Une journée ordinaire
Texte et photos : BMC Factory Trailcrew pour Endurotribe
Lorraine Truong est connue pour être une excellente pilote. Elle sait manier n’importe quel vélo, y compris le monocycle, et a récemment terminé 8ème de la première manche de la Enduro World Series à Rotorua en Nouvelle-Zélande. Ce que l’on sait moins à son propos elle qu’elle est ingénieure et travaille à 50% pour le département « Recherche et Développement » de BMC…
Chaque jour, elle doit jongler entre son ordinateur et son vélo, entre ses logiciels de calcul et son plan d’entraînement. Ses journées sont bien occupées, et longues. Heureusement, son esprit scientifique et sa culture suisse l’aident à planifier ses journées et ses semaines aussi bien que n’importe quel ministre. Nous nous sommes levés (très) tôt pour passer une journée avec elle dans le Val-de-Travers, une petite vallée perdue dans le Jura suisse…
4h30 – Debout !
Il fait froid et encore nuit. Il bruine aussi. Mais quelles que soient les conditions, l’iPhone de Lorraine la réveille à 4h30 chaque matin. Une journée bien chargée l’attend.
4h45 – Pas besoin de rappel
Lorraine est déjà debout et prête pour sa première séance d’entrainement de la journée: un footing de 50 minutes avec ses compagnons entrainement préférés Shimano et Fado.
5h40 – Premier train
Lorraine saute dans le premier train de la journée. Le trajet ne dure pas moins de 1h15 jusqu’au siège de BMC à Granges.
Les deux heures et demie qu’elle passe chaque jour dans le train ne sont en rien une perte de temps. Elle aime lire des livres scientifiques, en français ou en anglais, avec des titres aussi énigmatiques que « Universe in a nutshell » ou « A la découverte des lois de l’univers. La prodigieuse histoire des mathématiques et de la physique » ou jouer au KenKen, une version avancée du sudoku.
Elle admet cependant aussi lire sa BD préférée « Calvin & Hobbes » ou faire une petite sieste…
7h00 – Déjà au bureau
Souvent la plus matinale au bureau, Lorraine allume son ordinateur et ouvre ses livres pour travailler sur les futurs vélos BMC.
C’est une chance que de pouvoir allier science, ingénierie et mountain bike
Son histoire avec BMC a commencé en février 2014. C’était alors dans le cadre de son projet de bachelor sur « L’Amélioration de la sécurité des pivots de fourche en carbone ». Après avoir obtenu son diplôme en septembre dernier, elle s’est vue offrir un contrat à double fonction : 50% ingénieure et 50% pilote pour le BMC Factory Trailcrew. « C’était une formidable opportunité pour moi. C’est une chance que de pouvoir allier science, ingénierie et mountain bike. Les gens qui me connaissent savent que je ne peux rêver mieux ».
Elle fait désormais partie de l’équipe de production et travaille dans le groupe technologie qui est l’essence même du Impec Advanced R&D Lab. Elle est responsable du calcul numérique et des simulations avec un focus tout particulier sur les structures composites.
Elle peut faire le lien entre ses découvertes théoriques et la réalité du terrain
« Tout juste sortie de l’école d’ingénieur, elle a un bachelor en matériaux et un master en mécanique – elle a amené avec elle sa connaissance des dernières technologies. Grâce à son expérience de pilote, elle peut faire le lien entre ses découvertes théoriques et la réalité du terrain » explique son supérieur, Stefan Christ, directeur Produits chez BMC.
13h30 – Retour dans le Val-de-Travers
La voici de retour au Val-de-Travers après un nouveau voyage en train pendant lequel elle a englouti son pique-nique préparé avec soin la veille au soir.
Son après-midi sera dédié à ce qu’elle aime le plus : rouler ! Avant cela, elle passe quelques minutes dans son garage, une vraie caverne d’Ali Baba.
Ses connaissances de la mécanique lui ont bien servi la saison passée alors qu’elle avait sa propre structure et se déplaçait sur les événements seule, remplissant à la fois les rôles de pilote, mécano, manager et cuisinier.
14h15 – C’est parti !
La région où elle a grandi est l’une des plus humides de Suisse. La pluie et la neige font souvent partie du décor. Ce climat hostile est certainement l’une des raisons pour lesquelles les compétitions sous la pluie lui conviennent plutôt bien. La boue, les racines glissantes et les feuilles abîmées par la pluie font partie intégrante de son terrain de jeu préféré.
La petite protégée de Tracey Moseley nous a montré sa piste préférée qu’elle chouchoute elle-même lors de ses journées de repos.
17h00 – Jamais assez…
Après avoir passé deux heures sur ses chemins d’entraînement, Lorraine échange son VTT pour son vélo de trial. Trois palettes, quelques planches et une boiîte en bois ont été placées méticuleusement dans le jardin. C’est là qu’elle travaille équilibre et précision sous les yeux bienveillants de Shimano, son fidèle compagnon depuis 11 ans.
Il n’y a pas de temps à perdre…
Une demie-heure sur le vélo de trial suffit. Il n’y a pas de temps à perdre…
17h45 – A la gym !
Lorraine n’a pas de carte de membre dans l’un de ces fitness à la mode. Elle a transformé l’une des cuisines de la maison familiale en salle de fitness. Ses machines et autres accessoires y forment un tas multicolore d’objets d’occasion recyclés et bricolés.
Avant de passer à table, elle aime aller promener ses chiens toujours prêts pour de nouvelles aventures.
C’est lorsque j’ai amené mes copines ici que j’ai réalisé que ce n’était pas facile pour tout le monde
Ce jour-là, elle a décidé de nous emmener sur son premier sentier, là où tout a commencé. « J’étais âgée de 11 ans et j’avais un vélo de ville. J’adorais venir ici après l’école mais je n’avais la permission qu’une fois que mes devoirs étaient terminés… Je faisais des tours et des tours. C’est seulement lorsque j’ai amené mes copines ici que j’ai réalisé que ce n’était pas facile pour tout le monde. »
19h00 – A table !
La « Pocket Rocket » du BMC Factory Trailcrew ne suit pas de régime particulier. Parfois, lorsque cela devient difficile en course, elle pense au burger qu’elle commandera le soir même. Ou à ce morceau de chocolat qu’elle dévorera une fois de retour au paddock. Ce soir là, elle nous a concocté des endives au jambon, un plat traditionnel franco-suisse, fait de salade, jambon, de sauce béchamel et de fromage. Pas vraiment un plat typique pour une athlète mais idéal pour quelqu’un qui s’est dépensé depuis l’aube…
Aussi souvent qu’elle le peut, elle partage le dîner avec ses parents chez qui elle vit. Elle est la cadette d’une fratrie de cinq. Son frère et ses trois sœurs ont quitté le nid familial mais ils sont tous très proches et sont ses plus grands fans.
20h30 – Un peu de calme. Enfin.
La journée tire à sa fin. Lorraine monte dans sa chambre, celle où elle a grandi et qu’elle n’a quitté que pendant qu’elle étudiait à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL).
Contrairement à beaucoup d’autres filles, la jeune femme de 25 ans clame haut et fort qu’elle n’aime pas le rose. Et pourtant, juste avant de se mettre au lit, elle enfile une drôle de grenouillère rose pour faire une dernière session d’étirements et de préparation mentale. « J’aime les vêtements confortables et cette grenouillère est top ! Le rose est loin d’être ma couleur préférée mais il n’y avait que du rose et du noir. Et le noir c’est trop triste… ».
Lorraine est plutôt tendue à l’approche des grands rendez-vous
Aussi relax qu’elle peut paraître, Lorraine est plutôt tendue à l’approche des grands rendez-vous. Depuis quelques mois, elle travaille avec un coach mental et prend 10 à 15 minutes chaque jour pour faire quelques exercices : faire le vide et jongler.
Après une telle journée nous serions tous épuisés, prêt à tomber dans les bras de Morphée… Mais Lorraine ouvre un livre à propos des atomes, des molécules et autres particules. Inspiration certaine pour elle qui rêve de découvrir quelque chose de nouveau, quelque chose qui changerait un petit peu de ce monde.
Fin.