Prise en main du Yeti 160 E T1

Du rêve à la réalité

On peut dire que l’engin s’est fait attendre, même si, sur le papier, technologiquement, on comprend un peu pourquoi. Qu’il n’est pas donné, non plus. Mais ça, ce n’est pas vraiment une surprise. Et puis quand on aime, on ne compte pas, paraît-il… Car c’est vrai qu’aujourd’hui, Yeti reste l’une des rares marques mythiques qui fassent encore rêver. Et avec son look de tueur qui donne immédiatement une envie compulsive de le chevaucher, le premier VTTAE de la firme du Colorado ne déroge pas à la règle. Comment se comporte-t-il sur le terrain ? Quels sont ses qualités et ses défauts ? Après une sérieuse prise en main, voici quelques éléments de réponses.

Par Chris Caprin

Yeti 160 E T1

  • Usage All Mountain / Enduro / compétition
  • Roues de 29 pouces à l’avant et à l’arrière
  • Débattement 170 mm AV/160 mm AR
  • Cadre en carbone TURQ, suspension Sixfinity modulable
  • Reach 460 mm et Stack 620 mm en taille M, offset (déport de fourche) 44 mm
  • Motorisation Shimano EP8 250 watts, 85 Nm
  • Batterie de 630 Wh
  • Console et commande : Shimano EP8 et EM800
  • Modes d’assistance : 3 (Eco, Trail, Boost) + assistance à la marche
  • Système pour réglages moteur personnalisés et connectivités : oui, avec l’application Shimano E-Tube téléchargeable sur smartphone
  • Pneus Maxxis Assegai EXO+ 29×2.50 (AV) et Minion DHR II Double Down (AR)
  • tailles (S, M, L, XL)
  • Deux modèles : C1 et T1 à 9 999 et 12 999 €
  • Prix du modèle testé : 12 999 €
  • Poids vérifié : 23,10 kg (sans pédales, en taille M)
  • Disponibilité : fin 2021
  • Lien : www.yeticycles.com

Chez Yeti, on n’est pas du genre à faire les choses à moitié ou sans réfléchir… Depuis des décennies, la marque américaine a la réputation de fabriquer des VTT très performants, capables d’affronter la compétition de haut niveau en fournissant à ses coureurs et à ses clients le meilleur matériel possible. Ainsi, lorsqu’il s’est agi de construire un premier modèle de VTTAE, les ingénieurs ont pris le temps de concevoir un engin à assistance électrique en parfaite harmonie avec l’ADN de Yeti.

C’est dans cet état d’esprit qu’ils se sont mis à travailler sur un nouveau concept : le Sixfinity. Un système de suspension à six points de pivot (Six Bars Linkage) qui incorpore une petite biellette supplémentaire (Switch Link), dont le rôle est d’effectuer une rotation vers le haut sur le début de course de l’amortisseur, avant de s’arrêter et rebasculer vers le bas sur la fin du débattement. Cette technique anti-squat – qui évite à l’amortisseur d’être perturbé par la tension de la chaîne lors de son fonctionnement –, se libère ensuite rapidement quand la biellette redescend. La suspension fonctionne ainsi plus librement dans le secteur de débattement où le pédalage n’est plus une priorité ou lorsque il est carrément inactif.

Cet effet de balancier permet également d’optimiser à 100 % l’anti-squat et d’obtenir ainsi une plus grande efficacité au pédalage, doublée d’une meilleure motricité lorsque l’on reste assis sur la selle… Et ce, quel que soit le braquet utilisé. Car en montée, il est clair que la plage de pignons utilisée sur un modèle à assistance électrique est bien plus importante que sur un VTT classique.

Suspension modulable

D’ailleurs, Yeti précise que l’efficacité de l’anti-squat varie très peu (9 % maximum) quel que soit le positionnement de la chaîne sur la cassette.

Dans la deuxième phase de l’opération (quand la biellette redescend), on obtient un phénomène d’anti-rise – le pendant de l’anti-squat, qui permet de stabiliser le vélo en évitant au maximum la détente de l’amortisseur et le transfert de masse vers l’avant lors des freinages.

Enfin, grâce à trois positions différentes du point d’ancrage au niveau du pied de l’amortisseur, il est possible de faire varier la progressivité de la suspension (souple et confortable – 35 % ; polyvalente – 30 % ; plus efficace dans le maintien – 25 %), sans pour autant modifier la géométrie, ni le bon fonctionnement de l’anti-squat et de l’anti-rise. Yeti précise également que la position à 35 % est idéale pour le montage d’un amortisseur à ressort.

Finition exemplaire

Bien sûr, avec Yeti, on est sur du très haut de gamme, avec un cadre tout carbone TURQ Series à la géométrie parfaite, aussi bien pour la compétition que pour une utilisation plus polyvalente. Et comme l’inclinaison ajustable de l’amortisseur permet d’obtenir un VTTAE au comportement différent selon les trois points d’ancrage, il semble évident que le pilote pourra sans problème se faire un vélo en fonction de sa pratique et du terrain où il roule… Le VTT modulable, c’est de plus en plus dans l’air du temps, mais on ne va pas s’en plaindre car cela permet à tout le monde d’y trouver son compte.

Pour la base de la géométrie, on a un angle de fourche de 64,5° et un angle de selle très droit (c’est la norme actuelle) de 78°… On constate aussi que Yeti a fait des prouesses en parvenant à loger une motorisation, un système de suspension novateur et une roue arrière de 29 pouces en conservant des bases très courtes pour un VTTAE (446 mm). Bravo !

Autrement, la hauteur de boîtier est de 350 mm, alors que l’empattement de 1 240 mm en taille M reste cohérent pour une utilisation polyvalente, mais quand même typée “Gravity”.

Composants

Vu le tarif, on est forcément sur du haut de gamme, même si pour 12 999 euros, on aurait pu s’attendre à mieux, avec, par exemple, des freins ou une transmission XTR, voire du Sram AXS. Au lieu de ça, on a des Code RSC et du Shimano XT… Heureusement, la tige de selle, elle, est bien une RockShox Reverb Stealth AXS. Et du côté du poste de pilotage, avec une potence Race Face Aeffect en 50 mm et un cintre Yeti carbone de 35 mm de diamètre, c’est pas mal non plus. On respire un peu !

Pour le train roulant, Yeti fait confiance à DT Swiss avec des roues EX 1700 Spline en alu, chaussées de pneus Maxxis Assegai EXO+ (AV) et Minion DHR II Double Down (AR). Un ensemble cohérent pour un programme enduro.

Enfin, côté suspensions, comme d’habitude, Yeti joue la carte Fox, avec une fourche 38 Grip2 E-Bike et un amortisseur Float X2 Evol préparé spécialement pour le système de suspension Sixfinity du 160 E. Précisons, que sur le modèle T1, c’est un ensemble Factory Kashima, alors que sur le C1, on trouve du Performance.

Pour un pilote de 70 kilos et après avoir bien cherché pour obtenir ce que je souhaitais, voici les réglages que je préconise pour ce vélo… A noter qu’avec le Sixfinity, sur un cadre full carbone très rigide, pour avoir une bonne motricité et ne pas trop se faire secouer en montée, j’ai remarqué qu’il était important de laisser l’amortisseur travailler le plus librement possible. D’où le choix d’un Sag à 30 % minimum. Et le conseil de ne pas figer l’amorto avec la petite manette bleue – hormis éventuellement sur une portion de route ou un chemin large et hyper lisse…

Fourche 38 Factory Kashima Grip2 : 

• 80 psi en pression d’air et une cale dans le plongeur gauche pour un Sag autour de 25 %.

• Compression basses vitesses : – 12 du plus fermé (sur 16 clics)

• Compression hautes vitesses : – 7 du plus fermé (sur 8 clics)

• Rebond basses vitesses : – 12 du plus fermé (sur 16 clics)

• Rebond hautes vitesses : – 7 du plus fermé (sur 8 clics)

Amortisseur Float X2 Factory :

• 150 psi de pression d’air pour un Sag de 30 % minimum.

• Compression basses vitesses : – 10 du plus fermé (sur 16 clics)

• Compression hautes vitesses : – 7 du plus fermé (sur 8 clics)

• Rebond basses vitesses : – 10 du plus fermé (sur 16 clics)

• Rebond hautes vitesses : – 7 du plus fermé (sur 8 clics)

Moteur et batterie

Le nouveau moteur Shimano EP8 possède un rapport poids/puissance qui le situe parmi les meilleurs du marché et contribue à le rendre un peu moins énergivore. En effet, la réduction des frictions donne davantage d’autonomie à la batterie quand l’assistance est enclenchée, et un pédalage plus fluide, sans résistance, quand le moteur est coupé ou se débraye au-dessus des 25 km/h. 

La nouvelle motorisation EP8 est également plus silencieuse, alors qu’un assemblage d’engrenages plus précis et un faisceau de câbles mieux agencé participent plus efficacement au refroidissement du moteur en cas de fortes chaleurs ou quand l’assistance est sollicitée au maximum.

Quant à la batterie intégrée Shimano de 630 Wh, c’est la même que sur le Santa Cruz Bullit CC ou le Commençal Meta Power AM et on avait noté que l’ensemble offrait globalement une excellente autonomie. Alors, même s’il est peut-être un petit peu plus collé au pédalage, celle du Yeti devrait être sensiblement identique.

Connectivité

Parallèlement à l’application E-Tube Project (voir plus bas dans le chapitre “Comportement moteur”), une nouvelle mise à jour de l’E-Tube Ride permet aux vététistes de garder un œil sur leurs informations via l’écran de leur smartphone. Celui-ci affiche diverses options, comme le nombre de kilomètres parcourus sur les différents modes Eco, Trail ou Boost, ainsi que de nouvelles fonctionnalités, comme l’historique des sorties ou des cartes interactives. Tout cela dans des interfaces plus ergonomiques et plus agréables à utiliser.

Les deux applications sont téléchargeables sur iPhone et Android et sont entièrement compatibles avec le système Shimano EP8.

Sur le terrain

Comportement moteur

Avec son nouveau moteur EP8, Shimano a repensé le fonctionnement et la personnalisation de ses trois modes d’assistance. Ainsi, le plus puissant, à savoir le Boost, peut désormais délivrer un couple maximal de 85 Nm sans que le pilote n’ait vraiment besoin de forcer outre mesure. Le mode Trail, lui, peut aussi atteindre les 85 Nm, mais il est bien plus réactif en fonction de la force exercée sur les pédales.

Il est ainsi possible d’économiser l’autonomie de la batterie avec un couple faible, ou au contraire de disposer d’une puissance maximale et d’un couple de 85 Nm dès lors que le pilote délivre 60 Nm. Soit nettement plus tôt que sur la précédente version. Et c’est cet algorithme de ratio d’assistance intelligent qui rend le mode Trail bien plus polyvalent. Qui fait aussi que l’on peut se passer de changer de mode d’assistance sur une grande majorité de parcours.

Dans un style un peu différent, on se rapproche du mode e-MTB de Bosch, avec cependant une assistance un peu plus présente quand le dénivelé positif n’est pas très important. Ce qui, dans les passages techniques et les franchissements, s’avère bien utile. Il suffit juste de se pencher sur les réglages, de bien paramétrer son assistance (comme expliqué plus loin) et… ça marche plutôt bien ! Quant au mode Eco, sa plage d’utilisation est un peu plus large et il peut servir en phase d’échauffement, lors d’un entraînement pour les pilotes les plus sportifs, ou simplement à l’occasion d’une sortie qui mêle VTTAE et VTT sans assistance.

Avec ses 23 kilos, son côté descendeur affirmé, ses suspensions d’enduro et ses pneus costauds, le Yeti 160 E T1 ne s’en sort finalement pas trop mal sur ce mode. Il faut juste monter un poil plus les curseurs de paramétrage pour pouvoir l’utiliser régulièrement sur les sentiers techniques, mais peu pentus. En allant moins vite, forcément…

Comment ça se règle ?

Via l’application E-Tube Project (version 4.0), tous les modes et les paramètres sont entièrement personnalisables, aussi bien chez vous que pendant votre balade à l’aide de votre smartphone. Cela permet à l’utilisateur d’adapter le système à son niveau, comme aux terrains sur lesquels il évolue. Ainsi, les modes Eco, Trail et Boost peuvent être personnalisés chacun sur 10 niveaux différents, alors que le couple moteur peut être réglé au choix entre 20 et 85 Nm.

Il existe également 5 paramétrages possibles du mode de démarrage de l’assistance qui peuvent tous être enregistrés sous différents profils d’utilisateurs et pour différents types de sorties, comme par exemple une simple balade ou, au contraire, une séance engagée sur terrain très accidenté. Toutes ces informations peuvent être sauvegardées comme préférences personnelles du pilote, avec un profil “Eco” qui permet d’économiser davantage la batterie et un autre “Sport” plus adapté aux terrains techniques et aux montées raides. L’utilisateur peut ainsi basculer facilement d’un profil à l’autre via l’écran de contrôle. Ci-dessous, voilà les différents réglages de paramètres que je préconise sur le Yeti pour une utilisation sportive ou plus économique.

Profil 1 (Sport) :

Puissance : Eco Niveau 6, Trail Niveau 7, Boost Niveau 10

Couple : Eco 49 Nm, Trail 70 Nm, Boost 85 Nm

Force au démarrage : Eco 4 sur 5, Trail et Boost 5 sur 5

Profil 2 (Eco) : 

Puissance : Eco Niveau 3, Trail Niveau 4, Boost Niveau 6

Couple : Eco 27 Nm, Trail 42 Nm, Boost 63 Nm

Force au démarrage : Eco 3 sur 5, Trail 3 sur 5, Boost 4 sur 5

Autonomie

Ni super léger, ni particulièrement lourd, avec sa batterie de 630 Wh, le Yeti 160 E T1 s’en sort plutôt pas mal au niveau de l’autonomie. En moyenne, cela donne 1 410 m de dénivelé positif et 60 km maxi pour un pilote de 70 kilos sur des sentiers techniques en collines et petites montagnes dans la région PACA. Des chiffres finalement assez corrects qui – comme prévu – se rapprochent de ceux que l’on avait mesurés lors de l’essai du Santa Cruz Bullit CC et du Commençal Meta Power AM…

En revanche, dès que l’on s’attaque à du plus technique et du plus raide en montée, le Yeti étant un poil plus collé au pédalage, on descend à 1 250 m de D+ et seulement une bonne cinquantaine de kilomètres.

Montée et franchissement

Pour commencer, j’ai mis un peu de temps à comprendre comment fonctionnait la suspension, ce qu’il fallait faire et ne pas faire pour en tirer le meilleur… Tout de moins à mon goût et en fonction de ma pratique.

En effet, au départ, j’ai constaté que la rigidité du cadre en carbone n’appréciait pas particulièrement le terrain cassant, fuyant et caillouteux du Sud-Est de la France. Qu’il allait falloir se pencher sur le réglage des suspension et sur la pression des pneus. Heureusement, avec un Minion DHR II Double Down à l’arrière, d’origine, on est bien. Après, à force de me poser des questions sur le manque de confort en montée, ainsi que sur les nombreux coups de raquette et dérobades de la roue arrière, j’ai enfin réussi à trouver des solutions !

En clair, il faut laisser le Sixfinity fonctionner sans vouloir le freiner par l’intermédiaire de certains réglages de l’amortisseur, comme la manette qui permet de le figer ou un Sag trop réduit, par exemple. En montée, le rôle de la petite biellette supplémentaire n’est jamais aussi efficace que lorsque le Float X2 travaille en souplesse sur la première partie du débattement.

J’ai donc dû revoir certains de mes principes, changer mes habitudes par rapport à d’autres vélos et modifier sensiblement les réglages (voir plus haut) pour finalement m’approcher d’un comportement satisfaisant dans le dénivelé positif et, surtout, en franchissement. Attention, ça ne se joue pas à grand-chose – seulement quelques clics sur les basses vitesses (rebond et compression) et 10 à 15 psi de moins en pression d’air –, mais sur le terrain, le changement est flagrant.

La motricité est meilleure, le confort supérieur et même si cela peut paraître surprenant, le vélo gagne un poil en vivacité lorsqu’il s’agit de soulever l’avant pour passer un obstacle. Un peu plus dynamique, quoi… Tout cela avec un amortisseur placé en position 30 %, la plus polyvalente, c’est-à-dire au milieu. Yeti ayant oublié de fournir à Tribe Sport Group les coupelles de réglages pour mettre le pied de l’amorto plus en avant ou plus en arrière, je n’ai malheureusement pas pu rouler le vélo autrement… Pas grave, ça sera pour une prochaine fois !

En attendant, à force de chercher, je suis passé d’un vélo, qui, au départ, m’a un peu déçu par ses réactions en montée, à un VTTAE plus agréable à piloter et, surtout, plus efficace. En gros, on a bien plus envie de se lever et de franchir les obstacles sur la roue arrière que de rester assis sur la selle comme une grosse vache… L’avant est toujours un poil lourd, certes, mais le bike devient tout de même un peu plus joueur, plus facile à placer, tout en étant un peu moins exigeant physiquement pour son pilote. Et ça, ça me convient parfaitement !

Aptitudes en descente

Si j’ai un peu tâtonné pour optimiser les réglages de l’amortisseur afin qu’il s’accorde le mieux possible avec l’effet anti-squat du Sixfinity au pédalage et en montée, en revanche, dès que ça descend, j’ai vite saisi comment le Yeti 160 E fonctionnait. A l’attaque des petits sentiers raides et techniques, sa précision dans le respect de la trajectoire facilite la vie du pilote, alors que dans les passages plus rapides, engagés et très cassants, les avantages de l’anti-rise se font bien sentir… Quel que soit le pourcentage de la pente, l’équilibre du vélo reste excellent et la sensation de sécurité est bel et bien présente.

Il faut dire que la géométrie est particulièrement réussie et qu’avec le poids embarqué supplémentaire qui se charge de stabiliser encore plus l’engin, on sent immédiatement que l’on est en présence d’une vraie bête de descente. Bien sûr, même s’il donne confiance et incite à lâcher de plus en plus les freins au fur et à mesure que l’on trouve ses marques, il faut quand même un bon physique pour en tirer le meilleur

Mais, paradoxalement, dès le départ, ce premier Yeti à assistance électrique m’a paru bien plus confortable, efficace et facile à prendre en main en descente qu’en montée. Taillé pour faire très fort sur les spéciales d’une épreuve des Enduro World Series version électrique. Moins à l’aise sur les “Power Stage” qui allient franchissement et pédalage, si vous voyez ce que je veux dire.

En tout cas, sur le terrain, on est largement au niveau du Norco Sight VLT C1, mais en plus vif et plus maniable. Ce qui, pour moi, fait du Yeti un des meilleurs VTTAE du marché en descente… Surtout quand ça va vite et que c’est assez défoncé. Là, il pourrait faire jeu égal avec le Lapierre GLP2, qui, en revanche, reste intouchable sur les sentiers trialisants, moins rapides et plus techniques. Mais bien qu’il soit plutôt exigeant physiquement (la rigidité du tout-carbone) et que la suspension arrière aime qu’on lui “rentre dedans” (c’est ainsi que le Sixfinity fonctionne le mieux), le Yeti reste malgré tout très sécurisant et facile à prendre en main. Un poil élitiste, mais finalement assez polyvalent et agréable pour une grande frange de pratiquants.

Enfin, seul petit bémol dans la pente négative, mais pas des moindres : la qualité moyenne des freins Sram Code RSC… Même s’il est meilleur que sur les G2, le toucher assez ferme n’est pas agréable, il faut tirer fort sur les leviers pour avoir de la puissance et sur les longues descentes (plus de 5 mn), si l’efficacité reste globalement au même niveau, ce sont parfois mes deux index qui ont fini par faiblir !

Points forts / points faibles

Points forts

+ Finitions

+ Suspension modulable

+ Aptitudes en descente

+ Tenue de piste

+ Stabilité

+ Taillé pour l’attaque

+ Look ravageur

Points faibles

– Prix

– Un peu lourd de l’avant

– Freinage moyen

Qu’en penser ?

Pour un premier essai dans le domaine du VTT à assistance électrique, on peut dire que Yeti n’a pas manqué son coup. Que les lignes et la finition du bike sont à la hauteur de nos espérances. Que ses aptitudes exceptionnelles en descente le placent dans le tiercé de tête de ce que j’ai essayé de mieux à l’heure actuelle dans la catégorie des VTTAE d’enduro.

Et finalement, il n’y a guère qu’en franchissement et dans les évolutions un peu plus techniques et aériennes qu’une certaine lourdeur de l’avant et un petit manque de dynamisme viennent de temps en temps noircir légèrement le tableau. Mais bon, plus j’ai roulé le vélo (7 sorties en 7 jours et 300 bornes quand même…), plus j’ai été pointilleux dans les réglages de l’amortisseur, plus j’ai compris le fonctionnement de sa suspension et plus je me suis habitué à son tempérament. Un caractère un peu élitiste qui exige d’avoir une bonne dose d’énergie pour se faire plaisir.

En attendant de pouvoir approfondir davantage lors d’un vrai essai comme j’ai l’habitude de faire, je me contenterai de vous dire que, pour l’instant, le Yeti 160 E m’a séduit, mais pas complètement convaincu. Qu’à mon avis, il ne marquera pas de son empreinte le monde du VTTAE comme ont su le faire dans le passé les Specialized Turbo Levo, Rocky Mountain Altitude Powerplay ou autre Lapierre Overvolt GLP2…

Alors vous, fans hardcore de la marque, qui avez les moyens de mettre plus de 10 000 euros dans un VTTAE et possédez suffisamment d’énergie pour bousculer un engin relativement élitiste, rassurez-vous, avec ce Yeti 160 E T1, vous pouvez y aller franco, aucun risque d’être déçu… Il est taillé pour l’attaque, pour aller taquiner le chrono en descente et dans les montées, il s’en sort plutôt pas mal.

Les autres, dont je fais partie, se contenteront d’admirer l’objet… Car musculaire ou électrique, c’est vrai que ça a quand même une sacrée gueule, un Yeti !

Vis-à-vis de la concurrence ?

Pour moi, dans la même catégorie et à ce prix-là, il n’y en a que deux sur lesquels j’ai eu l’occasion de rouler… Il s’agit du Santa Cruz Bullit et du Specialized Turbo Levo S-Works. Des machines de guerre, des vélos qui font rêver, des marques dont la réputation n’est plus à faire. Des termes qui collent également à la peau de Yeti et qui justifient – en partie – le tarif incroyablement élevé de ce type de machines. C’est le prix de la passion, du beau matos et c’est aussi la certitude de posséder un engin d’exception que l’on ne croise pas tous les quatre matins sur les chemins !

La gamme

Elle est réduite à deux modèles, équipés du même cadre en carbone, du même moteur et de la même batterie. Partant de là, même si les vélos ne sont pas donnés, difficile d’être déçu… La base est bonne et seul les accessoires diffèrent.

Sur le C1, pour 9 999 euros, ça reste correct, mais sans casser trois pattes à un canard non plus ! Les suspensions sont du Fox Performance et les roues des DT Swiss alu E 1900 – pas mal –, alors que du côté de la transmission ou de la tige de selle télescopique, on a du Shimano SLX et du OneUp Dropper – moins bien…

Et pour le T1 à 12 799 euros de notre prise en main, on trouve des composants au top, mais pas non plus archi-haut de gamme, avec des roues DT Swiss EX 1700 Spline, une transmission Shimano XT, des freins Sram Code RSC, une tige de selle RockShox AXS et des suspensions Fox Factory Kashima.

  1. Chris,encore un test fait dans les règles de l’art !
    Merci 🤘🏻😎🤘🏻
    Seul bémol….elle est où la vidéo ??
    C’est toujours un énorme plus et la,sur une machine aussi exclusive,ça manque un peu.

    Mais encore merci pour le temps passé à décortiquer et tester tout ces vélos,ça doit être hyper chronophage et même si le plaisir de rouler est la,il faut saluer ta méthode et rigueur de test.
    J’attends avec impatience le test des rocky !!!
    Bon ride !

    1. Mais ça va venir ! J’ai prévu de me replonger un peu plus en détail sur le Yeti en début d’année prochaine et là, il y aura une vidéo… En seulement 7 jours de disponibilité du vélo, c’était trop juste pour en faire une ce coup-ci ! Et moi aussi, j’attends les Rocky avec impatience. A +

  2. Ah oui effectivement avec juste une petite semaine sous les pieds c’est certain que c’est pas jouable une vidéo ( de qualité comme tu sais les faire ).

    Vivement les prochains tests alors !
    Merci et à bientôt !

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