Au Mont Sainte-Anne ce samedi, Loic Bruni n’est pas descendu de la montagne comme il l’avait prévu. C’est un pilote ému aux larmes qui s’est présenté à la descente de cabine, accueilli par son staff dans l’anonymat qui règnait à cette endroit pendant que la foule acclamait Jackson Goldstone à quelques pas de là. Un saut au poste de secour plus tard, et le pilote Specialized livre sa première réaction, et les explications à cette scène surréaliste de la cabane de départ restée vide quelques instants plus tôt…
Ce matin, je suis tombé. Rien de dramatique, mais j’ai tapé le bras et la jambe. Et ce n’est pas la première fois que ça m’arrive à cet endroit-là. J’ai une petite hémorragie interne — rien de grave — mais ça crée un gros hématome profond, et j’ai tout de suite reconnu la sensation. Au deuxième run d’entraînement, je sentais déjà que la jambe se durcissait à fond. En gros, elle est pleine de sang et les muscles n’ont plus de place pour bouger, donc je ne pouvais plus vraiment m’en servir.
J’ai essayé de serrer les dents à l’échauffement, de me dire que je pouvais encore rouler, espérer une petite erreur de Jackson… Mais évidemment, ce n’est pas comme ça que je voulais que ça se termine. Le public était incroyable, la météo parfaite, je me sentais super bien jusque-là.
J’ai quand même été jusque devant la cabane de départ, prêt à partir, en attendant le chrono de Jackson. Mais je savais, au fond, que je ne pouvais pas y aller. Ma jambe ne répondait plus du tout, elle ne fonctionne toujours pas d’ailleurs. Quand Jackson est descendu en premier et que j’ai vu son temps, j’ai compris qu’il me faudrait être dans le top 3, top 5 selon ce que Luca allait faire. Et honnêtement, je n’avais juste plus ça dans les jambes. J’étais là, en haut, devant le staff, j’attendais. Ma jambe ne répondait plus, je savais que ce n’était pas possible.
Et puis il y a aussi le fait que je rentre bientôt à la maison pour la naissance du bébé… Je ne voulais pas être totalement stupide et tout risquer maintenant. C’est dur, vraiment dur, de ne pas pouvoir se battre jusqu’au bout, surtout le dernier jour de la saison. Entre les galères mécaniques aux Mondiaux et ça aujourd’hui, c’est une année de merde sur les jours qui comptent.
Mais c’est comme ça. On reviendra plus fort l’an prochain. C’est triste de finir sur une note pareille, je n’ai pas l’impression de mériter que ça se termine comme ça… mais Jackson mérite son succès. Félicitations à lui. C’était une saison folle, et malgré tout, j’ai pris beaucoup de plaisir à faire partie de ça.”