Les topos d’Alexis Righetti – Punta Alta de Las Blancas

Bien connu des habitués de Youtube pour ses virées VTT en haute montagne, Alexis Righetti contribuera désormais régulièrement à nos colonnes évasion sur FullAttack. Via une série d’articles « topos », Alexis nous partage et décrypte ses aventures, passées et futures, avec toute une série d’informations et compléments que l’on ne voit pas forcément à l’écran. De quoi comprendre, apprendre, rêver et s’inspirer pour vos futures aventures à VTT !

On démarre la série par la Pène Blanque (Punta Alta de Las Blancas en espagnol), la ligne la plus esthétique des vidéos 2021 pour Alexis…

Punta Alta de Las Blancas

Localisation

Sierra de Liena (Espagne)

Altitude

2902 m

Dénivelée

1200 m (100% en portage)

Type de ride

Vélo de montagne freeride

Intérêt ride

10/10

Beauté

10/10

Niveau d’engagement montagne

09/10

Itinéraire à inventer totalement sur une face qui semble parfaitement impossible

Niveau d’engagement ride

08/10

Itinéraire

Arête sud

Départ

Parking de Langoruès

Conditions

Plein été

Difficulté

Arête sommitale : T4 / E4 (passage obligé sur le fil, près du vide, pour éviter le pierrier
impraticable).
Face jusqu’à la brèche (2750 m) : T5 / E3 (pierriers et dalles calcaires très raides).
Jusqu’au lapiaz calcaire : T5 / E3+ (vires expo et pierriers complexes).
Grand couloir au dessus du lac (jusqu’à 2550 m) : T5 / E2 (pierrier avec pente limite).
Single jusqu’en bas : T4 / E3 (single de montagne sympa).

Ce sommet m’a hanté pendant des années… D’où le titre du film : « la montagne fantôme »… Un titre à double sens puisque, selon l’angle d’où on le regarde, ce pic fait penser soit à une montagne fantomatique, lisse, d’un blanc aveuglant sur une chaine de montagnes noires, soit sous l’autre angle, fait penser à la canine d’un prédateur plantée dans une mâchoire titanesque. Et j’ai bien cru que je n’arriverais jamais à la rider cette dent !

Je l’avais repérée en 2017, puis tentée en 2018 et 2020… A chaque fois, ce fut un échec à cause des conditions, de neige. Vous allez me dire : il suffit de le tenter en plein été. Oui, mais je cherchais absolument à faire ce ride avec un reste de neige de printemps dans le couloir inférieur, qui me semblait trop raide pour être descendu à sec. En désespoir de cause, j’ai proposé à Titouan de le tenter effectivement en plein été. Et ce fut la bonne ! Etonnamment bonne… Car tout était improbable sur cette dent : l’arête sommitale semblait trop raide, la pente à traverser en son milieu paraissait n’avoir aucun passage possible, le couloir inférieur, trop raide également ou en pierres trop grosses… Bref je m’y engageais en me disant : « au mieux, on fera la moitié sur le vélo, le reste en portage même à la descente… mais bon, allons voir ! »

Et quelle surprise ! Tout est passé ! 100%. Au final, je pense que c’est la ligne la plus esthétique que j’ai jamais faite. Et Titouan, pour qui c’était son premier ride dans les Pyrénées, a juste halluciné. Car en plus de cette dent incroyablement esthétique, il faut ajouter des sections sur un lapiaz calcaire semblable à un glacier figé, d’autres sur des dalles rocheuses lisses et d’un rouge vif, qui font penser à des tranches de rosbif, le tout surplombant d’immenses lacs d’un bleu intense (les couleurs ne sont pas retouchées dans le film). Et la cerise : la satisfaction de rider la plus belle dalle que j’ai jamais faite en montagne (celle de la photo illustrative), d’une raideur et d’une longueur limite, où on sait que le bike passe, mais où il faut mettre toute sa volonté dans la balance pour oser se lancer. Juste sublime !