Texte, photos et vidéo : Rodolphe Pasciuto - Natural MTB

Natural MTB – Quatre semaines d’aventure en Islande

On peut définir l’Islande comme un simple territoire, une île au nord du globe, accrochée au cercle polaire en plein océan. Depuis très longtemps je rêvais de me perdre dans ses étendues, voilà maintenant près de 4 semaines que je parcours l’île sans rien n’y attendre, juste pour la sentir, la voir et me faire décoiffer par ses vents incroyables. Comme le dit Paul Fournel : « Grâce au vélo, il y a un homme plus vite. […] Deux fois moins fatigué, deux fois plus de vents dans la figure ».

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L’Islande m’a littéralement bercé au rythme de ses courants d’air, de face, de dos, de côté… Rares sont les jours où ils m’ont épargné. Je leur en suis finalement reconnaissant, j’ai pu d’autant plus sentir le relief, les odeurs, perdre du temps, limiter mes journées à quelques kilomètres. Ils m’ont permis de ne pas aller trop vite quand cela était nécessaire. Il est difficile de voir ce territoire comme un pays « cycliste ».

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Des pistes et routes sans fin se dressent devant vous, sans aucun point de repère pour se voir progresser et avancer…Les journées semblent ne jamais finir, rajouté à ça une nuit qui tombe très tard voir jamais et l’Islande fait de vous le parfait zombie avançant sans relâche, sans dormir.

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Elle est extraordinaire

J’ai vu tellement de couleurs, de textures, de sensations. Ici à vélo on ne se lasse jamais – un champs de lave, des montagnes verdoyantes, une piste gravier qui vous accroche au sol, un goudron qui donne envie de dérouler les kilomètres, trois moutons ici, des chevaux par là, au loin la pluie – j’ai passé mes journées le nez en l’air à observer, poser mes yeux sur chaque recoin de montagnes, à scruter l’océan en attendant de voir le dos d’une baleine, à rouler au rythme des oiseaux.

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Je me souviens d’une journée qui m’a mis à rude épreuve mais superbe et mémorable : en fond de tableau, l’océan sombre et angoissant, à la recherche des phoques, face à un vent et une pluie glaciale me fouettant les mains et le visage, tout en étant suivi par des oiseaux de mer aussi fins que des aiguilles.

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Les choses simples sont parfois les meilleures

Il ne s’agit pas de tout voir à tout prix, de tout faire. Mon vélo et mes jambes sont les maîtres du temps, j’avance à leur rythme. Pour beaucoup, j’ai du rater tellement de choses, de paysages, à l’Est, au Sud, au centre, dans l’Ouest… Je n’ai pas pu tout voir mais vivre à vélo toutes ces journées m’a fait ressentir l’île comme si j’y avais vécu un moment, simplement.

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C’est très subjectif de définir ce qui est beau et « à faire ». Les guides vous tracent le chemin, vous déplacent d’un point A à un point B, vous font aller à l’essentiel. J’aime faire autrement, naviguer à vue, quitte à passer à côté « Du lieu ». Chaque centimètre de ce territoire est dépaysant et il suffit à m’émerveiller. En parcourant de cette manière je suis plongé comme un acteur dans un film étranger où tout est différent ; la langue, les couleurs, les infrastructures, les montagnes… J’aime vivre ces instants authentiques et simples. C’est en tout cas ces moments dont je me souviens et qui me font aimer un lieu.

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L’appel des montagnes

Après trois semaines de voyages, d’itinérance, j’avais besoin de voir autre chose, de rouler en chemin, en pleine nature. Difficile de se poser en Islande, les chemins ne courent pas les champs. On y trouve de formidables lieux, souvent très touristiques, trop à mon goût. Le monde me repousse, j’en perd l’authenticité du lieu.

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J’ai donc du faire une croix sur de formidables lieux au paysages dits « incroyables » pour aller voir autre chose, là où m’envoyaient les Islandais.

On l’appelle la Smoke Valley

Terrain de jeu proche de la capitale, aux sensations inoubliables. Ici tout n’est que couleurs, senteurs, formes et chaleurs. Pour un émerveillé et amoureux de nature que je suis, il s’agissait d’un vrai paradis. Reste juste à attendre que la météo vous laisse tranquille une journée et c’est parti.

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Je ne voulais rien louper, j’ai donc mis toutes les chances de mon côté. Réveil à 4h, la journée serait devant moi. Le volcan Hengill était le but de cette session, me voilà en route, le soleil fraîchement levé, direction la montagne.

Il faut parfois être fataliste

Après quatre heures de vélo – c’est à dire que j’étais déjà trop loin pour rentrer d’un simple coup de pédale – deux solutions s’offraient à moi ; rester immobile devant ce spectacle de lave absolument terrifiant – au loin un renard polaire me fait un clin d’oeil et part en courant – et continuer, résigné, en me disant que le volcan sur lequel je me trouve dormira une journée de plus et restera tranquille… C’est bien sûr la deuxième solution que j’ai choisi (ce renard avait l’air de se plaire par ici ! ). Je continuais donc mon chemin, suivant seul le balisage qui savait beaucoup mieux que moi ou il allait. Poussage, roulage, portage, il m’a fallu des heures pour contourner ce géant et le gravir. Il n’est pas haut du tout si on le compare à nos sommets Alpins mais les dénivelés sont parfois différents suivant leur situation, leurs dessins.

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Un amour de vélo

Cette sensation, d’être seul, durant des heures, à sentir votre corps fatigué de la journée passée – le moment où tout devient difficile ; porter son vélo, le tirer, remettre pour la centième fois son sac à dos sur le dos – est parfois un vrai bonheur. C’est pour moi la résultante d’un ensemble de choses – l’absorption de paysages, l’effort physique, le grand air – il s’agit de nouvelles expériences à chaque sortie… Et quelles expériences ! Elles sont souvent mémorables quand le travail est bien fait et lorsque la nature est présente. Ici sur ce volcan et après 12 heures de vélo de montagne tout était réuni, c’est pour ça et comme cela que j’aime faire du vélo.

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Sans cesse découvrir, aller au bout de soi, s’émerveiller et s’endormir le soir en ayant l’impression de l’avoir mérité, avoir les jambes si lourdes qu’une fois allongé, il faudra attendre le lendemain matin pour remettre ça.

Rodolphe – Natural MTB

 

Le film de l’aventure

Rédacteur "évasion"
  1. Très beau trip ! Une destination de rêve pour le MTB
    Je me demandais si les réapprovisionnements se faisaient bien ? Faut-il prendre pour plusieurs jours ?

  2. Superbe article et magnifique vidéo ! Merci et bravo Rodolphe !
    J’ai également fait l’Islande avec mon vélo de montagne en 2012 et je ne rêve que d’une chose, y retourner ! Ton article m’a rappeler le début de mon aventure sur cette ile et la découverte de ces sentiers et de ses sources chaudes 🙂

    Pour répondre à Victor, si tu t’aventures dans le centre du pays, il est nécessaire de prendre plusieurs jours de réserve avec toi oui car c’est plutôt désert! En restant autour de l’ile et non loin des lieux habités, tu trouveras assez facilement de quoi te ravitailler dans les stations services tout particulièrement. Mais attention aux prix, tout est cher là-bas !

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