Rencontre avec David Assyag – Kali Protectives (+ vidéos)

Innover pour protéger

Bref. C’est l’histoire d’un mec passionné de sports extrêmes, David Assyag surnommé « Skeka » (parce qu’il a toujours travaillé dans l’industrie du casque) qui un peu frustré dans son boulot, décide un jour de tout claquer pour innover…

Enduro Tribe : Quel est ton parcours professionnel ?

David Assyag : A la suite de mes études d’ingénieur, j’ai rejoint Salomon pour développer du casque de ski. J’ai travaillé sur le snowpark de La Clusaz pendant une saison ou deux, j’ai beaucoup bossé dans le snowboard. Je suis ensuite rentré chez Scott pour prendre en charge tout le développement des casques et protections de ski. Deux ans après je m’occupais du vélo et les deux années suivantes j’attaquais la moto. En fait mon tout premier casque, je l’ai développé lors de mon stage de fin d’étude, en 2000…

E.T. : Pourquoi avoir crée ta propre marque ?

D.A. : Pour être beaucoup plus libre, ne plus avoir de patron, la possibilité de faire les designs que l’on veut et développer de nouvelles technologies, choses que je n’avais pas l’occasion de faire pour d’autres marques. Tu es toujours soumis à des budgets qui sont définis en début d’année. Lorsque tu as une bonne idée qui demande un peu de sous pour développer la technologie, soit tu attends une ou deux années qu’on débloque ces budgets, soit tu montes ta propre marque et tu le fais quand bon il te semble. Kali s’est donc crée autour d’un brevet, la Composite Fusion qui nous tenait vraiment à coeur et qu’on n’arrivait pas à développer autrement.

E.T. : Comment est née Kali ?

D.A. : Un soir, une rencontre, deux personnes, en Chine. J’ai rencontré Brad (Waldron) qui était alors ingénieur chez Specialized et s’occupait de tout ce qui concernait les matières composites. J’y ai aussi rencontré Mike (Wilson) qui était branché Marketing. Moi mon créneau c’était la technologie « In mold », la conception de casques. On s’est rencontré et on a eu envie de développer des intégraux en fibres mais avec la technologie « In mold ». Cela nous a pris une année et demie (presque deux) pour développer le brevet et avoir la première pièce finie. On a fait les premiers tests et on a vu que cela absorbait plus d’énergie que par le passé.

E.T. : En quoi consiste la technologie Composite Fusion ?
D.A. : Il s’agit de réaliser un modèle de casque DH ou Enduro en fibres composite (carbone ou fibre de verre) en utilisant la technologie de l’ »In mold ». Ce qui signifie que nous injectons directement la mousse EPS (polystyrène expansé) dans la coque. En conséquence, nous pouvons réduire la densité de l’EPS et de fait augmenter son pouvoir d’absorption d’énergie. On réduit également l’épaisseur de la coque et donc le poids du casque. Le tout en assurant une cohésion parfaite entre l’élément EPS et la coque extérieure pour éliminer tous les problèmes standard de délaminage. Une protection maximale, une qualité optimale, un poids minimal… En 2011, nous avons présenté la Composite Fusion Plus qui permet une meilleure répartition/dissipation de l’énergie lors d’un impact grâce une construction alliant des pyramides de mousses de densité différente.

 

 

 

Quelques questions en vidéo à propos de l’origine de la marque et des noms des produits…

Deuxième partie

E.T. : Pourquoi avoir choisi le marché du vélo ?

D.A. : Je ne viens pas du vélo mais du snowboard puis du MX. Par contre le vélo m’apportait quelque chose que les autres disciplines ne m’apportaient pas, le fait de faire de l’ »In mold » avec des moules super compliqués. Un casque de vélo c’est gavé de ventilation, donc plus intéressant à travailler. La deuxième raison c’est que c’est un marché qui se porte bien et qui est perpétuelle croissance. Et enfin ça reste un sport cool, ça va vite, ça fait mal, donc vive le vélo ! En Europe, le vélo a pris une part incroyable depuis ces deux dernières années chez Kali, on est maintenant à une répartition du chiffre d’affaires autour de 90% VTT/10% moto. C’est démentiel ! On a une trentaine de pays distributeurs, 26 ne concernent que le vélo, 4 travaillent sur la moto. Outre-Atlantique c’est différent. Kali US c’est 50% vélo et 50% moto. Là-bas le Motocross reste une religion, tout le monde a une moto, il y a de grands espaces, c’est facile de rouler…

E.T. : Quel est le prochain marché que tu souhaites conquérir ?

D.A. : Il y en a deux qui vont voir le jour en 2012. Mi-février le ski et le snowboard ont débarqué chez Kali avec une gamme complète de produits snow. Ce qui va nous permettre de lisser notre activité sur toute l’année. Et le deuxième c’est le vélo de route, toute une gamme qui sera présenté à l’Eurobike, début Septembre. Il y aura 5 nouveaux modèles avec tous les designs qui vont avec, ce qui nous fera une vingtaine de références supplémentaires. Tout axé route, pure route ; avec 1 modèle particulier, le « Dirty Road » qui sera la passerelle entre ce qu’on fait en Enduro et ce qu’on va faire dans la route. Je n’en dis pas plus !

E.T. : Pourquoi avoir choisi de privilégier la vente en magasin ?

D.A. : Pour protéger le détaillant, pour construire un réseau de distribution qui puisse perdurer, pour entretenir de vraies relations avec eux et qu’elles soient autre que de simples relations fournisseurs/détaillants. On veut mettre l’accent sur la possibilité pour un client d’essayer un produit, d’avoir un conseil. Au-delà de ça, la technologie qu’on a développé, la Composite Fusion, elle ne se voit pas de l’extérieur donc elle a besoin d’être expliquée, d’être touchée. Tu ne peux pas faire ça sur internet, même avec de belles images.

David Assyag nous explique en vidéo la difficulté de faire comprendre les différences de protection au consommateur final…

E.T. : Quels sont tes prochains défis dans le casque et la protection ?

D.A. : Kali arrive aujourd’hui à faire en sorte qu’il n’y ait pas de jour entre la coque EPS et la coque extérieure. Cette dernière, qui a un rôle d’anti-pénétration et qui sert aussi à lutter contre l’abrasion, est directement collée contre l’EPS qui lui a pour rôle d’absorber l’énergie à l’impact. Si tu laisses un jour entre les deux, tu as une dispersion de cette énergie et celle-ci devra s’amortir quelque part… Et ce sera certainement ton cerveau contre ta boite crânienne !  Arriver à faire comprendre au consommateur que tel casque va absorber 20% d’énergie en plus que n’importe quelle construction standard, tout en restant abordable et avec de l’allure ; ce serait une grande avancée. Pour la protection du corps, on a essayé les deux premières années le « Sarpa », une dorsale qui passe le niveau 2 de la norme (norme 1621), ce qui sous-entend que tu pouvais taper très fort dessus tout en ayant un niveau de protection élevé. Le problème était le poids, cela faisait un produit lourd donc cela ne convenait pas au vélo. On a donc développé un nouveau gilet qui ne passe « que » le niveau 1, comme tous nos concurrents, avec un poids raisonnable, pratique et confortable pour faire du vélo… Il y a encore beaucoup de choses a apporter dans la protection tant en terme de matière, d’ergonomie que d’usage. Regarde, aujourd’hui un gilet c’est tout ou rien, tu portes les épaules, les coudes, le plastron et la dorsale ou tu ne portes rien. Donc on a développé pour cette année un modèle qui s’appelle le Jiiva avec un jersey très respirant complètement modulable où tu choisis de mettre tes épaules, tes coudières ou le plastron ; à toi de voir.

E.T. : Quelle est la plus grande difficulté que tu rencontres en tant que Chef d’Entreprise ?

D.A. : La distribution, je pense. C’est très difficile d’avoir des commerciaux qui vont présenter ton produit en véhiculant exactement le message que nous on veut délivrer. Ce qu’on veut apporter c’est un niveau de protection supplémentaire, et ça, il faut l’expliquer sur le terrain. Et c’est très compliqué parce que la première chose dont tu vas parler en arrivant chez un client ce sont tes coefficients, tes placements produits, tes disponibilités et ce n’est pas forcément la protection du rider.

Pour conclure en vidéo, David nous parle de la problématique du « made in France »…

Pour en savoir plus :

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