Le journal de Justin Leov – EWS 2016 de Corral

Après un premier opus de son journal 2016 au sujet de sa préparation hivernale, le Néo-Zélandais Justin Leov (Canyon Factory) nous confie ses impressions après la manche d’ouverture des Enduro World Series à Corral

Texte : Justin Leov # Photos : Sebastian Schieck

 

 

Justin Leov

Le Chili pour commencer

Et voilà la saison finalement lancée !

Nous sommes arrivés au Chili pour la 1ère manche des Enduro World Series 2016, et avons découvert le petit village de Corral. Les activités locales tournent autour de la pêche et de l’industrie du bois. Les pistes forestières qui mènent aux spéciales ont été tracées depuis peu et n’ont jamais vu l’ombre d’un VTT.

Pour éviter une traversée en ferry de 20 minutes chaque jour et surtout pour éviter la queue avant d’embarquer sur le ferry entre Nieblie et Corral, nous logions à une quarantaine de minutes de là, dans un « ecolodge » fait de tentes en forme d’igloo. Un endroit très isolé mais très cool. L’électricité est produite par des panneaux solaires, et il n’y a pas d’internet, sensations oubliées !

Avec six spéciales sur deux jours de course et, en tout cas sur cette épreuve, l’interdiction des navettes les jours de reconnaissances, il me parut important de mettre à profit le temps à disposition avant le début des entraînements vélo pour parcourir toutes les spéciales à pied. Cela voulait dire plus de fatigue physique accumulée mais cet inconvénient serait selon moi largement compensé par le fait de pouvoir aborder les reconnaissances en ayant déjà une idée assez précise du terrain sur lequel nous allions devoir évoluer.

Le terrain parlons-en. Un mélange de sections sans dénivelé et d’autres au contraire avec un dénivelé très prononcé. Et un fond très peu accrocheur. Régler le vélo serait le premier défi à relever. Il fallait idéalement le grip de pneus pour terrains boueux et la résistance au roulement de pneus semi-slick… il fallait faire un choix ! Comme il s’agissait de la première course de la saison, je choisissais par prudence de privilégier le grip au détriment d’un peu de vitesse, j’optais pour une pression de pneus d’à peine 23 et 26 psi (1,6 et 1,8 bars).

Avec deux jours de reconnaissances et deux jours de course, nous allions pédaler 200km avec 6500m de dénivelé positif. Durant les entraînements j’emmenais avec moi, aussi bien les lunettes que le masque, pas seulement pour atténuer la lumière d’un soleil brûlant mais aussi pour me protéger des nuages de poussière soulevés par les véhicules qui circulaient en même temps que nous sur les pistes forestières.

Je choisissais d’utiliser mon capteur de puissance en reconnaissance et en course de façon à mieux gérer mon énergie et préserver autant que faire se peut mes jambes lors des longues ascensions. Mon objectif : ne pas dépasser 300 watts dans les montées les plus raides et rester autour de 250 le reste du temps.

 

Samedi

La première spéciale fut un mélange de « trop vite », « trop d’erreurs », « trop lent », « trop de freinage ». Avec quelques sorties de piste pas prévues au programme. Une mise en jambe laborieuse !

Je m’appliquais dans la spéciale 2 pour sortir un run propre mais sans prendre de risques inutiles. Chrono décevant, peut mieux faire…

La spéciale 3 prévoyait une zone « neutralisée ». Nous devions parcourir une partie de la spéciale, puis nous arrêter 2min 45, puis repartir. Évaluant mal l’endroit du second départ, je m’élançais dans la seconde partie de la spéciale pour découvrir un peu plus loin que j’étais encore dans la zone neutralisée. Pas mal d’énergie gaspillée, pas bon pour le moral, j’essayais d’évacuer la colère rapidement pour me concentrer sur la suite. La seconde section était rapide et j’avais de bonnes sensations jusqu’à ce que je heurte une souche avec la roue avant. J’étais au sol avant même d’avoir pu réagir, heureusement sans gros dégâts. Je terminais à fond pour essayer de perdre le moins de temps possible mais le chrono était décidément impitoyable.

Je finissais la première journée en 24ème position. Un point de départ pour moi. Mon objectif pour le jour suivant serait de rouler « propre » et de finir le week-end dans le Top 20.

 

Dimanche

Le deuxième jour s’annonçait meilleur que le premier. J’avais peaufiné le réglage des suspensions et les sensations étaient bonnes. J’avais roulé la veille en mode « trail » et aussi en mode « DH » mais j’allais utiliser exclusivement le mode « DH » aujourd’hui.

La quatrième spéciale était formée d’un tracé qui devait servir pour le débardage des arbres abattus. Une espèce de piste de bobsleigh ! Très fun et un bon run sans erreurs.

Retour aux gros efforts physiques sur la cinquième spéciale. Avec des tournants tellement serrés qu’il était presque impossible de les passer sans manœuvrer. La plupart d’entre nous eurent aussi la surprise dans cette spéciale de rencontrer une vache sur le parcours. Pas vraiment habituel en course, heureusement !

La dernière spéciale fut une bonne façon de conclure le week-end. Du plat et du défoncé pour commencer, puis une section si rapide que j’avais l’impression de rouler en moto. Mon meilleur résultat du week-end et une remontée à la 19ème place au classement général, j’étais satisfait.

Encore beaucoup de travail à accomplir mais j’ai maintenant une idée plus précise de mon niveau actuel et des points sur lesquels il va falloir bosser.

On se retrouve très vite en Argentine !

Justin