Le nouvel Evil Offering ? Même allure, mais tout évolue !

Evil remet son Offering sur l’établi. Le trail bike le plus irrévérencieux de la bande revient dans une version entièrement revue, fidèle à son esprit “jouet pour adulte” mais bien décidée à se remettre au goût du jour. Sous ses airs de déjà-vu, tout change pourtant : géométrie redessinée, cinématique optimisée, compatibilité élargie. La marque de Bellingham pousse son concept “poppy, playful, precise” encore plus loin, et ça tombe bien, puisque ça renfonce encore son ADN gravity. L’Offering 2025 veut prouver qu’on peut rester fidèle à sa signature tout en cochant les cases du VTT moderne. Voyons plutôt…

Evil Offering – L’esprit du jouet, la rigueur du terrain

Chez Evil, la gravité n’est pas une discipline, c’est un état d’esprit. La marque reste fidèle à son credo : concevoir des “jouets pour adultes” capables de faire disparaître le vélo pour ne laisser que le pilote et le sentier. Un programme simple sur le papier, mais ambitieux dans la réalité. Basée à Bellingham, épicentre boueux et forestier de la côte Ouest nord-américaine où s’est exilée une bonne partie du petit monde du VTT — ingénieurs, chefs produits et marketeux confondus —, Evil cultive une approche sans complexe. “Unapologetically Evil”, disent-ils, avec cette signature de conduite devenue leur marque de fabrique : poppy, playful, precise — vif, joueur, précis.

Sauf qu’entre le discours et la dynamique réelle, il y a souvent un monde. Et c’est là que l’ombre de Dave Weagle s’impose. Le sorcier américain de la cinématique, dont les brevets ont redéfini la suspension moderne, signe aussi celle des Evil. Le fameux Delta Link, avec son triangle arrière à pivot fixe et son tirant/basculeur si caractéristique, porte son empreinte. Une architecture singulière, pensée pour traduire ce “fun” revendiqué en efficacité mécanique. Depuis des années, les Evil attirent les regards et les curiosités dans la sphère gravity. Reste à savoir comment la marque parvient à garder son ADN tout en suivant l’évolution du jeu — celui d’un marché où les tendances se succèdent vite et où chaque nouveau vélo doit justifier sa place sur le sentier. C’est précisément ce que promet d’explorer cette nouvelle itération du Evil Offering, et donc sur quoi on pose un regard attentif dans cet article…

Ce qui change ? Tout, malgré les apparences…

À première vue, le nouvel Evil Offering ne bouleverse rien. Les lignes tendues, les volumes ramassés, le triangle arrière compact : tout respire le style maison. De ces vélos qu’on identifie d’un coup d’œil, même sans logo criard pour trahir leur origine. Mais derrière cette silhouette familière, Evil annonce une refonte totale — aucune pièce n’est reprise de la génération précédente. Pareil, mais en différent donc ? C’est tout le paradoxe de ce nouvel Offering : un vélo qui garde son ADN tout en réécrivant sa fiche technique de fond en comble. Et pour commencer, ça passe forcément par la géométrie ces derniers temps

Géométrie : le grand réalignement

C’est devenu la règle du jeu ces dernières années : pour remettre un vélo au goût du jour, on commence par revoir la géo. Evil ne déroge pas à la tendance et adopte une approche plus “moderne”, avec une position de pédalage plus efficace sans sacrifier la descente. L’angle de selle prend deux degrés de plus pour afficher un 79° droit comme un i, quand la direction se couche encore d’un degré et demi. Deux chiffres qui, pris séparément, ne bouleversent pas le monde — mais associés à un reach similaire à la précédente génération, ils déplacent clairement le pilote dans le cadre : plus centré, plus “dans” le vélo que “dessus”.

Résultat, l’empattement avant s’allonge d’environ 20 mm, soutenu par des bases qui gagnent 5 mm. Une combinaison qui doit améliorer la stabilité. Evil promet ainsi une position de montée plus naturelle : plus besoin de grimper sur le bec de selle dans les rampes abruptes, le bassin reste calé, la poussée plus franche, le bas du dos moins sollicité, le buste plus relevé. Et une fois en descente, le supplément d’empattement assure ce sentiment de stabilité à haute vitesse dont la marque revendique le contrôle : vif quand il faut, rassurant quand ça tabasse. Le Offering s’offrirait-il une cure de jouvence synonyme de montée en gamme sur l’échelle gravity ?!

Suspension – À la croisée des mondes

Ça dépend du montage choisi ! En effet,la logique de mise à niveau se poursuit du côté de la suspension. Le nouvel Evil Offering s’inscrit dans cette tendance des vélos “à la croisée des mondes” : capables de flirter avec le trail léger comme de s’encanailler sur des pistes de bike-park. Une base commune, mais deux visages possibles selon la manière dont on l’équipe.

Le châssis est prévu pour encaisser plusieurs débattement de fourche : 150, 160 ou 170 mm. Une amplitude qui en dit long sur son tempérament modulable. Car qui dit 150 mm évoque déjà un “petit vélo” nerveux, vif et poppy avec un châssis à plongeurs de 35/36mm ; qui dit 170 mm fait immédiatement basculer dans la cour des grands, celle des plongeurs en 38 mm et des montages plus costauds. Entre les deux, chacun trouvera son équilibre — le curseur se déplaçant selon le terrain, le style et les ambitions du pilote.

À l’arrière, le Delta Link reste au cœur du jeu, mais il évolue subtilement. L’amortisseur est au format Trunnion 205 × 60 mm, offrant 10 mm de débattement supplémentaire pour atteindre les 150 mm au total. Evil annonce un dégagement suffisant pour accepter les amortisseurs à bombonne, histoire de gérer les longues descentes et les enchaînements appuyés comme il se doit. Rien n’est encore confirmé sur l’usage possible d’un ressort hélicoïdal, ni sur une course supérieure – les amortisseurs en entraxe de 205mm permettent généralement, aussi, de faire usage d’une course de 62,5 ou 65 mm – mais les dimensions choisies laissent cette porte entrouverte. De quoi nourrir les imaginations… et les montages les plus audacieux ?!

Détails de conception – Tout dans les finitions

Si le nouvel Evil Offering mérite qu’on s’y attarde pour sa refonte globale, ce sont aussi les détails de conception qui montrent que la marque n’a rien laissé au hasard. C’est souvent là que se joue la différence entre une mise à jour cosmétique et une vraie évolution. Et ici, tout laisse penser qu’Evil a profité du chantier pour se remettre entièrement à la page.

Côté suspension d’abord, la visserie inférieure adopte désormais un format 8×30 mm. Derrière le chiffre, une vraie intention : élargir la base, limiter l’usure du boulon inférieur et permettre l’usage d’une clé Allen plus standard. Dans le même esprit, le Flip Chip a été totalement revu. Finie la séance d’atelier pour ajuster la géo : deux boulons à desserrer, deux à retirer, et c’est plié en cinq minutes — contre une bonne quinzaine auparavant et une ribambelle de vis à déposer. Plus rapide, plus propre, plus “trail-friendly”.

La liste continue : entretoises en acier inox pour la durabilité, axes d’articulation renforcés en lieu et place des anciens boulons creux, guide-chaîne intégré directement au pivot principal — sans trous ni traces disgracieuses quand on le retire. Et puisque le diable se cache dans les détails, Evil y glisse aussi un indicateur de SAG bien visible sur le basculeur. Simple, clair, pensé pour régler l’amorto en quelques secondes sur le parking, sans s’embrouiller avec les valeurs – la graduation semble correspondre au SAG à l’amortisseur.

La partie haute du cadre profitent aussi d’ajustements malins. Le tube de selle a été raccourci et redressé, avec une profondeur d’insertion plus généreuse pour loger les tiges de selle télescopiques les plus longues. Le Rock Stop — une pièce en caoutchouc placée à l’articulation des triangles — protège des projections et des impacts. Le tout s’accompagne d’un traitement anti-bruit complet, censé faire de ce nouvel Offering “le vélo le plus silencieux jamais produit par Evil” : gaines guidées de bout en bout, protection de base repensée et on évite de passer la par le jeu de direction – ouf, merci ! Et puisque revient à un espacement d’axe arrière Boost 148 mm, avec ligne de chaîne 55 mm, histoire de garantir la compatibilité avec les transmissions actuelles. “Evil 1, Industry 1”, balle au centre !

Enfin, l’un des ajouts les plus parlants de ces derniers temps : le Lunchbox Downtube Storage, ce rangement interne dans le tube diagonal capable d’embarquer multi-outil, chambre, CO₂ ou encas. Un clin d’œil à la pratique moderne : rouler léger, sans sac, mais sans se priver du nécessaire. Visuellement, l’ensemble gagne en sobriété. Les profils sont plus lisses, l’aspect “périmétrique” autour du puits de selle disparaît, et la silhouette générale paraît plus compacte. C’est beau !