François Bailly-Maître nous fait le bilan de sa saison 2015

En cette fin d’année, François Bailly-Maître (BMC Factory Trailcrew) nous confie ses impressions sur sa saison 2015 et ses résultats au guidon du Trailfox…

Texte : François Bailly-Maître

Photos : J. Reuiller / EnduroJura /benjaminbecker.fr / Greg Germain/ EWS / FBM

 


Ma saison 2015

Ma saison 2014 s’était plutôt bien passée avec une belle huitième place au classement général des EWS avec notamment une seconde place à la Thuile et une belle série de victoires en fin de saison, sur la Trans-Provence notamment. Pour 2015, je m’étais fixé comme objectif de la saison de décrocher des podiums en EWS et de rentrer dans le top 5 du classement général final.

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La saison a débuté à Finale Ligure par un stage avec le BMC Factory Trailcrew suivi par un court séjour en Espagne pour faire des tests suspension avec FOX, ce qui nous a permis de choisir les réglages pour la saison. J’ai aussi eu le privilège de recevoir le groupe Di2 sur mon BMC Trailfox, ce qui en a fait le premier vélo d’enduro monté en électrique ! Merci Shimano pour ce privilège !

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Je décide d’aller peaufiner ma forme et mon pilotage en Nouvelle-Zélande. A bord d’un van tout sauf discret, je découvre de fabuleux endroits.

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Après quelques semaines, la saison démarre réellement à Rotorua, là où a lieu la première manche de l’Enduro World Series.

Grosse déception là-bas ! En raison d’un problème de chronométrage, je ne me vois adjuger mon temps que 24h après l’arrivée ! On ne saura malheureusement jamais si les chronos qui m’ont été attribués étaient les bons… Je repars donc de Nouvelle-Zélande avec une 16ème place forcément décevante par rapport à mes attentes. Je dois tout de même avouer que cette manche était très précoce dans la saison et qu’il me manquait quelques courses pour trouver le rythme et jouer les premiers rôles.

Après deux mois dans EWS, la série reprend en mai avec la série Irlande-Ecosse. Je me suis rends là-bas avec le couteau entre les dents et la volonté de remettre les pendules à l’heure. L’ambiance en Irlande est vraiment EXTRA-ordinaire ! Un monde fou s’est en effet déplacé pour venir voir les spéciales toutes rassemblées sur les flancs d’une colline.

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Les spéciales sont trop courtes à mon goût et manquent un peu de pente. Je décide de rouler avec mon BMC Speedfox 29, notre petit vélo, plus réactif lorsque la pente est moins importante.

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Malheureusement, je fais une erreur de débutant en prenant la décision de ne mettre ni tendeur de chaine, ni guide chaine… Résultat : je déraille trois fois ! Ce n’est pas comme ça que je vais gagner du temps ! Je suis forcément déçu avec ma 25ème place mais cette fois je ne peux m’en prendre qu’à moi. Toutefois, cette manche reste pour moi la plus dynamique et la plus visuelle à laquelle j’ai jamais pris part. Une belle fête pour l’enduro.

L’Ecosse arrive une semaine plus tard. Fort de ma 5ème place l’an passé à Innerleithen, j’ai à cœur de remonter la pente après deux étapes plutôt moyennes. Cette manche se court sur deux jours et la fatigue des deux semaines de reconnaissances-courses commence à se faire sentir. Il est important de trouver le bon compromis entre trop de reconnaissances et accumulation de fatigue, et ne pas en faire assez et ainsi manquer de vitesse en spéciale. Pas toujours facile… Après une première journée sans accroc le résultat n’est pas exceptionnel puisque je ne pointe qu’à la 12ème place. La concurrence est rude en ce début de saison et tous les pilotes sont à 100%. La moindre seconde perdue se paye comptant.

Le lendemain, les conditions météo sont extrêmes et la course réduite à deux spéciales. Les chances sont donc maigres pour reprendre des places mais la boue pourrait bien être mon alliée sur ce coup. Après une correcte première spéciale je me rapproche du top 10. Je tente de tout donner dans la dernière spéciale, de retarder les freinages, mais cela ne fonctionne pas. A quelques centaines de mètres de la ligne d’arrivée, je chute violemment. Bilan : fracture de l’omoplate.

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Ce n’est vraiment pas une bonne entame de saison.

Je dois m’arrêter quelques semaines et laisser filer une poignée de courses comme la Trans Provence qui me tenait particulièrement à cœur.

Organisateur, le temps d’un événement

Cela me laisse finalement un peu plus de temps pour me consacrer ä l’organisation de mon événement : l’Enduro Jura by Julbo.

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Ça fait vraiment plaisir de voir tous ces enduristes découvrir mon terrain d’entrainement et de jeu et d’avoir Nico Lau et Tracy Moseley au palmarès de l’événement (même s’ils ont battu mes coéquipiers Flo Golay et Lorraine Truong 😉 ).

Retour aux choses sérieuses

Mon objectif est maintenant différent et j’aimerais faire un retour en forme à Samoëns. Une semaine plus tôt, je me rends à la Thuile en Italie pour reprendre le rythme. Retour gagnant à la compétition. C’est bon pour le moral !

Samoëns c’est le retour en EWS mais c’est aussi un vrai changement pour l’équipe. On savait depuis cet hiver que nous allions arborer de nouvelles couleurs, mais c’est toujours un immense plaisir que de découvrir en cours de saison une nouvelle monture aux couleurs flashies ! On a aussi la chance que Pearl Izumi et Giro nous aient suivi dans l’aventure et nous aient préparé un kit complet, jusqu’aux chaussures !!

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Pour ce qui est de la course, je m’attendais à des conditions boueuses, mais ça n’a pas été le cas. Les recos se font dans la poussière. Un orage le samedi matin vient mettre un peu de piment mais ne suffit pas à transformer le terrain pour le weekend. En manque de confiance sur le vélo je parviens tout de même à aller chercher mon premier top 10 de la saison.

C’est maintenant le moment de m’envoler pour l’Amérique du Nord. Comme beaucoup d’autres pilotes, je découverte Crested Butte au Colorado. En 2014, l’épreuve américaine ne m’avait pas réellement plu et ne correspondait pas à ce que j’attendais d’une course Enduro. Cette année, le contexte est complétement différent et le scénario semble parfait. Les spéciales sont longues, intéressantes et forment de grandes boucles dans les montagnes.

La première journée se passe parfaitement pour moi et je pointe au 3ème rang au classement provisoire. Rien n’est fait puisqu’il reste deux jours de courses mais j’ai la satisfaction de revenir aux avant-postes. La course s’arrête malheureusement là suite au tragique accident de Will, dossard 169 du Colorado. L’ensemble des coureurs et du paddock est sous le choc et nous prenons tous conscience des risques encourus. La course est annulée.

Place maintenant à Whistler. Comme toujours, les trails sont grandioses et les reconnaissances éprouvantes. Je démarre mal sur la première spéciale mais corrige le tir sur les suivantes pour finalement aller chercher la 5eme place qui me ravit pleinement. Aller chercher un top 5 après mon mauvais début de saison et ma blessure, c’est une grande satisfaction.

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Après la manche canadienne, la saison EWS connait une grosse coupure et j’en profite pour découvrir la Trans-Savoie. Je suis très surpris par la différence entre nos circuits de World Series et ceux de la Trans-Savoie. J’y accumule un grand nombre d’heures sur le vélo et de la confiance. Une étape dans la saison.

Le temps file et nous voici déjà à Ainsa Zona Zero, en Espagne pour la septième manche de l’EWS. Celle-ci arrive quelques semaines après la Trans-Savoie et ma victoire à l’Enduro des Portes du Mercantour devant le gratin de l’Enduro. D’ailleurs, c’est sans doute ma plus belle victoire en Enduro ! Certes, une course « locale » en 2015, le plateau ne l’était par contre pas. M’imposer dans le Sud devant Florian Nicolaï, Fabien Barel, Jérôme Clementz, Nicolas Vouilloz entre autres est plus qu’une surprise ; c’est une vraie prise de conscience !

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Il n’y a maintenant plus d’excuses, la victoire en EWS est possible, il faut maintenant transformer l’essai et montrer que je peux aussi être vite sur une EWS.

J’apprécie les tracés proposés en Espagne et l’objectif est clairement le podium voire mieux ! C’est finalement à une belle 7ème place que je termine le weekend end.

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Il y a tout de même de la déception car je suis passé à côté de la SP2 qui était prépondérante.

Une dernière chance

Finale, une ville qui porte bien son nom. Il ne me reste plus qu’une manche pour marquer de mon empreinte les EWS 2015.

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J’ai de mauvaises sensations lors des reconnaissances. Je n’apprécie pas particulièrement les tracés un peu étranges. On se demande d’ailleurs comment de tels tracés peuvent être proposés à Finale Ligure. Mais il faut faire avec et c’est plus que motivé que je m’élance pour la première journée.

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Je me sens beaucoup mieux pendant la course et le résultat s’en ressent puisque je pointe à la 3ème place après la journée de samedi. Les écarts sont très serrés, tout est donc possible.

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Le dimanche peut vraiment me permettre de réaliser la grosse perf que j’attends. C’était malheureusement sans compter sur une stupide chute dans la SP5 qui me fait perdre une dizaine de secondes. Rageant quand on regarde le résultat final : 5ème à 9 petite secondes de la gagne… Il ne faut jamais regretter mais c’est dur de réaliser que je n’ai pas réussi à concrétiser une si belle opportunité.

14396_10152943163941062_1725769228462396785_nJe sais maintenant qu’il est possible d’atteindre le haut du podium mais qu’il faut bosser dur pour y arriver. La concurrence est rude et les adversaires ont eux aussi envie d’aller de l’avant.

Pour tenter de réaliser mes objectifs en 2016, je vais dans un premier temps terminer ma maison, en construction depuis un an – je crois que ça n’aura pas échappé à grand monde – puis reprendre mes traditionnels skis pendant une partie de la saison hivernale.

Je vais aussi essayer d’augmenter mon travail en salle pour le gainage notamment. Mais l’hiver sera bref, puisque dès février, je pense prendre la direction du Chili pour Andes Pacifico, une superbe épreuve permettant de se relancer de la plus belle des manières dans la saison.

Rendez-vous en 2016 !

François