Sur un marché verrouillé par Shimano et SRAM, Rotor s’offre une brèche en attaquant là où les géants n’osent pas : la plus large compatibilité, y compris avec différents nombres de vitesses ! Avec son système de transmission électronique UNO, la marque espagnole promet un montage simplifié – conserver cassette et chaîne existantes – tout en offrant un dérailleur configurable de 11 à 13 vitesses (gravel). Une position qui attire forcément notre attention, d’autant que cette capacité d’adaptation, vous nous en aviez fait part en commentaire, sur FullAttack, par le passé…

Un marché verrouillé, mais pas sans failles
Sur le marché de la transmission, la scène est depuis longtemps trustée par les deux mastodontes que sont Shimano et SRAM. Le premier a ouvert le bal de l’électronique avec son Di2 filaire, quand le second a frappé fort en imposant l’AXS et son fonctionnement sans fil, devenu référence sur les segments haut de gamme. Dans l’ombre de cette rivalité qui laisse peu de place aux outsiders, Rotor a su tirer son épingle du jeu grâce à ses pédaliers, ses capteurs de puissance et ses plateaux ovales, incontournables dans le monde du triathlon. Mais la marque espagnole ne s’est jamais contentée de ce terrain : elle a aussi tenté d’innover sur le changement de rapports, en transposant à la transmission une idée empruntée aux freins, à savoir le passage du câble à l’hydraulique. L’essai n’a pas eu l’écho attendu – les efforts en jeu étant bien moindres que pour un freinage – mais il illustre une démarche : celle de continuer à chercher ailleurs, différemment. Et aujourd’hui, Rotor revient à la charge avec le système de transmission Rotor UNO, une approche électronique pensée pour combler certains angles morts laissés de côté – ou traités à moitié – par les géants du secteur.
L’argument que l’on retient…
L’argument phare du Rotor UNO, c’est sa volonté de simplifier le passage à l’électronique. Contrairement à SRAM qui a souvent conditionné son AXS à de nouveaux standards – chaîne, cassette, plateaux Eagle ou T-type – Rotor choisit une approche plus pragmatique : il suffit de changer le dérailleur et le shifter, tout en conservant ce qu’on a déjà sur le vélo. La compatibilité est large : cassettes 11, 12 ou 13 vitesses, quelle que soit la marque. Et c’est là que se cache la vraie nouveauté. Le dérailleur est configurable pour s’adapter à toutes ces cassettes, avec une précision qui exploite enfin l’un des atouts majeurs de l’électronique : pouvoir adopter différents nombres de rapports sans avoir à changer de dérailleur et/ou de shifter. Ici, il suffit d’un tour dans l’application pour indiquer au dérailleur en présence de quelle cassette il se trouve. C’est une suggestion que certains d’entre-vous nous ont déjà glissé en commentaire sur FullAttack. Rotor le fait.
Reste que la promesse soulève des questions. Dans une transmission, la cinématique du dérailleur est habituellement optimisée pour un profil de cassette précis, afin de maintenir la bonne distance – ce fameux B-Gap – entre le galet supérieur et le pignon. Trop proche, et ça force. Trop éloigné, et ça gratte sans jamais passer franchement. En ouvrant le spectre de compatibilité, Rotor prend donc un pari ambitieux : celui d’un fonctionnement had-oc quel que soit le montage. Pour encaisser cette polyvalence, la chape du UNO affiche 93 mm de long, annoncée compatible jusqu’à des cassettes de 52 dents, le maximum qu’on croise actuellement sur le marché. Mais on demande forcément à voir le résultat sur le terrain, avec différentes chaînes/cassettes, pour mieux saisir ce que ça peut donner face à la concurrence qui, pour une part – SRAM – a sacrément soigné le changement de rapport ces derniers temps – au point de se placer en tant que référence en la matière…
Pour le reste…
Au-delà de son argument central, le Rotor UNO soigne les détails. Le dérailleur mélange aluminium et Nylon renforcé de fibres de verre – une approche déjà popularisée par SRAM il y a quelques décennies. L’ensemble affiche un poids maximum de 453 g, batterie incluse, pour le duo dérailleur + shifter. Ce dernier, alimenté par une pile CR2032, se veut super-léger, ergonomique et antidérapant, avec témoin lumineux et certification IP67. Il s’active automatiquement en synchronisation avec le dérailleur.
Côté énergie, Rotor annonce une batterie de 600 mAh. C’est presque le double de la capacité proposée par Shimano ou SRAM, mais pas nécessairement synonyme d’autonomie supérieure. La marque communique sur 15 000 changements de rapport, là où Shimano estime 17 000 passages avec une batterie moitié moins grosse. De quoi laisser penser que le UNO consomme davantage, mais compense par une capacité supérieure pour rester au niveau en usage réel. À suivre de près…
Autre point notable : Rotor ose un chiffre là où la concurrence reste en partie muette. Le UNO revendique un temps de réaction de 150 ms entre la commande et le passage effectif du rapport. SRAM ne communique pas sur un tel chiffre, là où Shimano laisse filtrer 100ms de manière officieuse. Chez Rotor, le tout est appuyé par une application mobile dédiée (iOS et Android), permettant de configurer et personnaliser le système, d’effectuer les mises à jour OTA, et de suivre le niveau de batterie de chaque composant. La connectivité se fait via Bluetooth® et ANT+™.
Enfin, et malgré sa large compatibilité affichée, le UNO peut s’inscrire dans un véritable écosystème Rotor. Il peut s’associer aux cassettes maison ultra-légères (294 g en 12 vitesses), aux manivelles carbone et aux capteurs de puissance INspider, pour constituer une alternative haut de gamme plus complète. Le tarif annoncé est de 690 € TTC pour le pack dérailleur arrière + shifter. Une proposition qui, sans casser les codes, pourrait bien séduire ceux qui cherchent une voie différente pour passer à l’électronique…