Contraste – Rwanda, bienvenue au pays des 1000 collines

Plutôt habitué à nous amener aux quatre coins de l’Asie lors de ses aventures « Constraste » (voir tous les précédents articles), Thomas Lecoq nous raconte cette fois-ci sur FullAttack sa récente épopée au Rwanda. Le principe reste le même dans ce nouvel épisode de « Contraste » : découvrir un pays et sa culture au travers du VTT, laisser la parole aux acteurs qui forge la culture VTT locale.

Bienvenue au pays des 1000 collines

Quand on pense au Rwanda, difficile d’imaginer que ce petit pays d’Afrique soit un terrain de jeu pour le VTT. Et pourtant…un pays qui compte 1000 collines, c’est forcément un paradis pour les cyclistes, non ? De Kigali, la trépidante capitale, à la chaîne de montagnes du Virunga célèbre pour ses gorilles et Dian Fossey, en passant par les rives paisibles du lac Kivu, cet article vous invite à découvrir quelques passionnés locaux de VTT. Ces passionnés, tout aussi fous de vélo que nous en France, sont des acteurs actifs de la communauté cycliste Rwandaise.

Le Rwanda : entre nature et résilience

Marqué par une histoire troublante, trente ans après le génocide, le Rwanda a réussi à renaître de ses cendres pour devenir aujourd’hui un modèle de développement social, éducatif et économique en Afrique.

Bien que près de 20 % de la population vive encore sous le seuil de pauvreté, le pays a connu une croissance économique rapide, avec des infrastructures modernes, une sécurité renforcée et un environnement politique stable. Le Rwanda est devenu un leader régional en matière d’égalité des genres et d’innovation technologique, tout en poursuivant sa quête de développement durable et inclusif.

Avec sa culture riche, ses paysages à couper le souffle et sa faune exceptionnelle, le Rwanda incarne la beauté naturelle et l’espoir d’une nation résiliente. Si vous êtes curieux d’en savoir plus sur son histoire et son développement, je vous invite à consulter cet article que j’ai rédigé au retour de voyage.

Petit pays coincé entre le Congo, le Burundi, l’Ouganda, la Tanzanie et le Mozambique, le Rwanda surprend. Sans grandes ressources naturelles, il a misé sur une industrie de service et use de son soft power pour avoir une influence internationale. Résultat ? Une image en pleine transformation, un tourisme en plein essor, et même l’accueil des Championnats du Monde sur Route en 2025. Vous en entendrez forcément parler cette année…

Le pays est petit, mais dense : près de 14 millions d’habitants sur un territoire grand comme la Bretagne. Entre 1 500 et 3 500 m d’altitude, c’est un territoire de montagnes, de plantations de café et de thé, et 4 parcs nationaux créés pour protéger la nature et attirer les touristes. Le parc des Volcans, au nord, abrite la chaîne de montagnes Virunga et ses gorilles. Le parc de l’Akagera, à l’est, est une vaste savane bordant la Tanzanie. Le parc de Nyungwe, au sud, protège une forêt primaire dense et une faune diversifiée. Le parc de Gishwati-Mukura, un petit joyau de biodiversité, reflète les efforts de reforestation et de conservation.

Ces parcs, réglementés pour protéger la nature, attirent un tourisme responsable.

Le VTT au Rwanda : une discipline en plein essor

Le vélo est omniprésent au Rwanda… mais surtout comme moyen de transport ! Chaque famille Rwandaise ou presque possèdent un vélo qui sert à se déplacer ou transporter des marchandises (parfois surprenantes) La culture cycliste de loisir est encore marginale, mais se développe malgré tout grâce à l’enthousiasme d’une nouvelle génération de pratiquants locaux et d’expatriés.

En cyclisme sur route, l’équipe nationale du Rwanda se distingue régulièrement sur la scène africaine et participe aux championnats du monde mais également avec le Tour du Rwanda qui peu à peu s’est fait un nom sur la liste des épreuves internationales.

Côté VTT, la pratique reste confidentielle, mais émerge peu à peu. Le pays organise même une course internationale, la Rwanda Epic, souvent comparée à la Cape Epic d’Afrique du Sud. 

Si les routes principales sont en excellent état, les pistes rurales et les sentiers non balisés offrent de nombreuses opportunités pour le VTT. Le Congo Nile Trail, un itinéraire de 225 km longeant le lac Kivu, attire de plus en plus de touristes cyclistes. Des agences proposent aussi des séjours organisés pour les amateurs de découvertes sportives. Nous en reparlerons plus bas.

Mon voyage : Rencontres et partage avec la pratique du VTT en dénominateur commun

Pourquoi le Rwanda ?

Une affaire de hasard, de rencontres, et d’un alignement des planètes.

Ma compagne connaît déjà bien le pays pour y avoir voyagé dans le cadre de son travail en tant qu’acheteuse de café, et elle m’en parle depuis longtemps. De mon côté, je suis le Rwanda depuis plusieurs années, et j’ai toujours été impressionné par son développement spectaculaire, passant de l’ombre à la lumière en seulement quelques décennies, un développement qui m’a fait penser à celui de la chine que j’ai connu quand j’habitais là-bas il y 20 ans.

J’ai aussi plusieurs amis vététistes qui ont habité au Rwanda, notamment Pelden, que j’avais rencontré en Thaïlande en 2017 et Maxime mon collègue qui a officié en tant que mécanicien pour l’équipe cycliste du Rwanda (mais si !). On le sait, la communauté VTT est sans frontières. Après quelques échanges, ils m’ont gentiment mis en contact avec des passionnés locaux qui m’ont fait découvrir leurs sentiers et partager leur passion.

Logistique et organisation

Le plan était simple : un vol Paris-Kigali, quelques jours dans la capitale trépidante, puis un road trip à travers ce petit pays avec une voiture de location. Même si le but premier du voyage n’est pas de faire tous les jours du vélo, mon VTT m’accompagnait, bien calé dans le coffre, prêt à être utilisé au gré des rencontres et des opportunités, avant un retour à Kigali.

Ne sachant pas précisément quels types de sentiers j’allais rencontrer, j’ai opté pour un VTT semi-rigide. Finalement, ce choix s’est avéré judicieux pour la variété des terrains rencontrés.

Sortie 1 : Ride à Kigali avec Bernard

Nous arrivons à Kigali et prenons le temps de nous imprégner de l’atmosphère de la ville.
Kigali, capitale du Rwanda, abrite environ 1,3 million d’habitants. C’est une ville moderne et dynamique, avec des infrastructures bien développées. Nichée à 1 500 mètres d’altitude, Kigali est composée de plusieurs collines. Ici, pas de répit : soit ça monte, soit ça descend ! Les motos-taxis, omniprésents et pratiques, sont le moyen de transport privilégié pour se déplacer rapidement.

Bien que Kigali soit une grande ville, elle n’a rien d’une mégalopole étouffante. La nature et les collines verdoyantes ne sont jamais bien loin. La ville est entourée de cinq monts, dont le plus connu est le Mont Kigali.

Avant mon départ, j’avais pris contact avec Arthur, un expatrié français passionné de VTT vivant à Kigali. Il m’a gentiment ajouté à un groupe WhatsApp qui regroupe une communauté composée de locaux et d’expatriés. Ce groupe organise des sorties VTT chaque samedi et dimanche matin.

Arrivés le samedi, j’envoie un message dans le groupe pour savoir si des sorties sont prévues le lendemain. Plusieurs riders me répondent et me confirment un rendez-vous à 6h au Cercle Sportif de Kigali. Enthousiaste, je prépare mon VTT et suis impatient de découvrir la ville et ses environs.

Une ambiance matinale unique

Traverser Kigali pour rejoindre le point de rendez-vous est déjà une expérience en soi. Il est 5h30 du matin. La ville, encore endormie, s’éveille doucement. L’agitation quotidienne n’a pas encore pris le dessus, et l’atmosphère est paisible, presque feutrée.

À mon arrivée, je fais la connaissance de Bernard, un Franco-Rwandais très impliqué dans la communauté VTT de Kigali.

Rencontre avec Bernard : Franco-Rwandais et passionné de VTT

“Je m’appelle Bernard Binagwaho. J’ai 58 ans, je suis marié et père de trois enfants. Ingénieur Télécom de formation, je suis installé au Rwanda depuis 2019. Franco-Rwandais, j’ai passé 20 ans à travailler en région parisienne, suivi de trois années à Abidjan, avant de m’installer à Kigali il y a six ans.

Je pratique le VTT depuis 25 ans. J’ai découvert cette discipline grâce aux raids multi-sports, où on combine course à pied, canoë et VTT. À l’origine, je faisais beaucoup de course à pied, et le VTT m’a permis d’élargir mes horizons. Ce que j’aime dans ce sport, c’est la possibilité de me retrouver en pleine nature : être entouré de forêts, de montagnes, de verdure. Cela me rappelle les efforts d’endurance de la course à pied, mais avec cette sensation de vitesse en descente, qui est très excitante.

À Kigali, la communauté de vététistes est assez importante. Plusieurs groupes WhatsApp permettent d’organiser des sorties ensemble. La grande chance ici, c’est qu’on peut partir directement depuis le centre-ville et être sur des pistes en seulement 20 minutes. Le terrain est exceptionnel, avec beaucoup de dénivelé. Il y a très peu de plat dans la région, ce qui peut rendre la pratique un peu difficile pour les débutants. En revanche, il n’existe pas de pistes balisées ; nous roulons sur des sentiers et des chemins, mais la ville se développe rapidement. Un sentier que vous empruntiez hier peut devenir une route aujourd’hui, mais il y a toujours de nouveaux chemins à explorer.

Mon endroit préféré pour rouler reste autour de Kigali. Il y a une dizaine de superbes sorties accessibles directement depuis la maison. Cela dit, la région de Musanze, avec ses volcans et ses lacs, est incroyablement belle. Il faut cependant bien planifier la sortie, car c’est à quatre heures de route, et prévoir au moins une nuit sur place.

J’organise également des sorties hebdomadaires à Kigali pour les expatriés et la communauté locale. À l’origine, ces sorties étaient surtout portées par des expatriés, mais au fil du temps, de plus en plus de Rwandais ont rejoint l’aventure. Aujourd’hui, la dynamique est inversée : il y a plus de locaux que d’expatriés. C’est très enrichissant de voir cette communauté grandir et s’impliquer.

Enfin, je tiens à souligner le travail de Simon Hupperetz, ancien cycliste et entraîneur, qui a énormément contribué au développement du VTT au Rwanda. Il est notamment à l’origine du Rwanda Epic, une course VTT de cinq jours qui attire chaque année des vététistes chevronnés du monde entier. Cet événement est devenu une référence pour le VTT au Rwanda, et il illustre bien la richesse et le potentiel de ce sport dans notre pays.”

Cap sur les collines

Nous quittons progressivement la ville, empruntant une piste qui nous mène vers les collines environnantes. La montée est raide et longue, serpentant sur une terre rouge ocre. Peu à peu, les bâtiments urbains cèdent la place à un paysage rural composé de champs et de villages.

Nous traversons plusieurs hameaux avant de nous retrouver en pleine campagne. Bernard, qui connaît ces sentiers comme sa poche, nous guide à travers un dédale de petits chemins principalement utilisés par les paysans locaux.

Le parcours n’est pas très technique, mais il offre des vues magnifiques. Kigali reste visible à l’horizon, et le lever du soleil éclaire progressivement les collines. Le cadre est paisible, et l’effort physique est récompensé par cette immersion dans la nature rwandaise.

Après 40 kilomètres et 800 mètres de dénivelé positif, nous bouclons notre sortie. Je suis de retour à mon logement vers 11h, prêt à savourer un bon café tout en repensant à cette première expérience cycliste dans la capitale du Rwanda.

Je termine cette sortie ravi non seulement pour la découverte des environs de Kigali, mais aussi pour les nouvelles rencontres. Une chose est sûre : le VTT au Rwanda promet de belles aventures.

Sortie 2 : Au pied de la chaîne du Virunga et découverte des lacs jumeaux

Nous quittons Kigali pour mettre le cap au nord, en direction de la chaîne de volcans du Virunga, rendue célèbre par Dian Fossey et son combat pour la sauvegarde des gorilles face au braconnage dans les années 1980. Ces volcans, culminant à plus de 3 800 mètres, abritent aujourd’hui une population protégée de gorilles dans un parc national. Grâce aux efforts du gouvernement rwandais, qui a poursuivi le travail de Fossey, ces primates ont retrouvé un environnement sécurisé.

L’observation des gorilles est d’ailleurs devenue une activité touristique mondialement connue. Les visiteurs affluent des quatre coins du globe pour vivre cette expérience unique, moyennant un tarif exclusif : 1 500 USD par personne… De notre côté, nous avons opté pour l’ascension du mont Bisoke, une randonnée offrant une immersion totale dans les paysages grandioses du parc. Le sentier est le même que celui qui se dirige vers l’ancien campement de Dian Fossey, mais bifurque ensuite à environ 2 000 mètres d’altitude pour monter au sommet du volcan. Dès les premiers pas, l’atmosphère est particulière : un mélange d’excitation, de respect et même d’une légère appréhension. Ces montagnes dégagent une énergie unique.

Petite surprise : au Rwanda, toutes les randonnées dans les parcs nationaux doivent être accompagnées par un guide (l’entrée du parc et le guide nous aura couté 70USD, à réserver à l’avance sur ce site), et parfois même par des militaires. Ce fut notre cas : quatre soldats armés nous ont escortés jusqu’au sommet. Officiellement, leur rôle est de nous protéger des buffles sauvages qui pourraient s’en prendre aux marcheurs. Officieusement, il semble que cette chaîne de montagnes, située à proximité du Congo, reste sous haute surveillance. La région a connu par le passé des tentatives d’incursion de rebelles congolais, et la présence militaire sert autant à sécuriser les touristes qu’à dissuader toute menace éventuelle.

La découverte de l’African Africa Rising Cycling Center

C’est au pied de ces montagnes, dans le village de Kinigi, que je rencontre Obed. Il travaille pour le Africa Rising Cycling Center, où il occupe le poste de masseur pour l’équipe nationale rwandaise de cyclisme sur route.

L’Africa Rising Cycling Center est un centre d’entraînement et de développement dédié au cyclisme, situé à Musanze, au Rwanda. Créé pour soutenir la montée en puissance du cyclisme en Afrique, il a joué un rôle central dans l’émergence des talents rwandais, notamment grâce à l’impulsion de la fédération de cyclisme et d’autres partenaires internationaux.

Rencontre avec Obed : Soigneur masseur de l’équipe nationale de vélo de route du Rwanda.

Ce que j’aime dans le VTT ? Cette discipline nous connecte à la nature, aux gens, et à notre une culture.

“Je m’appelle Obed, et je suis soigneur et masseur pour l’équipe nationale rwandaise de cyclisme sur route. Mon parcours avec le vélo a commencé bien avant que je ne rejoigne le Africa Rising Cycling Center. J’ai grandi à Kigali, où je travaillais comme chauffeur de taxi-vélo. Chaque jour, je transportais des passagers à la force de mes jambes. C’était un métier exigeant, mais il m’a permis de développer mon endurance et ma vitesse.

Un jour, un responsable du club cycliste local m’a remarqué. Il a vu en moi un potentiel que je n’avais jamais imaginé. C’est ainsi que j’ai intégré le club de Kigali, où ma passion pour le cyclisme s’est transformée en carrière. De là, j’ai rejoint l’équipe nationale rwandaise et suis devenu cycliste professionnel. Cette aventure m’a fait parcourir le monde, participant à des courses internationales et découvrant des cultures différentes.

En 2011, j’ai décidé de prendre ma retraite sportive. Mais mon histoire avec le vélo ne s’est pas arrêtée là. Après une formation, je suis devenu soigneur pour les coureurs que j’admire toujours autant. Mon travail me permet de continuer à voyager, notamment à travers l’Afrique et parfois au-delà, pour suivre l’équipe nationale. Le vélo reste pour moi une véritable passion et un métier que j’aime profondément.

Même si je ne roule pas souvent en VTT, j’adore cette discipline. Elle offre une expérience unique : explorer des paysages magnifiques, repousser ses limites, et découvrir des endroits que peu de gens voient.

Au Africa Rising Cycling Center, où je travaille, je m’assure que nos athlètes reçoivent les meilleurs soins possibles. Le centre est entièrement dédié à leur préparation, et bien que nous ayons des infrastructures modernes, il est parfois difficile de rivaliser avec les grands centres internationaux en termes de moyens financiers.

Quand j’ai rencontré Thomas, je n’ai pas pu résister à l’envie de lui proposer une sortie inoubliable : rouler en VTT sur les sentiers volcaniques en direction des lacs jumeaux Burera et Ruhondo. Cette sortie était vraiment spéciale : elle a combiné le défi du VTT avec la découverte de mon pays et de ses traditions à Thomas. C’est ce que j’aime dans cette discipline : elle nous connecte à la nature, aux gens, et à notre une culture.”

Une sortie à l’ombre des volcans

Dès les premiers tours de roue, nous attaquons une large piste volcanique jonchée de pierres saillantes. Le terrain est technique, et il faut être vigilant pour éviter les crevaisons avec ces cailloux tranchants ! L’ascension est exigeante : nous grimpons doucement mais sûrement, entourés de paysages à couper le souffle.

Obed me raconte des anecdotes sur la vie à la campagne. Par exemple, il évoque le programme « Girinka, » une initiative gouvernementale qui offre une vache à certaines familles rurales pour améliorer leur nutrition et leur autonomie alimentaire. Cela permet à de nombreuses familles de produire du lait, essentiel pour nourrir les enfants, tout en générant des revenus supplémentaires. Obed me fait également remarquer que de nombreuses écoles sont présentes dans les villages, une politique visant à rendre l’éducation accessible à un maximum d’enfants. Cette approche permet d’éduquer les jeunes tout en libérant les parents pour qu’ils puissent se consacrer à leurs activités agricoles. Ici, même si les habitants sont modestes, ils vivent dignement grâce à une terre fertile, un climat généreux, et des initiatives locales qui soutiennent leur développement.

Après une longue montée, nous entamons une descente spectaculaire vers Kinyababa. La piste 4×4 est volcanique, cassante, et met notre technique à rude épreuve. Un petit arrêt pour nous désaltérer, et nous repartons en direction des lacs jumeaux. Le spectacle est grandiose : les deux lacs reflètent les nuages bas, entourés de collines verdoyantes à perte de vue.

Nous continuons à rouler le long des sentiers qui bordent les lacs, profitant pleinement de ces paysages paisibles et majestueux. Enfin, nous entamons le chemin du retour, satisfaits et un peu fatigués. Cette sortie d’environ 50 kilomètres restera gravée dans ma mémoire : elle m’a permis de découvrir des coins reculés de Kinigi, mais surtout de partager une expérience authentique avec Obed.

Sortie 3 : Kibuyé et une rencontre improbable

Nous quittons la chaîne de volcans Virunga et ses gorilles pour nous diriger vers le lac Kivu.
Ce lac majestueux borde toute la partie ouest du Rwanda et partage ses eaux avec son voisin congolais situé sur l’autre rive. La nature dans cette région est à couper le souffle : des collines verdoyantes plongent directement dans les eaux limpides du lac. À ma grande surprise, le lac est remarquablement propre et ne cache aucun animal dangereux. Ici, pas d’hippopotames ni de crocodiles, seulement des poissons dans une eau claire et saine, idéale pour la pêche… et les baignades !

Les abords du lac sont aussi parfaits pour les plantations de café, très présentes dans cette région. Le café figure parmi les principales exportations du Rwanda, jouant un rôle clé dans l’économie nationale et soutenant des centaines de milliers de petits producteurs. Toutes les conditions sont réunies pour produire un café de qualité : altitude, humidité et une abondance d’eau pour laver les grains. Lors de notre séjour, nous avons eu le plaisir de visiter quelques plantations et de découvrir le long et délicat processus du café : depuis le développement des plants jusqu’à la torréfaction, en passant par la récolte, le lavage, le tri et le séchage. Une véritable immersion dans un univers captivant.

Au nord du lac Kivu commence le Congo Nile Trail, un sentier de randonnée de 217 km créé en 2011 pour aider les touristes à explorer cette région. Ce parcours peut être réalisé en dix étapes, et, sur le papier, il semble idéal pour les amateurs de nature et d’aventure. J’avais lu quelques informations à son sujet avant mon départ, mais elles restaient limitées, avec peu de détails ou de traces GPS disponibles. Intrigué, j’étais impatient d’êtres sur place pour voir si ce sentier tient ses promesses et si je pouvais pourquoi pas en faire une partie ?

Une sortie solo, vite fait bien fait mais une chouette rencontre

Après une première journée de randonnée à pied, je prends donc mon VTT pour explorer les alentours. Il est déjà tard dans l’après-midi lorsque je pars longer le lac, découvrant de petits villages de pêcheurs et grimpant les collines autour de Kibuye. La vue sur le lac est superbe. Je croise quelques panneaux signalant le Congo Nile Trail, mais l’orientation reste compliquée. La sortie s’apparente davantage à de l’exploration qu’à une véritable aventure VTT structurée. Je cherche les traces du Congo Nile Trail qui passe par Kibuye mais je me perds rapidement dans ce dédales de sentiers. Un peu résigné je me dis que cela va être compliqué de faire une belle sortie ici sans être accompagné, ou alors il va vraiment falloir partir en mode exploration…

Alors que la nuit tombe et que je rentre vers mon hébergement, j’entends un vélo se rapprocher rapidement derrière moi. « Sir, sir ! Hello sir ! » Une voix joyeuse m’interpelle. C’est un jeune homme en survêtement, sur un VTT vintage en bon état. Il arbore fièrement un lanyard avec une carte officielle autour du cou, probablement sa carte de guide.

— « Bonjour ! Vous savez où rouler ? » me demande-t-il.

— « Eh bien, pas vraiment…« 

— « Si tu veux, je peux t’emmener demain !« 

Intrigué, je lui parle du Congo Nile Trail et lui demande s’il peut me guider sur une portion du parcours.

— « Bien sûr, je connais tout par cœur ! » me répond-il avec enthousiasme.

J’hésite un instant, mais je décide de tenter ma chance. Nous convenons d’un rendez-vous à 7h30, avec une rémunération de 30 USD pour sa prestation.

Le lendemain matin, me voilà devant le musée de l’écologie, prêt à retrouver John, mon guide du jour.

Rencontre avec John (Jean d’Amour) : guide VTT à Kibuye

Le VTT est une passion que j’ai transformée en métier. Ce que j’aime dans cette activité, c’est la connexion qu’elle crée avec la nature et la culture locale, mais aussi le défi physique qu’elle représente.

John arrive sur son VTT Schwinn 26 pouces, prêt à m’accompagner. Ne vous fiez pas à son matériel modeste : dès que le terrain devient technique, il montre une maîtrise impressionnante, aussi bien en montée qu’en descente. Le pilote est costaud !

Nous partons pour l’étape Buma – Karong du Congo Nile Trail. Le paysage est à couper le souffle. La montée se fait par une piste menant à un village reculé et à une école. Nous traversons des hameaux où les habitants nous réservent un accueil chaleureux. Plus loin, nous plongeons dans une profonde bananeraie avant de longer une rivière à l’eau ocre. Nous passons dans les plantations de café posé à flanc de montagnes. Une jolie sortie de 40km mélangeant de la piste, des sentiers techniques, avec de superbes vues sur le lac Kivu et les collines environnantes à perte de vue.

Pendant la sortie, John partage son histoire :

« Je m’appelle Jean D’Amour Rwibutso. Né en 1995 dans la province de l’Ouest, j’ai grandi entouré par des paysages magnifiques. Le VTT est une passion que j’ai transformée en métier. Ce que j’aime dans cette activité, c’est la connexion qu’elle crée avec la nature et la culture locale, mais aussi le défi physique qu’elle représente.

Après avoir passé mes diplômes officiels, j’ai commencé en 2019 ma carrière en guidant des excursions en bateau sur le lac Kivu. Après la pandémie de 2020, j’ai remarqué que beaucoup de touristes voulaient faire du VTT, mais peu de services étaient proposés. Avec mes connaissances des sentiers et mes certifications de guide, j’ai décidé de me lancer. Aujourd’hui, je fais découvrir des parcours comme le Congo Nile Trail et je veille à chaque détail, de la préparation des vélos à la sécurité des participants.

Pour moi, le VTT est plus qu’une passion : c’est un moyen de promouvoir ma région et d’inspirer ma communauté. Mon rêve ? Voir cette activité se développer encore davantage au Rwanda. »

Sur les derniers kilomètres, nous échangeons nos vélos. John grimpe sur mon VTT, et son sourire en dit long.

« Ha mais je comprends mieux pourquoi tu roules aussi bien ! J’ai l’impression d’être comme un papillon avec ce vélo ! Vraiment je me sens comme un drône qui survole les obstacles. » plaisante-t-il.

De retour à Kibuye, nous partageons un dernier café. Cette sortie restera gravée dans ma mémoire : une autre rencontre riche et encore une belle aventure VTT.

Sortie 4 : Un petit tour dans les plantations de thé de Giasakura.

Nous quittons les rives du lac Kivu pour nous diriger vers une nouvelle étape de notre périple : le parc national de Nyungwe. La route pour y accéder est bien moins fréquentée, et l’atmosphère devient de plus en plus sauvage à mesure que nous avançons. En approchant du parc, nous apercevons de vastes champs de thé, qui témoignent de l’importance de cette région pour la culture du thé au Rwanda.

Sur un coup de tête, nous décidons de nous arrêter dans une plantation de thé située en bord de route. L’idée est de voir si une visite est possible et d’en apprendre davantage sur cette culture emblématique. Bien que l’usine de transformation ne soit pas accessible, nous avons la chance de rencontrer Rick, un membre chaleureux de la coopérative IVOMO. Cette structure permet aux villageois de travailler dans les plantations environnantes tout en bénéficiant d’un soutien communautaire.

Rick nous fait visiter les lieux et nous explique tout le processus de fabrication du thé, depuis la cueillette jusqu’au séchage. Nous avons même l’opportunité de participer à la cueillette de quelques grammes de thé. Moment magique : nous dégustons ensuite ce thé fraîchement cueilli, directement après qu’il ait été pilé. Contrairement à d’autres régions du monde, le thé rwandais est broyé. Bien qu’il gagne en saveur après un temps de séchage, il peut également être infusé juste après la cueillette. Quelle expérience sensorielle !

Le cadre est enchanteur, avec des champs de thé s’étendant à perte de vue, formant des vagues vertes sur les collines environnantes. En me promenant, un panneau attire mon attention : “IVOMO Tea Trail”. Il propose plusieurs circuits à travers les plantations. Rick, qui s’implique également dans l’organisation de trails dans ces champs, a conçu un parcours dédié à la randonnée à pied et VTT.

C’est une occasion trop tentante pour la laisser passer. Mon VTT étant dans le coffre de la voiture, je m’empresse de me changer et pars explorer ces tracés au cœur des plantations. L’ambiance est unique : rouler seul dans ces immensités de thé procure une sensation incroyable de liberté. Je passe d’une colline à l’autre, croisant parfois des cueilleurs avec qui j’échange quelques mots.

Le parcours principal est roulant, tracé sur des pistes accessibles aux 4×4. Mais au retour, je décide d’emprunter les sentiers entre les champs, des chemins plus étroits et encore plus amusants à parcourir. Le spectacle est grandiose, les sensations au guidon décuplées par ce cadre exceptionnel.

Après environ 1h30 d’exploration et de plaisir pur, je retourne à l’accueil, des images plein la tête. Ce n’était pas une longue sortie, mais quelle expérience inoubliable !

Sortie 5 : Dernière danse à Kigali

Le hasard fait définitivement bien les choses. Quelques jours avant mon vol retour alors que je reviens sur Kigali j’envoie un petit message dans le groupe Whatsapp MTB in Rwanda pour savoir si un rider est disponible pour rouler avec moi, et Calixte me répond et me dit qu’il serait ravi de m’accompagner. Le rendez-vous est donc pris pour une dernière sortie dans les alentours de Kigali.
Nous filerons vers les collines environnantes en empruntant les memes sentiers que lors de ma première sortie et faisons connaissance avec Calixte un acteur incontournable du VTT au Rwanda. Alors que nous sortons de la capitale et nous dirigeons vers le mont Kigal il me partage son expérience.

Rencontre avec Calixte : Un acteur incontournable du VTT au Rwanda

Pour moi, ce sport est bien plus qu’un simple loisir : c’est un moyen de fédérer les gens, de se connecter à la nature et de mettre en lumière la richesse de notre pays.

« J’ai eu la chance d’avoir un parcours riche, à la fois dans mes études et dans mes expériences professionnelles, qui m’a permis d’allier mes compétences en marketing et en gestion de projets à ma passion pour le tourisme et le vélo.

Lorsque je travaillais au sein du gouvernement, j’étais responsable du développement des produits touristiques. Mon rôle consistait à diversifier l’offre touristique du pays, et c’est ainsi que je me suis tourné vers le VTT. J’ai contribué à structurer le secteur, notamment en optimisant des parcours emblématiques comme le Congo Nile Trail, qui offre une expérience unique sur 217 kilomètres de sentiers. J’ai également participé à la création d’événements majeurs comme la Rwanda Epic et le Race Around Rwanda, qui attirent des cyclistes du monde entier.

Mais le VTT au Rwanda, ce n’est pas seulement des sentiers et des événements. J’ai également travaillé pour développer les infrastructures et les compétences locales. Nous avons formé des guides spécialisés, des mécaniciens…

Aujourd’hui par ma passion pour le VTT je continue de promouvoir le Rwanda comme une destination incontournable pour les amateurs de VTT. Pour moi, ce sport est bien plus qu’un simple loisir : c’est un moyen de fédérer les gens, de se connecter à la nature et de mettre en lumière la richesse de notre pays. Mon objectif est de faire découvrir le Rwanda à travers le VTT, tout en restant un ambassadeur de notre culture cycliste.« 

Vous pouvez écouter l’interview complète de Calixte en français en cliquant ci-dessous.

Tiens tiens, je rencontre le jour de mon dernier ride la personne à l’initiative du Congo Nile trail, et qui connaît toutes les ficelles de ce parcours… Je pense désormais avoir le bon contact pour pouvoir faire en entier le Congo Nile trail, entier, avec les bonnes informations… Rendez-vous en 2025 ?

Conclusion : un appel au voyage

Le Rwanda, avec ses collines infinies, sa nature préservée et ses habitants accueillants, est une destination unique pour les amateurs de VTT en quête d’aventure. 

Ce voyage m’a rappelé une fois de plus que le cyclisme est un langage universel qui crée des ponts entre les cultures…

Merci de nous avoir lu et à bientôt pour un nouvel épisode de contraste, à la rencontre des pratiquants VTT du monde entier !

Une initiative pour soutenir la communauté VTT au Rwanda

Suite à ce voyage, nous avons décidé de lancer une initiative pour soutenir ceux qui œuvrent au développement du vélo au Rwanda avec qui j’ai eu le plaisir de rouler. L’objectif : collecter des fonds pour leur offrir du matériel qui leur permettront de continuer à partager leur passion et à inspirer leur communauté.

Si vous souhaitez participer à ce projet, rendez-vous sur la page HelloAsso via ce lien : https://www.helloasso.com/associations/bike-club-portois/collectes/soutenons-la-communaute-vetetiste-au-rwanda-avec-du-materiel-et-des-velos

Chaque contribution, même modeste, peut faire une grande différence.

Thomas