus proche. J’ai eu le choix entre levier 3 positions (dont blocage) et levier hautes & basses vitesses. Je ne regrette pas d’avoir pris la seconde option. J’ajuste finement les deux voies pour qu’elles s’accordent avec l’avant.
Là où je manipule de 1 à 2 clics sur la concurrence, j’ajuste de 3 à 4 clics sur le Fast Holy Grail. La transition entre basses et hautes vitesses se fait dans une continuité et une constance précieuse. Pas de mauvaise surprise. En spéciale, un fine lame, aussi précise que facile et constante. Pour leur confort, leur constance et le grip généré, les 140mm/150mm de suspension en valent 20mm de plus, facile !
L’ergonomie
L’équilibre du vélo doit aussi offrir une base saine à un autre travail de longue haleine. L’ergonomie, patiemment travaillée lors des longues séances de foncier de l’hiver. Objectif simple mais au combien important : offrir une position de pédalage efficace et durable, sans douleur chronique.
Quelques unes sur le dessus des genoux passé 2h30 d’effort me poussent d’abord à revoir ma hauteur de selle. 75cm contre 74cm jusqu’à présent. Un centimètre qui remet en cause le débattement de la tige de selle. 125mm me suffisaient jusqu’à présent.
Selle basse un centimètre plus haut, j’accroche le short quand j’attaque les mouvements de terrain et la pente des fameuses dalles rocheuses. 150mm me sont donc désormais nécessaires. Un détail qui a stratégiquement son importance : pour m’économiser, j’ai spécifiquement travaillé la technique de pilotage assis, dans laquelle la hauteur de selle est prépondérante…
L’assise
En matière d’ergonomie, l’assise est prépondérante. Les heures de selle sont nombreuses. Au coeur de l’hiver, j’ai abord souffert de vieux cuissards usés. J’ai pensé les remplacer avant de mettre la main sur la crème Muc-Off Chamois Cream.
Ils en ont repris pour 5 ans. Seules leurs coutures peuvent désormais les achever. Cette crème préventive annule véritablement tout problème de frottement. Elle m’a permis de faire la part des choses : éliminer les douleurs d’irritation et ne ressentir que celles dues à de mauvais appuis.
J’utilisais la selle Ergon SME3-M, M étant sa largeur. Le configurateur de la marque m’indique être à la limite entre les tailles M et L. Mais la Ergon SEM3 n’existe pas en L. Cette dimension est réservée à certains produits marathon de la marque.
Des douleurs persistantes, puis l’essai d’une selle plus plate et large m’ont rendu à l’évidence : la taille M ne correspond pas à mon anatomie. Je participe donc au Radon Epic Enduro avec la selle SDG Circuit MTN à laquelle je me suis fait avec le temps.
Poste de pilotage
Autres appuis fondamentaux, ceux des mains sur le poste de pilotage. Là aussi, les longues heures de foncier ont parlé. Constat de départ avec le Renthal Fatbar Carbon en 35mm et les poignées SB3 Logo Grip : fourmillements dans les mains et engourdissement des petits doigts après 2h30 de roulage.
J’utilise les grip ergonomiques Ergon GE1. La taille regular m’est trop grosse. Pas de poigne pour tenir le cintre. La taille slim me convient mieux. Avec eux, les fourmillements disparaissent. Je travaille alors à effacer les engourdissements.
En réduisant le diamètre du cintre à 31,8mm (Truvativ Descendant Carbon) je repousse les engourdissements à plus de 3h30. Ils sont définitivement effacés à l’usage de cintres aluminium en 31,8mm. (Truvativ Descendant & Spank Oozy).
Dans tous les cas, les sous-bois du Haut-Languedoc me calment sur un point. Les chênes verts poussent proches les uns des autres… Et les autochtones aiment les laisser ainsi. Pour le bien-être des mes petits doigts, je m’en tiens à une valeur limite : 760mm, pas un de plus.
Le grip
Équilibre et ergonomie calés, il faut assurer la liaison au sol. C’est le rôle des trains roulants, notamment. Le choix des Mavic est arrêté pour juger de leur fiabilité. Je compose donc avec leur rigidité latéral réputée et reporte une partie de mes interrogations sur le train de pneu retenu.
Parmis toutes les modèles à ma disposition, j’ai d’abord réduit les possibilités à une short-list de 3 : Maxxis Double Down, Michelin Reinforced, Schwalbe Super Gravity. Seules ces trois répondent à un ensemble de critères : robustesse, précision, usure, profils polyvalents, confort, adhérence et volume convenables.
J’ai longtemps cru choisir les Michelin pour l’amorti, et donc la stabilité qu’ils procurent. Historiquement, j’ai de bonnes références avec eux: Enduro des Terres Noires et Mégavalanche l’an passé. Mais les derniers essais en date ont fini par renverser la vapeur…
Match dans le match
Sur le terrain très cassant de la Coupe de France de Levens, les Schwalbe Super Gravity ont démontré une robustesse suffisante, une précision latérale similaire et surtout, confort et grip supérieurs. J’attribue cette observation à une caractéristique particulière : à pression équivalente, la carcasse épouse mieux le terrain. Un choix précieux pour gommer une partie du chaos qui m’attend.
Les profils Schwalbe sont aussi plus polyvalents et simples à comprendre. La course est longue, les terrains multiples, les conditions peuvent être changeantes. Pas envie de me compliquer la vie. Quoi qu’il arrive, les crampons carrés et espacés des Magic Mary – à l’avant – et Hans Dampf – à l’arrière – font l’affaire. Gros volume et gomme tendre VertStar du premier pour le grip, section plus fine et gomme dure TrailStar du second pour le rendement.
Dans tous les cas, le match Huck Norris vs ProCore tourne cette fois-ci à l’avantage du premier : plus léger et plus simple à monter/démonter. La course et longue mais le temps est compté. Pas question de mettre mon timing en péril si je dois, malheureusement, poser une chambre à air. Un usage – à l’arrière uniquement – qui me permet de rouler à pression très intéressante pour le confort et le grip : 1,4 bars par pneu…
Le contrôle
Équilibre et performance des suspensions. Confort et durabilité de l’ergonomie. Précision, robustesse et polyvalence des trains roulants… Reste à contrôler le tout, dans la pente. Les Magura MT Trail offrent de bonnes dispositions à ce sujet.
D’origine, longs leviers carbones, plaquettes organiques et disques en 180mm, le mordant est brutal. Très, voir trop ! il faut systématiquement un temps d’adaptation pour ne pas bloquer les deux roues. Pas de soucis de puissance/constance : j’ai beau insister, première fois que je ne viens pas à bout de plaquettes de cette matière.
« Sans maitrise… »
La puissance est donc là, sans problème. Reste à dompter la brutalité. C’est en partie chose faite avec les leviers un doigt aluminium. Je joue également sur les plaquettes : texture frittée plutôt qu’organique. Rodage à coup de longues lichettes plutôt que de courts tampons.
Les premiers freinages sont ainsi feutrés avant que la température ne fasse monter la sauce au fur et à mesure de l’engagement en spéciale. Ça tombe bien : crescendo, voilà le tempo que je vise en course…
Le rendement
114km, 4800m de D+, au bas mot 12h de vélo… J’ai longuement travaillé sur les prestations en spéciale. Mais quid du rendement ?! Huck Norris et préventif dans les pneus, garde boue, sans pédale ni éclairage, le Canyon Spectral CF de cet objectif Epic pèse 13,05 kg. Objectif atteint.
D’autant qu’en liaison, la Formula 35 et le Fast Holy Grail se bloquent. Levier pour l’une, basses vitesses freinées à fond pour l’autre. Le longues portions roulantes se passent sans accroc. À moi d’être attentif dans mon rituel de départ en spéciale pour ne pas commettre l’impair de tout laisser fermé…
Reste un point essentiel qui donne à ce vélo toute la polyvalence dont il doit faire preuve. Là où j’avais l’an passé, sur les traces de l’Epic, besoin de 30 dents pour aller avec une cassette en 11/42, je passe cette fois-ci de manière plus décontractée avec 32 dents et la cassette SRAM Eagle 10/50.
Confort et tranquillité
Mis à part les blocages, auxquels je dois prêter attention, tout est fait pour ma tranquillité d’esprit. Jusqu’à la tenue, fortement inspirée de l’enquête Rouler sans sac publiée l’an passé. Veste dorsale avec poche à eau de 3L intégrée et cuissard Specialized SWAT où tout le nécessaire d’entretien, d’alimentation, de communication et de secours prend place.
Je n’ai plus qu’à me concentrer sur la course. Me remémorer les points importants des spéciales et me concentrer sur la gestion de mes efforts. Mon alimentation. À ce propos, un gel High Five toutes les 20min. Deux gorgées de boisson toutes les 10 minutes. Des fruits secs, et une gourmandise salée à l’envie. Une collation complète à chaque passage paddock.
« Ça y est, on y est ! C’est l’Epic… »
Un coup d’oeil sur le timing et les quelques notes que j’ai en poche. checker les serrages du vélo, marqués de repères utiles, après chaque spéciale… La journée promet d’être longue. Bien profiter de chaque instant. Savourer et profiter comme jamais. Continuer concentré sur la tâche, et le plaisir à l’accomplir de belle manière.
J’ai de toute façon déjà le sentiment, depuis quelques jours déjà, d’avoir fait mon maximum ces derniers mois, pour être prêt le jour J. J’ai, alors même que je n’ai pas pris le départ, pris un plaisir assez excellent à structurer mes pensées, mes actions, mes réflexions. À voir, au fur et à mesure des semaines, tant de questions trouver des réponses. Je prend le départ, convaincu du choix de chaque élément du vélo et de mon état de forme qui y correspond…
Quel pied ! Ça y est, On y est !! C’est l’Epic ! À dimanche 😉
Antoine
Chapitres précédents :
Un Objectif Epic – Chapitre 1 : essais particuliers…
Un Objectif Epic – Chapitre 2, le pari…