Texte : Adrien Mantez/Quentin Chevat # Photos : Quentin Chevat
Essai en avant-première
Mercredi veille du Roc d’Azur 2013, nous avons été conviés par Julien Profichet (Focus France) à la présentation en catimini du tout nouveau Sam. Ce tout premier « vrai » modèle Enduro de la marque allemande signe une nouvelle ère chez le constructeur qui se lance doucement mais surement dans le grand bain du VTT polyvalent.
Développé par une nouvelle équipe avec à sa tête Philipp Klein, le Sam a été testé durant toute la saison Enduro World Series par l’ingénieur Fabian Scholz (voir notre news). Ce développement minutieux couplé à un feedback de compétiteur va nous montrer sur le terrain que Focus a visé juste…
Aucune faute de goût
Parlons plus sérieusement de ce Sam et de ses 160 mm de débattement avant/arrière. Au premier abord, le vélo parait très (trop ?) simple et sobre, avec ses tubes hydroformés très droits, sa peinture noire mat (c’est bien une peinture poudre et non pas de l’anodisation) et sa déco minimaliste. Personnellement, on adore ce choix façon « proto/usine » mais ça reste une question de goût.
Côté châssis, Focus a fait dans la simplicité avec une cinématique à biellette basculeur (sans nom marketing qui claque), un cadre alu (aluminium 27R, 2,9 kg sans amortisseur), des roues « logiquement » en 27,5 pouces et une panoplie de tous les standards modernes (douille conique, support de frein postmount, passages de gaines en interne y compris pour la Reverb, plots ISCG05…). Seul le boitier de pédalier externe parait « oldschool » (mais pratique et qui a fait ses preuves). Concernant la géométrie, le Sam étrenne un angle de chasse très agressif (pour un VTT 27,5 pouces) de 65.8°, des bases en 438 mm (dans la moyenne basse face à la concurrence en 650B), un boitier à 347 mm et un angle de « pédalage » de 75°.
Pour cet essai, nous avons affaire à la version haut de gamme 1.0 (5199 euros en France) qui chapeaute deux autres déclinaisons (2.0 et 3.0). Pour ce montage, Focus n’a pas fait dans la demi-mesure avec un montage de composants réputés (transmission 11 vitesses, freins 4 pistons, cintre carbone en 777 mm, suspensions RockShox, roues carbone Reynolds), quasi intégralement issu du catalogue Sram. A noter que pour des questions probables de tarif mais surtout de « color matching », Focus a mixé le groupe X01 (cassette et shifter de couleur noire) aux composants du groupe XX1. Un Monarch Plus entièrement noir (mais pas disponible pour l’instant au catalogue Sram 2014) aurait poussé l’ensemble à son paroxysme.
Le détail du montage 1.0 :
Bref, vous l’aurez compris, tout sur ce Sam semble cohérent et classé parmi les pièces références sur le marché. Au premier abord, on doute quant même quelque peu de l’utilité de la fourche Pike en version Dual Position et surtout du choix de gomme tendre Schwalbe Trailstar pour le pneu arrière. L’essai terrain nous le dira…
Justement il est temps de se mettre en selle, c’est parti !
Direction les sentiers
Comme vous l’avez compris en introduction, nous avons fait nos premiers tours de roues au guidon du Sam à l’occasion de l’Enduroc. Nous avons poursuivi notre test sur les sentiers jurassiens dans des conditions beaucoup moins azuréennes…
Les 5 spéciales du Roc nous ont réservé un panel assez exhaustif de terrains : sec, cassant, sablonneux, rapide, lent… Tout ce qu’il faut pour réaliser un bon test, avec cerise sur le gâteau des liaisons à parcourir à la pédale ! Après les réglages nécessaires de la pression de l’amortisseur RockShox Monarch (25% de SAG) et celle de la fourche Pike (roulée avec la pression indiquée sur le fourreau), nous voilà partis. Au premier tour de roue, le très large cintre de 777 mm choque un peu mais on s’y habitue rapidement et on y prend vite goût. Le vélo en taille M associé à la potence de 60 mm est parfait pour un gabarit de 1,78 m.
En montée, le vélo pédale très bien, l’angle de selle de 75° nous met dans une excellente position, on se croirait presque sur un vélo de Cross-Country. Les 13 kg sans pédales (un poids très compétitif pour un VTT alu) du Sam ne sont à aucun moment un « poids » au rendement. Le vélo est assez rigide et les très bonnes roues Reynolds MTN AM carbone apportent beaucoup de nervosité. Comme quoi un cadre aluminium « sans fioriture », doté d’une excellente paire de roues, à vraiment sa carte à jouer en Enduro. Attention donc à ne pas succomber trop rapidement aux sirènes d’un cadre carbone moins bien équipé. Le choix d’un train de pneu Schwalbe Hans Dampf TrailStar façon « grosse attaque » s’est avéré idéal en toutes circonstances.
Lorsque l’on utilise le mode intermédiaire « pédalage » du Monarch Plus, le rendement est très bon voire trop, on aimerait davantage de sensibilité sur cette position et donc un poil plus de confort et d’adhérence dans les parties de pédalage cassantes. Au fil des sorties, ce mode intermédiaire étant ferme, nous n’avons finalement que très peu utilisé la position verrouillée, seulement utile dans les parties goudronnées et sur les chemins carrossables.
Lorsque la pente s’inverse, le vélo est d’une stabilité redoutable, on enchaîne les longs bouts droits cassants vraiment rapidement, on se sent comme sur un rail. C’est vraiment le gros point fort du Sam. Dans les grandes courbes, l’adhérence est impeccable, le vélo garde bien sa ligne. Dès que les chemins s’ouvrent un peu, le vélo est totalement à son aise, l’angle de 65,8° nous sécurise et on se prend vite au jeu de la vitesse.
Dans l’ensemble, le vélo est maniable même si avec ses roues en 650B, un peu moins d’angle de chasse (66.5°) ne nous aurait pas déplu.
Sur terrain plus cassant, l’amortisseur Monarch Plus en mode ouvert est bien sensible, il absorbe vraiment les moindres aspérités du terrain tout en gardant une très bonne progressivité sur les gros chocs. Le tout, associé à la fourche Pike, permet d’avoir un vélo bien équilibré, un régal.
A l’issue de l’épreuve Enduro du Roc, le plateau 32 dents du pédalier XX1 associé à la cassette 10-42 s’est avéré idéal et hyper fiable puisque aucun saut de chaîne n’est à déplorer. Finalement, la position basse de la Pike Dual Position s’est avérée bien utile pour compenser l’assiette du vélo lors de forts pourcentages. Les freins X0 Trail et la Reverb ont toujours été à la hauteur de leur réputation.
Sam va très bien
Pour faire simple, le Focus Sam1.0 est un excellent enduro. Pour son coup « d’essai », Focus a fait très fort. Avec ce vélo, on monte partout grâce à ses développements super adaptés mais surtout vous allez vous sentir pousser des ailes en descente. Le vélo est d’une stabilité déconcertante, très rassurant quel que soit votre niveau.
L’équipement est parfait et on le répète, à prix égal, un « alu » au top vaut mieux qu’un carbone mal équipé !