Cette fois, c’est la fin. Ce week-end, les Enduro World Series se terminent, comme c’est devenu une habitude, à Finale Ligure. Avant de plonger dans un hiver bien mérité, le plateau de l’Enduro mondial se livre à une ultime bataille. Décryptage de ce qui nous attend pour cette EWS Finale 2016…
Temps de lecture estimé : 7min30s / Photos : Enduro World Series
Le Spot – Finale Ligure, Savone, Italie
Faut-il encore présenter Finale Ligure ? Pour ceux qui ne situent pas l’endroit, la petite ville italienne se situe sur la côte Ligure. À 1h30 d’autoroute de Nice, en direction de Gênes. Son emblématique Piazza Vittorio Emanuele II, où loge le paddock, fait face à la mer.
L’endroit est surtout connu et reconnu comme un spot reconnu des activités de pleine nature. Il suffit d’interroger les autochtones pour les entendre parler, tour à tour, de triathlon, d’escalade, de spéléologie, d’activités équestres…
Et bien sûr, de VTT ! D’Enduro plus particulièrement. Au fil des ans, l’endroit est devenu incontournable. Il fait partie de ces spots où, même en dehors d’événement, il n’est pas rare de croiser un bon nombre de pilotes.
Il suffit de compter le nombre de magasins, de B&B spécialisés VTT, de navettes et de guides (plus d’une vingtaine sur le secteur), pour s’en convaincre. Surtout, ce beau monde entretien une sacrée densité de trails que l’étape EWS Finale 2016 s’efforce, une fois de plus, de mettre en évidence…
Les conditions du week-end
Finale tire parti de sa situation. Nichée sur le bord de mer, dans le golfe de Gênes, la météo y est particulièrement clémente. Entre 20 et 25°C encore annoncés cette semaine, et jusqu’à ce vendredi, parfois près de 30°C mesurés au Garmin, au soleil, en liaison.
Qui dit Golfe de Gênes dit aussi entrées maritimes. Il n’était déjà pas rare d’avoir quelques surprises ces dernières années. L’EWS Finale 2016 ne devrait pas déroger à la règle. Après une semaine de reconnaissances radieuse, les nuages, et peut-être un peu de bruine, sont annoncés.
Pas certain pour autant qu’ils suffisent à coller la poussière. Le terrain est archi-sec, et la course n’a pas encore commencée que déjà, les reconnaissances ont fait leur oeuvre. Certaines spéciales sont déjà sous une belle couche de poussière qui ne va pas faciliter les choses…
Les parcours
Tout juste les nuages risquent-ils de plonger les sommets dans une ambiance brumeuse particulière, au son des éoliennes qui n’ont que faire de la visibilité pour tourner. Et oui, cette année, les hostilités partent de haut, samedi (950m d’altitude) comme dimanche (1020m d’altitude). Thème du week-end ?Des montagnes à la mer…
Il ne faut pas pour autant se fier au terme. En course, il est bien question d’aller chercher les premiers départs à la pédale, depuis le paddock ! 1000m de D+/20km pour débuter chaque jour…
Heureusement, après cette débauche, l’annonce trouve son illustration. Sapins, marronniers, chênes, pins, genets : à chaque fois, le chemin vers la mer offre son panel d’atmosphères et fait l’éloge de la diversité des lieux. Et pas qu’au niveau des points de vues successifs qui permettent de mesurer le chemin encore à parcourir jusqu’à la mer… Mais bien aussi en spéciale ! C’en devient une habitude : à Finale, il y en a pour tous les goûts…
Deux premières spéciales très engagées dans la pente et les rochers. Tantôt qui s’achève sur un goulet défoncé où il faut tout lâcher. Tantôt par des successions de virages et/ou d’épingles défoncés et pentu qui font crier les cuisses et les bras. Une troisième spéciale qui serpente, relance (y compris à la montée) et pédale entre les arbres, les blocs et les restanques.
Le lendemain, une première spéciale lisse et flowy – des longues courbes et goulets qui vont bien – à négocier après une zone neutre qui évite une portion de pédalage assassine. Une spéciale suivante au départ en crête particulièrement rocailleux et vertigineux, avant un bon pétard, et une succession d’épingles à rendre chèvre.
Une spéciale 3 en deux parties, entrecoupée d’une longue portion en prise au milieu de pâtures, avant de finir en fond de vallon. Et la fin, par la vue et revue « DH Uomini » qui plonge face a la mer.
Une succession de paysages et de trails qui font tour à tour penser au Haut-Languedoc, à la Haute-Provence, au Luberon, et au massif des Maures, en tout juste 50km…
Toutes les spéciales en vidéo, c’est par ici >> http://www.bluegrasseagle.com/en/defend-your-passion/finale-enduro/stage-1-poste
Une des clés du week-end ?
Sur ce terrain changeant, un sujet revient souvent dans les discussions entre pilotes. Quelle monte de pneu ? Ou plutôt, quelles carcasses ? Les liaisons sont longues et roulantes, mais les spéciales sont particulièrement cassantes pour certaines.
À ce petit jeu, chacun a sa petite idée. Certains partent pour assurer le coup, et ne pas tout perdre si près d’un excellent résultat au général. Carcasses DH, 1,3 à 1,4 kg par pneu. D’autres se résolvent à plus raisonnable à la pédale : carcasses intermédiaires, autour des 1,1kg par pneu.
Dans tous les cas, nombre d’entre eux ont une petite idée derrière la tête : 3 bars dans chaque pneu, pour rouler la première liaison routière… Et le petit manomètre électronique dans la poche, pour ajuster ses pressions avant le premier départ.
Les enjeux de cette EWS Finale 2016
Chez les dames, le titre est joué. Cécile Ravanel ne peut plus être rattrapée au classement général. Pour autant, il serait trop facile de résumer la course à une simple balade. Isabeau Courdurier n’a eu de cesse de se rapprocher d’elle au fur et à mesure de la saison. Est-ce l’heure d’une grande première qui récompenserait tous les efforts de la pilote Sunn ?
Chez les hommes, les comptes ne sont pas bouclés. Mathématiquement, Richie Rude n’est pas assuré du titre. Avec 390 points d’avance, il ne doit pas finir au delà de la 37ème place en cas de victoire de Damien Oton. Une course à assurer, comme il l’a déjà fait l’an passé… Mais qui sait ?!
Une chose est sûr, la bataille peut être plus relevée derrière, entre Damien Oton et Jérôme Clementz. Revenu à 120 points du Catalan, l’Alsacien peut avoir les dents longues. 120 points marquent une différence de 8 à 10 places au niveau où ils se situent. Finalement, l’écart qu’une erreur ou un ennui peuvent vite creuser sur ces coupes du monde toujours plus relevées.
Sans conteste, la course la plus serrée du week-end se joue chez les espoirs. Après 7 manches, dont un abandon en Irlande, Adrien Dailly a finalement rattrapé Sébastien Claquin. Égalité de point parfaite. Celui qui bat l’autre l’emporte. On ne peut plus simple !
Reste qu’après la bataille des légendes de l’EWS Portes du Mercantour 2016, une question anime tous les esprits. Qui de Nicolas Vouilloz ou Sam Hill sera à nouveau en mesure de jouer la gagne ? Est-ce que l’un, l’autre ou les deux, seront en mesure, 15 jours plus tard, de surfer sur une bonne dynamique ?!
Sur le retour ?!
À moins qu’une autre légende de la Descente vienne se mêler au jeu ?! Pas sûr, à en croire les déclarations de Greg Minaar, présent ce week-end à Finale. Le bonhomme se refuse au jeu des reconnaissances. Un débat vieux comme l’Enduro… Et qui ne trouvera pas sa solution miraculeuse ce week-end. Don’t act !
Si l’on en parle, c’est plutôt pour terminer sur une touche de recul, et de perspective. Après tout, c’est bien le moment, en cette fin de saison.
Greg Minnaar aborde la compétition avec ses valeurs, et met sa prestation à profit comme il l’entend. En ce sens, il n’est pas le seul. Anne-Caroline Chausson aussi, et d’une remarquable manière. Après l’EWS Whistler 2016 et Vaude Biivouac, celle que l’on ne présente plus continue son retour au niveau qui puisse la satisfaire.
Et pour l’heure, profiter d’une semaine au soleil, avec ses amis, est un essentiel déjà bien appréciable. Cette fois-ci, la multiple Championne du Monde s’est donc glissée dans les bagages et dans les roues de Nicolas Filippi et Bryan Regnier, lui aussi sur le retour.
À la voir rouler, fluide, coulée et forcément rapide, on comprend qu’il s’agit déjà d’un bon moment pour elle. Pour preuve, ce n’est pas une chute sur la fatigue du premier jour de reco, qui l’empêche de continuer.
Reste que, sereine et lucide, elle sait pertinemment ce dont elle est capable actuellement. Surtout, elle ne cède pas à la tentation d’un retour fracassant ou à l’appel inconsidéré de la compétition à outrance. Anne-Caroline prend le départ avec pour objectif de boucler le premier jour de course. Tirer parti de la compétition comme un prétexte pour se motiver sois-même, à sa hauteur et à son rythme. N’est-ce pas, finalement, la raison première pour laquelle chacun de nous peut noblement s’y prêter ?!
C’est en tout cas, la dernière occasion de s’y atteler au niveau mondial, avant que cette EWS Finale 2016 ne referme une fois pour toute la saison internationale…